Nous avons rencontré Tsoavina Randriamanalina, 2ème Prix du concours international "Prix de l'innovation pédagogique en sciences de gestion". À travers ce témoignage, il nous fait redécouvrir le métier d'enseignant, un métier qu'il exerce avec passion.
« Le métier d’enseignant me rend plus épanoui et me permet de donner le meilleur de moi-même » Cela traduit la passion qui anime Tsoavina Randriamanalina dans le métier d’enseignant. Enseigner n’a pas été son premier choix de carrière ; il a eu plusieurs vies avant de se convertir à l’enseignement, une vocation héritée de sa mère.
Économiste de formation, il a obtenu son DEA population et développement en 2006, il a ensuite obtenu un Master en management des organisations, option entrepreneuriat, création et reprise d’entreprise de l’Université Montesquieu de Bordeaux (France) en suivant une formation en entrepreneuriat à l’Institut de la Francophonie pour l’Entrepreneuriat de l’AUF à Maurice.
Dans sa conversion au métier d’enseignant, il a suivi une formation ouverte et à distance sur l’ingénierie pédagogique à l’ENFA Toulouse puis a poursuivi son doctorat au sein de l’École doctorale de l’UCM en partenariat avec l’AUF et finalisera sa thèse en 2021.
Aimant les défis, il participe et gagne régulièrement des prix, il vient de remporter le 2ème prix pour le Prix de l’innovation pédagogique en sciences de gestion – AUF-CIDEGEF
- Dans le métier d’enseignant, selon vous pourquoi innover est indispensable ?
Les connaissances sont en perpétuelle évolution surtout à l’heure actuelle de la large diffusion des informations. Ces connaissances sont ainsi largement accessibles à tous mais ce n’est pas tout le monde qui peut distinguer les bonnes connaissances des mauvaises. C’est dans ce rôle-là que l’on reconnaît le bon enseignant. C’est celui qui va servir de guide, de coach ou stimulateur à l’apprenant. L’enseignant n’est plus le maître détenteur de toutes les connaissances puisque dans certains aspects, l’apprenant peut en disposer plus que lui. Ainsi, l’enseignement n’est plus dans sa forme classique où l’enseignant donne les connaissances aux étudiants, il devient un moment de partage, d’accompagnement et de stimulation de la curiosité intellectuelle. Et c’est là qu’innover devient indispensable dans le métier d’enseignant, il doit trouver de nouvelles manières d’interagir avec les apprenants en mobilisant différents outils pédagogiques dont, entre autres, les TICE.
- Comme beaucoup de jeunes, vous avez exploré plusieurs horizons avant de trouver votre voie, quels conseils donnerez-vous aux jeunes ?
Effectivement, avant de choisir la voie de l’enseignement, j’ai essayé plusieurs métiers. En tant qu’entrepreneur, par exemple, ce qui m’a le plus plu c’est le début pendant la création mais aussi les phases où l’on devait innover mais après, avec les périodes de gestion quotidienne, je commençais à m’ennuyer … Le métier de consultant surtout dans le monde rural a été intéressant parce qu’il a permis de voir des réalités que nous ignorons complètement, nous en ville, et surtout, cela m’a permis de voir nos principaux handicaps pour toute politique de développement. Etre journaliste, même pendant une période très courte, ne m’a pas du tout intéressé bien que je dispose d’une certaine facilité à rédiger, parce que j’ai trouvé que le métier était très exposé aux pratiques de corruption. Et enfin, dans la fonction publique, bien que j’occupais un poste très important d’administrateur, je m’ennuyais beaucoup et sentais que je n’étais du tout à ma place.
Ce que je voudrais dire aux jeunes c’est de ne pas juste suivre la tendance en matière de choix professionnel. L’idéal serait de vivre de sa passion car comme le dit Conficius « choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Mais la plupart du temps, vous n’allez pas tout de suite trouver cette voie juste après avoir été diplômé. Il faut savoir saisir les opportunités qui se présentent et ce travail auquel vous allez vouer une passion va venir naturellement. Le plus important c’est que dans tout travail, il faut toujours mettre de la qualité.
- Des conseils à donner aux jeunes qui souhaitent enseigner ?
« Enseigner c’est apprendre deux fois ». J’aime bien cette citation de Joubert. Je l’ai souvent utilisé dans mes lettres de motivation pour des places d’enseignant. Je voudrais surtout insister sur le fait qu’être enseignant n’est pas un métier par défaut. Si vous êtes avides de nouvelles connaissances, si vous avez une curiosité intellectuelle débordante, si vous aimez bien partager vos connaissances, …le métier d’enseignant est fait pour vous. En termes de rémunération, effectivement, ce n’est pas le métier qui paie le plus, mais si vous faites bien votre travail, il n’y a pas de raisons pour qu’il n’arrive pas à vous faire vivre convenablement. De toute façon, être enseignant se marie facilement avec d’autres métiers et vous aurez même une certaine flexibilité qui va vous permettre de vous convertir sans grande difficulté à un autre métier si les opportunités se présentent.
- Au vu de votre parcours, vous avez choisi de vous épanouir et vous avez réussi dans la Francophonie, qu’est-ce que cela représente pour vous?
Effectivement, je ne serais pas là où j’en suis actuellement sans la francophonie, et ce depuis tout petit remontant dans mes années collèges. La Francophonie scientifique est une réalité. Elle n’est peut-être pas aussi visible que la science version anglo-saxonne. Mais si je ne parle que de ce que je connais, par exemple, ces 10 dernières années, il y a eu au moins 2 prix Nobel d’économie issus du monde francophone. Les articles scientifiques francophones commencent à gagner de la place avec la présence effective de plateformes comme Cairn, et surtout l’AUF contribue beaucoup à ce rayonnement de la francophonie scientifique en organisant régulièrement, et partout dans le monde, des manifestations scientifiques de haut niveau et en permettant à travers les plateformes comme BNEUF une meilleure accessibilité des connaissances scientifiques.
- Avez-vous des projets professionnels à nous partager ?
Les projets, j’en ai beaucoup, mais vraiment beaucoup. Je voudrais juste partager les 3 qui me semblent les plus importants. Je lance d’ores et déjà un avis à ceux qui veulent y contribuer, je reste ouvert à toute opportunité de collaboration. A court terme, c’est de terminer mes études doctorales et pouvoir apporter ainsi plus d’innovation dans mes activités pédagogiques notamment effectuer encore plus de recherche sur l’enseignement de l’économie entrepreneuriale. A moyen terme, toujours en lien avec ces activités pédagogiques et de recherche, c’est de m’ouvrir à l’international. Enseigner, effectuer des recherches et tenir un poste de responsable pédagogique dans un pays étranger c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. Enfin, à long terme, j’ai pour objectif d’ouvrir mon propre institut d’enseignement supérieur. Cet institut, logiquement misera beaucoup sur le lien entre entrepreneuriat et développement et aura comme principales valeurs qualité et innovation car je le rappelle, il ne peut pas y avoir de l’innovation sans un travail de qualité.