Publier en français : un processus collaboratif et stratégique

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Découvrez le témoignage inspirant de Mme Alina-Laura Clinciu, doctorante philologie, en deuxième année à l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu, Roumanie, lauréate de la première Université d’Eté de la Francophonie, tenue à Rabat en 2024.

Votre parcours et votre travail de recherche

Pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu’enseignante-chercheuse et de ce qui vous a menée à travailler sur l’œuvre de Beata Umubyeyi Mairesse ?

En tant qu’enseignante-chercheuse en littérature francophone, mon parcours a toujours été guidé par un intérêt profond pour les écritures de la mémoire, les voix diasporiques et les récits de résilience. C’est dans cette dynamique que j’ai découvert l’œuvre de Beata Umubyeyi Mairesse, dont l’écriture, à la fois poétique, engagée et profondément humaine, m’a immédiatement interpellée. Sa manière de mettre en récit le trauma, la transmission intergénérationnelle et la complexité des identités postcoloniales a trouvé un écho fort dans mes recherches. J’ai été particulièrement sensible à la façon dont elle tisse des liens entre histoire collective et expérience intime, et c’est ce qui m’a menée à intégrer ses textes au cœur de mes travaux académiques, mais aussi de mes réflexions personnelles sur le rôle de la littérature dans la reconstruction de la mémoire et du lien social.

Quelles sont les principales thématiques que vous explorez dans votre recherche sur cette autrice et pourquoi sont-elles pertinentes à l’ère de l’Intelligence Artificielle ?

Dans mes recherches sur l’œuvre de Beata Umubyeyi Mairesse, je m’intéresse principalement à la mise en récit du trauma, à la mémoire culturelle, à la transmission intergénérationnelle, ainsi qu’aux identités diasporiques et postcoloniales. Ces thématiques, à la fois intimes et universelles, résonnent fortement à l’ère de l’intelligence artificielle, qui offre de nouveaux outils pour analyser, cartographier et préserver la mémoire littéraire. L’IA permet non seulement d’enrichir la lecture des textes en croisant distant reading et close reading, mais aussi de rendre visible la complexité des réseaux de sens, des silences et des voix marginalisées que l’autrice fait entendre. Concrètement, j’utilise par exemple des outils d’analyse textuelle pour identifier les récurrences lexicales liées au trauma, à la filiation ou à l’exil, ainsi que des méthodes de visualisation pour cartographier les relations entre les personnages ou les lieux évoqués dans ses récits. Ces approches numériques ouvrent des perspectives nouvelles pour explorer, avec rigueur et sensibilité, les mécanismes narratifs qui façonnent nos représentations du passé et du présent.

Participation à l’atelier Je publie mon article

Qu’est-ce qui vous a motivée à participer à l’atelier de publication scientifique organisé par l’Académie Internationale de la Francophonie Scientifique (AIFS) de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)?

Ma participation à l’atelier de publication scientifique organisé l’AIFS de l’AUF a été motivée par le désir d’approfondir mes compétences en communication scientifique et de mieux valoriser mes travaux dans des revues francophones de référence. En tant qu’enseignante-chercheuse engagée dans une réflexion à la fois littéraire, mémorielle et numérique, je suis convaincue de l’importance de partager les résultats de mes recherches avec une communauté académique élargie, tout en contribuant à faire entendre des voix encore trop peu visibles dans l’espace scientifique. L’atelier a représenté pour moi une opportunité précieuse de renforcer ma méthodologie de publication, d’échanger avec d’autres chercheurs et chercheuses issus d’horizons variés, et de m’inscrire plus pleinement dans les dynamiques internationales de la Francophonie académique.

Y a-t-il un aspect de l’atelier qui vous a particulièrement marquée ou transformée dans votre approche de la publication scientifique ?

Ce qui m’a particulièrement marquée dans cet atelier, c’est l’attention portée à la stratégie éditoriale et à la structuration rigoureuse des articles scientifiques, deux aspects souvent sous-estimés dans le parcours académique. Grâce aux échanges avec les formateurs et les autres participants, j’ai pris conscience de l’importance de penser la publication non seulement comme un aboutissement, mais comme un processus stratégique et collaboratif. Cela a transformé ma manière d’aborder l’écriture scientifique : je porte désormais une attention accrue à la clarté des objectifs, à la construction de l’argumentation, ainsi qu’au choix des revues les plus pertinentes pour toucher le bon lectorat. L’atelier m’a également donné confiance dans la valeur de ma recherche et dans la possibilité de contribuer, par mes travaux, à une réflexion francophone vivante et exigeante sur les humanités numériques et les littératures postcoloniales.

Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés dans le processus de publication et comment les avez-vous surmontés grâce à cet atelier ?

L’un des plus grands défis que j’ai rencontrés dans le processus de publication scientifique a été de concilier la richesse interdisciplinaire de mes recherches avec les exigences de clarté, de concision et de structuration attendues par les comités éditoriaux. Travailler sur une œuvre littéraire contemporaine en mobilisant à la fois des approches littéraires, mémorielles et numériques implique une complexité théorique et méthodologique qu’il n’est pas toujours évident de faire tenir dans les formats académiques standards. Grâce à l’atelier, j’ai pu affiner mes stratégies de rédaction, mieux cibler mes messages clés et adopter une posture plus assertive dans la présentation de mes résultats. Les retours bienveillants mais exigeants des formateurs m’ont permis de transformer ce qui pouvait apparaître comme un obstacle en levier pour affirmer la spécificité et la pertinence de ma démarche scientifique.

Impact de cette expérience de publication

En quoi cette expérience a-t-elle influencé votre vision de la publication scientifique en tant que chercheuse francophone ?

Cette expérience a profondément enrichi ma vision de la publication scientifique en tant que chercheuse francophone. Elle m’a permis de mieux saisir les enjeux de visibilité, de circulation et de légitimité qui traversent l’espace scientifique francophone, tout en m’invitant à réfléchir à la responsabilité éthique et épistémique que nous avons, en tant qu’universitaires, de faire entendre des perspectives diverses, ancrées dans nos contextes de recherche. J’ai désormais une conscience plus aiguë de la nécessité de bâtir des ponts entre les disciplines, les aires géographiques et les traditions intellectuelles, et de contribuer activement à une Francophonie scientifique ouverte, inclusive et plurielle. L’atelier m’a donné non seulement des outils concrets, mais aussi une impulsion renouvelée pour m’engager pleinement dans cet espace de dialogue et de production de savoirs partagés.

Avez-vous observé des opportunités ou des retombées concrètes suite à votre participation à cet atelier (réseau, collaborations, nouvelles perspectives de recherche, etc.) ?

À la suite de ma participation à cet atelier, j’ai pu observer plusieurs retombées concrètes et stimulantes. Tout d’abord, j’ai élargi mon réseau scientifique en entrant en contact avec des collègues d’horizons géographiques et disciplinaires variés, ce qui a ouvert la voie à de futures collaborations, notamment autour des enjeux de mémoire, de postcolonialisme et des humanités numériques. J’ai également bénéficié de regards croisés enrichissants sur mes travaux, qui m’ont permis de réévaluer certaines orientations et d’identifier de nouvelles pistes de recherche. L’atelier a ainsi joué un rôle catalyseur dans mon parcours, en renforçant ma confiance et ma capacité à inscrire mes recherches dans des dynamiques scientifiques internationales tout en affirmant ma voix singulière au sein de la Francophonie académique.

Conseils et inspiration pour d’autres chercheurs

Que conseilleriez-vous à d’autres enseignants-chercheurs ou doctorants qui hésitent à se lancer dans un processus de publication scientifique ?

À celles et ceux qui hésitent à se lancer dans un processus de publication scientifique, je conseillerais d’oser franchir le pas, même si cela peut sembler intimidant au départ. Il est normal de douter, de se poser des questions sur la légitimité ou la maturité de ses travaux, mais la publication est avant tout un espace de dialogue, de construction collective du savoir, et non un exercice de perfection. L’important est de commencer, de se faire accompagner, de se relire, de se laisser relire, et surtout, de ne pas avoir peur de retravailler. Participer à un atelier comme celui de l’AIFS permet justement de démystifier ce processus, de se doter d’outils concrets et de s’inscrire dans une dynamique bienveillante et exigeante à la fois. Publier, c’est aussi faire entendre sa voix et contribuer à enrichir les débats scientifiques dans toute leur diversité.

Pensez-vous que ce type d’initiative est essentiel pour la valorisation de la recherche en francophonie ? Pourquoi ?

Je suis convaincue que ce type d’initiative est indispensable pour la valorisation de la recherche en Francophonie. Dans un contexte où les inégalités d’accès aux ressources, à la formation et à la visibilité scientifique persistent, les ateliers comme celui proposé par l’AIFS constituent des espaces précieux de transmission, de mise en réseau et d’émancipation intellectuelle. Ils permettent non seulement de renforcer les compétences des chercheurs et chercheuses, mais aussi de créer une dynamique collaborative fondée sur l’écoute, la diversité des parcours et la reconnaissance mutuelle. En valorisant les productions scientifiques en français, tout en s’ouvrant aux enjeux globaux, ces initiatives participent activement à la consolidation d’un espace francophone scientifique inclusif, vivant et porteur d’avenir.

Selon vous, quel est l’impact de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Europe Centrale et Orientale (AUF-ECO) sur le développement de la francophonie scientifique en région, et quelles opportunités concrètes offre-t-elle aux doctorants, étudiants et enseignants-chercheurs ?

L’AUF-ECO joue un rôle important dans le développement de la francophonie scientifique en région, en facilitant l’accès à des ressources, des formations et des opportunités de collaboration transrégionales. En soutenant les doctorants, étudiants et enseignants-chercheurs, elle contribue à la création de réseaux académiques solides, favorise l’émergence de projets de recherche partagés et soutient la circulation des savoirs à l’échelle internationale. Pour les jeunes chercheurs, en particulier, l’AUF-ECO offre des opportunités concrètes d’affiner leurs compétences, de participer à des événements scientifiques de haut niveau et d’avoir un impact réel dans leurs domaines respectifs. Ces initiatives permettent non seulement de renforcer les capacités locales, mais aussi de donner une visibilité accrue à la recherche francophone, en l’inscrivant dans des dynamiques internationales riches et diversifiées.

 

Date de publication : 24/04/2025

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