Organisé par l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) et par le GIS Moyen-Orient et mondes musulmans du CNRS français, le Prix de thèse Moyen-Orient et mondes musulmans regroupe plusieurs prix décernés à de jeunes docteurs ayant soutenu leur thèse en lettres et sciences humaines et sociales.
Dans ce cadre, un Prix de la thèse francophone, soutenu par la Direction régionale de l’AUF au Moyen-Orient, est décerné à un citoyen d’un des quinze pays couverts par la direction régionale ayant soutenu sa thèse en français, soit dans son pays, soit en France même, sur tout sujet en lien avec l’étude des mondes musulmans.
Cette année, la cérémonie de remise des prix a eu lieu le 27 juin, au Collège de France. La lauréate du prix AUF est la yéménite Samah Mohamed dont la thèse d’histoire du monde arabe et musulman, intitulée « État, pouvoir et territoire : le développement de l’État qasimite au Yémen (1006/1597- 1127/1715) », a été soutenue sous la direction de Michel Tuchscherer, à Aix-Marseille Université en 2016.
Nous l’avons rencontrée et recueilli ses propos :
- En quoi consiste votre projet de recherche ?
Mon projet de recherche porte sur la question de l’imamat zaydite au Yémen à l’époque moderne. Il aborde un moment-clé de l’histoire du Yémen, celui du règne des imams zaydites de la dynastie qasimite (XVIIe-XIXe) qui parvinrent, au cours du XVIIe siècle, à unifier l’ensemble du pays sous leur autorité. À l’appui d’un corpus riche et varié : des sources primaires majoritairement inédites et des sources secondaires qui n’ont pas été pleinement exploitées jusqu’à présent, il présente une image très détaillée du paysage politique du Yémen moderne. Il a pour objectif de démontrer le rôle fondamental des Qasimites dans le processus de construction étatique du Yémen contemporain en analysant la nature de l’Etat érigé par cette dynastie, ses fondements idéologiques, ses assises institutionnelles, son expansion territoriale, ses pratiques politiques et ses rapports aux différents groupes hétérogènes qui composaient la société yéménite à l’époque moderne.
- Qu’apporte votre étude de concret au Yemen ?
Par rapport à la littérature existante, mon étude renouvelle considérablement notre vision du Yémen moderne et offre de nouvelles perspectives de réflexion sur une période historique longtemps ignorée. Elle apporte un éclairage significatif sur le rôle fondamental des Qasimites dans la construction de l’Etat yéménite contemporain. En outre, dans le contexte actuel du Yémen, mon travail permet une meilleure compréhension de la crise existentielle et particulièrement grave que traverse le pays aujourd’hui.
- Encouragez-vous les étudiants du Moyen-Orient à s’investir dans le domaine de la recherche ?
Oui, je les encourage très vivement à s’engager dans les divers domaines de recherche car cela permettra aux sociétés du Moyen-Orient de se moderniser et de tirer parti de ce que la science et l’innovation peuvent leur apporter en termes de développement culturel, économique et social.
- Comment avez-vous entendu parler du Prix de Thèse et pourquoi avez-vous postulé ?
De par mon affiliation à l’IREMAM, en tant que chercheur associé, je reçois régulièrement les appels d’offres dans le domaine des études sur le monde arabe et musulman. J’ai postulé au prix de thèse de l’AUF car je crois en l’importance de ce type de récompenses dans la valorisation des recherches.
- Connaissiez-vous l’AUF ? Que pensez-vous de son rôle dans l’appui à la recherche ?
Oui, je connais très bien l’AUF et son rôle dans la promotion de la francophonie. Je pense que les actions que mène l’AUF dans le domaine de la recherche sont d’une grande importance, voire indispensable. Car elles permettent de favoriser une véritable culture de science et d’innovation dans le monde francophone. Les ressources que l’AUF mobilise en faveur de la recherche permettent aux établissements universitaires de la francophonie d’offrir une formation de qualité et de favoriser la pensée créative. Dans le cadre du prix de thèse décerné par l’AUF pour l’année 2018 et que j’ai eu l’immense honneur de recevoir, cette récompense me permettra de valoriser mon travail et de poursuivre mes recherches dans les meilleures conditions.