Recherche : Sonia Boughattas œuvre pour la protection du dugong avec le soutien de l’AUF

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Sonia Boughattas est professeure à l’Université de Qatar. Elle est bénéficiaire d’un projet de recherche PCSI (projet de coopération scientifique inter-universitaire) sélectionné en 2021 pour une subvention de 20 000 €, concernant la protection du dugong, mammifère marin jugé « vulnérable » et en passe de devenir une espèce en danger.
Ce projet est établi en partenariat avec l'Université des sciences médicales de Shahid Behesti (Iran), et l'Université de Carthage (Tunisie).
Nous l'avons rencontrée.

Présentez-nous votre parcours professionnel brièvement.
J’ai commencé mon parcours de chercheuse en microbiologie moléculaire à l’Institut Pasteur de Tunis, avec des séjours de consolidations à l’Université de Limoges en France. Après l’obtention de mon doctorat, j’ai été invitée comme chercheuse postdoctorale à l’Université nationale de Chungbuk en Corée de Sud, avant de rejoindre le centre de recherches biomédicales (BRC) à l’Université de Qatar. Mes axes de recherche portent sur l’établissement et la validation des plateformes moléculaires et génomiques pour l’analyse des différents hôtes, y compris les espèces marines, et leur maladies infectieuses/parasitaires associées.

En quoi consiste votre projet de recherche ?

Le projet porte sur l’animal dugong, mammifère marin connu sous les noms de « sirène du Pacifique » ou « vache de mers ». Il est jugé vulnérable et en passe de devenir une espèce en danger selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), d’où le Fonds mondial pour la nature WWF a lancé un cri d’alerte pour sauver l’espèce.

Qatar abrite la seconde plus large population mondiale de cet animal dans ses environnements marins, et récemment des animaux échoués sur les côtes qataries ont été observés sans dommage ou altercation physique apparente. Les infections microbiologiques particulièrement de genre parasitaire ont été suggérées comme causalité ; d’où notre projet qui vise l’identification de différents parasites environnementaux au niveau de différents cadavres de dugong en utilisant des outils moléculaires, notamment les techniques de polymérisation en chaine et de séquençage. Ce travail sera le premier dans son genre mondialement; il nous éclairera sur l’implication de ces pathogènes dans la détérioration de la santé des dugong et ainsi sur les plans de protection les mieux adaptés qui pourraient être proposés.

Comment avez-vous entendu parler de l’AUF et pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’Agence ?

J’ai fait mes études dans un pays où le support de l’AUF est bien connu (AUF Maghreb). C’est la première année à ma connaissance que mon université actuelle s’associe à l’AUF Moyen-Orient. En voyant l’annonce relayée sur le réseau académique interne et en ayant en tête une idée préalable sur l’AUF, j’ai tenté ma chance pour réunir une équipe francophone et concrétiser une idée de projet. Avec le support de l’AUF, des stratégies de supervision communes peuvent être mises en place et ainsi finaliser les travaux de 3ème cycle des jeunes chercheurs dans les plus brefs délais.

Que pensez-vous du soutien de l’AUF au Moyen-Orient dans l’appui à la recherche ?

Le soutien de l’AUF consolidera le réseau scientifique dans la région du Moyen-Orient, en supportant la réputation de chaque équipe dans le domaine. L’association de trois pays dans un même projet permet un échange d’expertise et favorise un transfert de savoir et de technologie. Ainsi, des démarches complémentaires seront entreprises pour pouvoir établir des corrélations plus précises concernant les sujets de recherche en un moindre temps et avec un plus grand spectre de dissémination des résultats.

Quel avenir à votre recherche et à l’équipe de travail après l’arrêt du soutien de l’AUF ?

Un échange d’expertise et d’idées entre les différentes structures impliquées dans ce projet a été déjà entamé auparavant, avec en clé des publications en cours de préparation. Le projet financé par l’AUF consolide cette collaboration en nous offrant plus de moyens et de crédibilité pour concrétiser les idées discutées. Avec les retombées de ce projet et sa meilleure visibilité, nous prévoyons de poursuivre notre collaboration en montant de nouveaux projets et peut être en élargissant l’équipe avec d’autres structures internationales.

Un conseil aux étudiants qui hésitent à se lancer dans le domaine de la recherche ?

La recherche c’est un domaine fascinant qui nous fait apprendre plus sur la science, la nature humaine et soi-même. La route n’est pas celle d’un long fleuve tranquille d’où il faut s’apprivoiser de ce que j’appelle les 3P : Passion, Patience et Persévérance. Néanmoins, faire partie de la communauté scientifique pour comprendre des phénomènes, répondre à des questions, trouver des solutions est un privilège inestimable. Rien ne vaut la satisfaction d’éclairer l’esprit et de faire avancer la science.

Date de publication : 02/06/2022

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