Maho Wielfrid Morie, lauréat du Prix Louis D’Hainaut 2024

Maho Wielfried MORIE, lauréat du Prix Louis D'Hainaut 2024

Pour sa 11e édition, le Prix Louis D’Hainaut de la meilleure thèse en technologie éducative, en partenariat avec l'Université de Mons (Belgique), est décerné à Maho Wielfrid Morie. Ce prix récompense son travail sur les jeux éducatifs numériques, mené à l'Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUËT-BOIGNY (INPHB) en Côte d'Ivoire.

Quel a été votre parcours universitaire jusqu’à maintenant ?

Après un diplôme d’ingénieur en Génie Logiciel et un Master mention Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises (MIAGE), j’ai soutenu ma thèse de doctorat en Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH) à l’Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUËT-BOIGNY (INPHB) de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.

Je suis actuellement enseignant-chercheur en informatique à l’université Nangui ABROGOUA de Côte d’Ivoire, au sein de l’UFR Sciences Fondamentales et Appliquées, dans le laboratoire de mathématiques et informatique.

En parallèle, je pilote la cellule vulgarisation et communication scientifique du Centre de Recherche et d’Innovation en Sciences du Numérique et Application (CRISNA) de l’INPHB. J’y coordonne également les activités de recherche en Technologie Éducative.

Qu’est-ce qui vous a poussé à candidater au Prix Louis D’Hainaut ?

J’ai entendu parler de ce Prix lors d’un stage de recherche à l’Université du Mans, en France. Lors des rencontres scientifiques auxquelles j’ai participé, tant en Afrique qu’en Europe, l’importance du travail réalisé a toujours été soulignée. J’ai donc décidé de postuler à ce Prix pour évaluer la valeur de mon travail par rapport aux autres. Je ne regrette pas d’avoir postulé à un Prix de cette envergure.

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots sur quoi portait votre thèse ?

L’amélioration de la qualité de la formation pousse le monde éducatif à rechercher constamment de nouvelles technologies, telles que les jeux éducatifs numériques (JEN). Cependant comment les enseignants peuvent-ils sélectionner les JEN adaptés à leurs besoins de formation ? Mon travail de thèse a donc consisté à proposer des modèles de représentation et des outils d’indexation des JEN appropriés pour les enseignants. En utilisant la méthodologie Design-Based Research (DBR), tous nos outils et modèles ont été coconstruits de bout en bout avec les enseignants.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces JEN  ?

Les jeux éducatifs numériques sont en quelque sorte des jeux sérieux conçus pour l’enseignement. Leur objectif est de former les apprenants en utilisant des mécanismes ludiques qui sont soigneusement équilibrés pour ne pas éclipser l’activité éducative. Disponibles à tous les niveaux d’enseignement, du préscolaire au supérieur, ils couvrent une vaste gamme de disciplines, des sciences à l’art en passant par les lettres, et les formations professionnelles. Ces jeux  permettent à l’étudiant de se concentrer sur son apprentissage avec un gain réel de motivation, comme le démontrent de nombreuses études. La motivation est l’une des clés de la réussite scolaire, il va donc sans dire que les JEN peuvent significativement contribuer à améliorer la qualité de la formation.

Selon vous, comment le fruit de vos travaux peut-il contribuer à améliorer les pratiques pédagogiques en Côte d’Ivoire ?

Il faut savoir qu’en Côte d’Ivoire, le mode d’enseignement reste traditionnel. La technologie éducative est encore peu exploitée dans nos universités. Durant mes deux années de service au sein de l’Université Nangui ABROGOUA, nous avons expérimenté l’intégration de jeux éducatifs numériques dans certains cours d’algorithmique et de modélisation. Nous avons constaté un réel engouement et une augmentation de la motivation chez les apprenants.  L’utilisation de ces jeux, à travers la plateforme que nous avons développée, peut stimuler la motivation des apprenants, particulièrement dans nos écoles et universités aux effectifs pléthoriques. Nous collaborons désormais avec l’université virtuelle de Côte d’Ivoire et l’INPHB pour mieux encadrer cet usage.

Avez-vous un projet de publication pour populariser les modèles et outils que vous avez mis au point ?

Nous avons justement publié un article sur ce sujet dans l’International Journal of Serious Games. Un article similaire va bientôt être publié. De plus, nous collaborons avec le Serious Games Society pour proposer une amélioration significative de la plateforme Planète des JEN. Nous souhaitons lui donner une visibilité internationale afin de populariser les JEN dans le monde éducatif, en particulier dans les pays francophones.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui souhaiteraient se lancer dans une thèse en technologie éducative ?

Je leur dirai que c’est un domaine très intéressant à explorer, particulièrement dans nos pays africains où la technologie éducative est très peu étudiée. Je l’ai constaté moi-même durant mes années de thèse. Qu’ils ne craignent pas d’apprendre de nouvelles choses et mettre leurs découvertes à l’épreuve. En effet, ce domaine fait appel à plusieurs sciences telles que le social et le cognitif. Ils devront donc ajuster leurs modèles au fur et à mesure des expérimentations. Cependant, c’est une aventure passionnante et très interactive.

Quels sont vos projets professionnels à venir ?

Dans le cadre de mes recherches, je prévois d’explorer l’intégration de l’intelligence artificielle dans les JEN et les concepts de JEN multijoueurs pour favoriser l’apprentissage collaboratif.

Sur le plan académique, j’essaie avec des collègues de vulgariser l’usage des JEN dans nos séances pratiques à l’université et de les promouvoir dans les autres universités en Côte d’Ivoire.

Date de publication : 17/07/2024

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