Dr Klindio Lydie COULIBALY est enseignante-chercheure en philosophe éthicienne (Éthique des technologies et éthique médicale) et membre de la Chaire UNESCO de Bioéthique à l’Université Alassane-Ouattara de Bouaké en Côte d’Ivoire. Elle est porteuse d’une initiative qui fait partie des 92 projets sélectionnés pour bénéficier du fonds d’un million d’euros mobilisé par l’AUF pour soutenir les initiatives de ses établissements membres sur les cinq continents en faveur de la lutte contre la pandémie Covid-19. Son projet intitulé : « Lutte socio-éthique contre les stigmatisations des malades du coronavirus en Côte d’Ivoire » vise d’une part à élaborer des outils pour combattre la stigmatisation et d’autre part à sensibiliser le public à ce problème. Nous l’avons rencontrée.
- Quelle est la solution que propose votre projet ?
Notre projet part d’une triste réalité en Côte d’Ivoire : la souffrance des personnes victimes d’une stigmatisation en lien avec la Covid 19. Il s’agit des personnes malades ou guéries, qui sont obligées de se cacher pour ne pas être, si elles ne sont pas déjà, l’objet de railleries, de médisance, de méfiance, d’abandon, d’isolement car délaissées par leurs amis, et bien d’autres formes de stigmatisation. Face à ces misères sociales qui pèsent sur la vie des malades ou convalescents de la Covid 19, notre a pour objectif la « libération » de ces victimes. Il s’agit concrètement de saisir, à travers une enquête de terrain, les impacts de la stigmatisation sur les malades du coronavirus en Côte d’Ivoire, d’élaborer un guide de références comme outil de décision et de lutte contre cette forme de stigmatisation, et de sensibiliser la population abidjanaise aux méfaits de la stigmatisation ainsi qu’à l’importance du soutien moral que nous tous devons apporter aux malades de la COVID-19.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à soumettre votre dossier à l’appel à projets international AUF Covid-19 ?
J’ai des amis et parents qui ont souffert et qui souffrent encore de la stigmatisation. Souvent, ce sont des personnes avec d’autres problèmes de santé comme des toux chroniques, des personnes revenues de voyage ou des personnes guéries du coronavirus, mais qui sont abandonnées par l’entourage. En tant qu’éthicienne, cette situation m’a choquée, et j’ai commencé à y réfléchir. C’est à ce moment que plusieurs institutions ont lancé des appels à projets relatifs à la crise sanitaire que nous vivons.
Parmi ces institutions, nous (les autres chercheurs et moi) avons choisi de répondre à l’appel à projets de l’AUF parce que nous connaissons l’AUF et nous connaissons son engagement quotidien auprès des universités francophones. Nous avons été encouragés dans ce choix par les témoignages positifs de nos aînés qui ont bénéficié antérieurement du soutien de l’AUF. Nous y avons vu une possibilité de contribuer de façon pratique à la lutte contre la propagation du coronavirus et surtout d’aider nos populations à protéger la dimension humaine et éthique de la vie en dépit des effets négatifs induits par la crise sanitaire.
- Quelle est la plus-value de la subvention de l’AUF à la mise en œuvre de votre projet ?
La subvention de l’AUF permettra d’augmenter le degré de qualité et d’efficacité de ce projet. En trois mois, nous serons en mesure de terminer les enquêtes, de produire le guide de référence, de sensibiliser la population et de rendre public nos résultats. Cela aidera à éliminer rapidement les préjugés et à favoriser une vie normale et épanouie pour les malades et anciens malades du coronavirus. En finançant ce projet, l’AUF permet ainsi aux victimes de stigmatisation d’être libérées, de vivre normalement, de se soigner correctement et de guérir rapidement, avec le soutien de la communauté.
- Notre mot de fin.
Je voudrais adresser, au nom de l’équipe et en mon nom personnel, nos remerciements à l’AUF qui nous a fait honneur de sélectionner notre projet. C’est une marque de confiance que nous devons honorer. Ce projet sera mené avec efficacité et expertise grâce à des chercheurs de divers horizons pour le bonheur de la population d’Abidjan et de toute la Côte d’Ivoire. À ce titre, je voudrais déjà traduire mon infinie gratitude au Professeur Lazare POAMÉ, mon directeur de recherche, dont je salue profondément l’appui scientifique et institutionnel, au Dr Zaouli Sylvain ZAMBLÉBI, pour son soutien scientifique remarquable, ainsi qu’à tous les autres collègues et aux étudiants de mon équipe. Merci à vous également qui me donnez l’occasion de m’exprimer sur ce projet.