Depuis 2017, le Professeur Gérard Gresenguet est Président de la Conférence internationale des Doyens des Facultés de Médecine d’Expression Française (CIDMEF) dont la principale mission est d’aider les facultés francophones dans leur mission de formation des futurs médecins et de leurs enseignants. Nous l'avons rencontré.
- Vous êtes Président de la Conférence internationale des Doyens des Facultés de Médecine d’Expression Française (CIDMEF). Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et vos missions ?
Après des études de médecine à l’Université de Bangui en Centrafrique, j’ai intégré l‘équipe des chercheurs de l’Institut Pasteur de Bangui en 1986. Par la suite j’ai bénéficié des enseignements en épidémiologie et en microbiologie dispensés par l’Institut Pasteur de Paris (France). Ayant opté pour une carrière hospitalo-universitaire en santé publique, j’ai été admis en 1993 au programme de Master en Epidémiologie à l’Université de Washington à Seattle (USA) puis en1997 à l’Université Paris VI Pierre et Marie Curie où j’ai soutenu une thèse de doctorat en Santé Publique, option «Épidémiologie ». Promu professeur agrégé en santé publique en 2002, j’assure les fonctions de Doyen de la Faculté des Sciences de la Santé à l’Université de Bangui depuis l’année 2003. De 2007 à 2017, j’ai assuré les fonctions de vice-président de la Conférence Africaine des Doyens et facultés de Médecine d’Expression Française, la branche régionale de la CIDMEF pour les pays francophones d’Afrique situés au sud du Sahara. C’est à l’assemblée générale de la CIDMEF d’octobre 2017 que j’ai été élu Président de la CIDMEF. La principale mission de la CIDMEF est d’aider les facultés francophones dans leur mission de formation des futurs médecins et de leurs enseignants. Assisté de la Direction Générale de la CIDMEF, le Président de la CIDMEF donne les grandes orientations stratégiques et assure la coordination des actions qui seront menées auprès des différentes facultés en mettant à leur disposition toute une panoplie d’actions concrètes de terrain adaptées à leurs besoins spécifiques.
- Quels sont les principaux objectifs et activités de la CIDMEF ?
La CIDMEF est une association membre du réseau institutionnel de l’AUF. Il s’agit d’un réseau académique d’échange, d’entraide et d’actions structurelles concertées en réponse aux problèmes pédagogiques et organisationnels des facultés de médecine des pays où le français est la langue d’expression. Par ses actions, la CIDMEF participe au rayonnement et à l’épanouissement de la culture française aussi bien dans les pays francophones que dans des pays où le français n’est pas la première langue d’expression mais dont l’enseignement de la médecine est réalisé en français.
En associant aujourd’hui plus de 130 facultés dans 40 pays entièrement ou partiellement de langue française, la CIDMEF constitue le socle de la francophonie médicale.
La CIDMEF a une longue expérience, reconnue, de soutien et d’accompagnement des facultés de médecine, notamment en pédagogie, en gouvernance, en évaluation, dans le domaine scientifique et plus récemment en responsabilité sociale.
Au cours des 30 dernières années, elle a particulièrement développé un processus d’évaluation des facultés destiné à améliorer la qualité des formations médicales des facultés qui le sollicite. Ce processus d’évaluation évolue maintenant vers une accréditation des facultés, processus normatif qui mène à la délivrance ou non d’une accréditation, avec ou sans conditions, et pour une durée donnée. Plusieurs raisons motivent cette évolution. D’une part les États-Unis imposent des nouvelles règles pour la mobilité internationale, à partir de 2023. À cette date, les étudiants et les enseignants qui voudront intégrer des facultés américaines et canadiennes devront être diplômés de facultés de médecine accréditées par une instance reconnue et ce, autant pour être admis dans une formation spécialisée que pour obtenir un permis d’exercer. Le processus de reconnaissance de la CIDMEF comme agence internationale d’accréditation a constitué une activité prioritaire de notre plan d’action au cours des deux dernières années. Les formalités actuellement en cours devraient permettre d’atteindre cet objectif au courant de l’année 2021.
- Pour répondre à la crise sanitaire inédite que nous vivons, la CIDMEF s’est mobilisée, avec ses partenaires, pour aider les facultés de médecines francophones à faire face à la pandémie. Pouvez-vous nous en dire plus sur les actions mises en place ?
La pandémie COVID-19 a mis à rude épreuve les systèmes de santé des différents pays ainsi que le fonctionnement normal des facultés de médecine qui se trouvent être confrontées à un double défi : d’une part, celui de savoir adapter leurs curricula et offres de formation (enseignements, stages, recherche, évaluation) pour permettre aux étudiants de terminer leur année universitaire et aux enseignants-chercheurs de poursuivre leurs travaux et d’autre part, celui de s’engager socialement en mobilisant leurs membres pour soutenir la population et plus particulièrement les personnes appartenant aux populations les plus vulnérables.
Dès le mois de mars, nous avons immédiatement mis en place un programme recherche-action de responsabilité sociale en santé reposant sur l’analyse des besoins spécifiques liés à cette période de pandémie et par ailleurs construits sur cette base une approche de fond reposant sur 4 axes porteurs d’actions sur le terrain : l’adaptation de la gouvernance stratégique des facultés de médecine, l’évolution de la formation et de la recherche face aux nouveaux besoins, l’inscription de la faculté de médecine dans son territoire avec ses partenaires, la démarche qualité de l’institution. La CIDMEF s’est largement positionnée pour défendre le rôle des facultés de médecine, ses membres et usagers, dans la réponse à la pandémie et la protection des populations. Des rencontres par visioconférence sont organisées, aussi bien pour la diffusion scientifique que pour des groupes de travail. Des diffusions internet adaptées sont coordonnées, avec un bulletin internet recherche, des éditoriaux, des enquêtes de terrain.
- La CIDMEF est un réseau membre de l’AUF. Quels regards portez-vous sur la collaboration CIDMEF-AUF ?
Cette collaboration est historique et ne fait que de se renforcer concrètement. La pandémie vient rappeler l’importance et la réalité des liens qui unissent la CIDMEF et l’AUF et vient pleinement justifier cette approche commune. Non seulement la CIDMEF est un réseau de l’AUF ce qui l’engage à aider aux missions de l’AUF, mais en tant qu’entité ayant son propre champ d’expertise en santé la CIDMEF est de plus en plus un réel partenaire de l’AUF sur le plan stratégique. Des grandes orientations sont pleinement partagées, telles la responsabilité sociale en santé avec l’implication des programmes des institutions universitaires de santé, la démarche assurance qualité avec l’accréditation des facultés de médecine, et nous construisons ensemble ces développements chez nos membres au titre des politiques publiques de santé impliquant les universités.
- La CIDMEF célèbrera l’année prochaine son 40ème anniversaire. Quel bilan dressez-vous de son action et quelles sont les principales perspectives qui s’ouvrent à elle ?
La CIDMEF a été créée en 1981 et célèbrera son quarantième anniversaire en 2021. Nous sommes très heureux de cette étape franchie des 40 ans d’activité de la CIDMEF que nous allons porter avec un évènement d’envergure en rendant hommage au président fondateur le professeur André Gouazé qui nous a récemment quitté. Ce sera l’occasion du bilan de la structuration de l’appareil universitaire en santé dans l’espace francophone et à laquelle la CIDMEF a apporté son plein soutien. L’évolution se confirme désormais vers une mondialisation des mêmes besoins et mutualisation des réponses, cette pandémie nous le rappelle. La CIDMEF est donc totalement tournée vers l’avenir avec cette vision de partenariat large avec des nouveaux moyens et portant sur les différentes problématiques de santé publique à l’échelle francophone.
- Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux professionnels de santé et à la communauté universitaire en cette période très particulière ?
Les messages sont ceux du renforcement des partenariats et d’une prise de conscience de la nécessité d’une nouvelle organisation pour mieux anticiper les difficultés qui s’annoncent quelque-soit le type de crise sanitaire. Mieux former, définir les priorités vis-à-vis des populations vulnérables, valoriser l’engagement, c’est le défi de la solidarité auquel l’université doit apporter sa contribution.
Pour en savoir plus sur les actions de la CIDMEF mises en oeuvre dans le cadre du COVID-19 : cliquez-ici