Rencontre avec Linda Cardinal, directrice de l’AUF dans les Amériques

Depuis le 1er septembre 2020, Linda Cardinal est la directrice régionale de l'AUF dans les Amériques. Professeure titulaire à l’Université d’Ottawa Début 2021, elle a été nommée début 2021 parmi les dix personnalités les plus influentes au sein de la francophonie canadienne par Francopresse pour l’année 2020. A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elle nous parle de son parcours.

  • Quelles sont vos missions à l’AUF ? 

Avant mon entrée en fonction à l’AUF Amériques, j’étais professeure titulaire à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et professeure associée à l’Université de l’Ontario français. De 2004 à 2019, j’ai dirigé la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques en plus d’occuper les fonctions de directrice des études supérieures et celle de directrice du programme de 1er cycle à l’École d’études politiques. En tant que chercheure, j’ai développé un programme d’excellence en recherche qui m’a permis de former de nombreux étudiant.e.s aux enjeux associés aux régimes linguistiques et à la gouvernance, à la diversité et à la citoyenneté au sein des États. J’ai aussi créé deux groupes de recherche, dont le Groupe interdisciplinaire sur les politiques d’offre active de services en français au Canada et le Groupe de recherche sur l’inclusion sociale. Par ailleurs, j’ai dirigé la revue World Political Science en plus de faire partie de plusieurs comités scientifiques de revues, dont Current Issues in Language Policy and Planning et la Revue internationale des francophonies.

Depuis le 1er septembre 2020, je suis la Directrice régionale de l’AUF Amériques. J’ai quatre grandes missions, soit mettre en en œuvre de la stratégie de l’AUF dans les Amériques ; planifier et diriger  les activités de notre direction régionale ; m’assurer de la saine gestion de nos ressources ; et développer et maintenir nos liens de collaboration et de coopération internationale avec les établissements membres de l’AUF Amériques et les partenaires externes.

  • Vous venez de recevoir le Prix « Francopresse qui distingue les personnalités francophones de l’année », que représente ce prix/ cette distinction pour vous ? 

En 2021, j’ai été nommée parmi les dix personnalités les plus influentes au sein de la francophonie canadienne par Francopresse pour l’année 2020. J’ai été très touchée par cette nomination, car en pleine pandémie il est difficile de mesurer son influence étant donné que je passe une partie de mon temps devant un écran, en réunion, ou dans mes travaux de recherche coupée du reste du monde.

Je suis une femme déterminée, mais pragmatique. En plus de mon rôle de défenseure de la francophonie au sein de l’Université d’Ottawa, ces dernières années, j’ai épousé des causes qui m’ont demandé beaucoup d’énergie et d’effort de persuasion de nombreuses personnes et institutions, entre autres le gouvernement de l’Ontario afin qu’il promulgue une loi officialisant le bilinguisme de la ville d’Ottawa, la capitale du Canada. En raison du fédéralisme canadien, c’est à la province de l’Ontario que revenait cette responsabilité. J’ai aussi participé à la consultation de la ministre du Développement économique et des Langues officielles en vue de la modernisation de la Loi sur les langues officielles. J’ai collaboré à la création de l’Université de l’Ontario français et à l’obtention de son financement.

Mon insertion au sein de multiples réseaux me permet de jouer un rôle d’influence dans les débats et la prise de décision concernant la francophonie canadienne. Je publie aussi de façon régulière sur les enjeux linguistiques au Canada dans les quotidiens francophones au Canada, dont Le DevoirLa Presse et Le Droit. Je n’ai cessé depuis le début de ma carrière universitaire de tisser des liens avec de nombreuses personnes de tous les horizons et de prôner le dialogue des cultures. De recevoir le titre de personnalité de l’année vient reconnaître tout ce travail pour l’avancement de la francophonie au sein de mon milieu. C’est aussi une occasion à saisir pour remercier et saluer tous ceux et celles qui comme moi travaillent à accroître la vitalité économique, culturelle et politique de la francophonie au Canada et dans le monde.

  • En cette journée du 8 mars, quels messages souhaitez-vous adresser aux jeunes femmes qui débutent leurs carrières dans un établissement d’enseignement supérieur ? 

Dans le contexte de la COVID-19, la journée internationale des femmes prend une nouvelle importance, car nous sommes invité.e.s à penser une sortie de crise où l’on ne doit surtout pas retourner à faire les choses comme avant. La pandémie a montré au grand jour les inégalités qui minent le tissu social, économique, culturel, politique au sein de nos pays respectifs. Pour les femmes, la pandémie a signifié des reculs importants de leurs droits partout sur la planète; des pertes de revenus et d’emplois; un accroissement de la violence sexuelle. Les femmes forment la majorité de la main d’œuvre dans le domaine du soin, un secteur dès plus touché par la pandémie. La journée du 8 mars 2021 constitue une occasion de faire le point sur les luttes passées afin de préparer l’avenir.

Aux jeunes femmes qui débutent leurs carrières dans un établissement d’enseignement supérieur en ce moment, je dirais, malgré les énormes défis qui sont les nôtres, que vous avez une place dans milieu universitaire, mais que vous devez aussi prendre cette place. Trop de femmes continuent de vivre le sentiment de l’imposteur lorsqu’elles deviennent professeures. Trop de femmes ont l’impression de ne pas être écoutées ou de ne pas avoir la crédibilité pour viser des postes de direction. Les avancées féministes des dernières décennies acquises durement ne peuvent jamais être tenues pour acquises. Les universités sont de plus en plus outillées pour assurer la promotion des femmes au sein de leurs établissements, ce qui est une bonne nouvelle. Il faut aussi nous réjouir du fait que les femmes forment aujourd’hui la majorité des diplômés au sein des établissements d’enseignement supérieur. Elles sont sous-représentées dans certaines filières, mais on peut espérer que les universités atteindront un jour la parité entres les femmes et les hommes.

Date de publication : 08/03/2021

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