Recherche : Abdirahman Elmi Fourreh œuvre pour l’antipaludisme à Djibouti avec le soutien de l’AUF

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Abdirahman Elmi Fourreh est chercheur au Centre d’études et de recherche (CERD) de Djibouti. Il est bénéficiaire d’un projet de recherche PCSI (projet de coopération scientifique inter-universitaire) sélectionné en 2021 pour une subvention de 20 000 €, pour financer un projet qui porte sur les plantes antipaludiques de Djibouti, établi en partenariat avec l’Université Le Havre Normandie en France et l’Université Moulay Ismail au Maroc.
Nous l’avons rencontré.

Présentez-nous votre parcours professionnel brièvement.

Après l’obtention d’un bac S en 2004, j’ai bénéficié d’une bourse française pour un master en chimie pharmaceutique achevé en 2009, en France. Au retour dans mon pays, je m’engage dans l’enseignement pendant 3 ans puis obtiens une opportunité de mutation dans un nouvel institut sur les plantes médicinales au CERD. En 2015, j’ai été sélectionné par l’AUF Moyen-Orient pour bénéficier d’une allocation doctorale sur « les plantes djiboutiennes à effet anticancéreux et antimicrobien » soutenue en 2018, à Nancy. Depuis, avec mes collègues, nous contribuons à la connaissance ethnobotanique, chimique et biologique de nos ressources végétales. En effet, j’ai co-publié 11 articles à comité de lecture et 1 livre. Ces études permettent d’évaluer les potentielles capacités thérapeutiques des plantes locales, en les soumettant à des tests reconnus, et à rechercher leurs principes actifs le cas échéant.

En dehors de la thèse, j’ai effectué plusieurs séjours de recherche au sein d’unités spécialisées dans les études et la valorisation des substances d’origines naturelles.

En quoi consiste votre projet de recherche ?

Notre projet de recherche porte sur les plantes antipaludiques de Djibouti. Il est intitulé « Isolement et fonctionnalisation des biomolécules à effet antipaludiques à partir de plantes djiboutiennes ». Le paludisme demeure la première cause de mortalité dans les régions tropicales de l’Afrique. A Djibouti, depuis une décennie, les cas explosent malgré les différentes actions entreprises par le Gouvernement. Deux types de plasmodium sont présents sur le territoire : Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, et le principal traitement prescrit dans les structures sanitaires conventionnelles est basé sur la thérapie combinée à base d’artémisinine (ACT). Cette molécule est historiquement isolée à partir d’une plante, Artemisia annua. Selon différentes études, des résistances apparaissent comme pour la quinine également extraite à partir d’une plante, appelée Cinchona officinalis. Il est donc essentiel de trouver de nouvelles molécules antipaludiques. Il existe à Djibouti une connaissance solide dans l’utilisation des plantes, transmise de génération en génération. Dans cette étude, nous effectuons l’inventaire des utilisations traditionnelles pour le traitement de la malaria et nous nous appuyons sur des savoirs millénaires pour rechercher de nouveaux composés qui remplaceront éventuellement ceux utilisés actuellement en raison de l’apparition inévitable des résistances développées par le parasite.

Nous avons déjà effectué, au premier semestre de 2022, une mission d’enquête dans les cinq régions du pays et collecté les plantes les plus fréquemment utilisées. Une étude d’évaluation de ces plantes est en cours. Ces données formeront une base scientifique viable à une future pharmacopée d’origine locale.

Comment avez-vous entendu parler de l’AUF et pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’Agence ?

L’Agence Universitaire de la Francophonie au Moyen-Orient a joué un rôle déterminant dans l’évolution positive de ma carrière de chercheur scientifique. En effet, l’AUF a financé mon allocation doctorale et une mission de recherche en tant que scientifique invité. Donc concourir à ce financement de projet constituait pour moi une suite logique et le point culminant de cet appui essentiel de l’Agence dans la recherche à Djibouti.

Que pensez-vous du soutien de l’AUF au Moyen-Orient dans l’appui à la recherche ?

Djibouti est situé en Afrique de l’Est où la francophonie est très peu présente. L’appui financier de l’AUF est déterminant pour créer d’abord des équipes qui partagent le français dans la région et les relier ensuite à des équipes des autres régions. Cet appui soulage également les institutions nationales en subventionnant l’étude d’une question de recherche précise pendant une période assez courte (2 ans).

Quel avenir à votre recherche et à l’équipe de travail après l’arrêt du soutien de l’AUF ?

Le choix des partenaires de ce projet de recherche est fait entre autres pour leur complémentarité. Chacun a apporté son expertise lors de la conception et mettra en œuvre ses activités prévisionnelles pendant les deux années d’exécution. Mais comme il nous faudra plusieurs années de travail pour couvrir tous les angles, il est donc évident que les équipes constituées continueront à collaborer pour en tirer des résultats globaux.

Un conseil aux étudiants qui hésitent à se lancer dans le domaine de la recherche ?  

La recherche vous offre un métier passionnant où vous apprenez quasiment chaque jour. La curiosité et la remise en question sont deux qualités essentielles dans ce métier. Dans un monde qui s’uniformise et qui est très interconnecté, la recherche crée des valeurs ajoutées et donne un élan certain aux nations qui réussissent dans ce domaine. Et face aux défis majeurs auxquels l’humanité fait face (changement climatique, épidémies, famine, etc.), le rôle du chercheur est fondamental. A noter également que l’on peut travailler dans la recherche même sans doctorat (bac+8) en étant assistants, techniciens, ingénieurs ou administrateurs.

Date de publication : 27/07/2022

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