Dans le cadre du Mois de la francophonie, la Faculté d’Information et de Communication de l’Université Antonine a organisé le 16 mars 2016, sur son campus principal à Hadat-Baabda, une conférence-débat sur le thème “ Communication politique et francophonie, enjeux & frontières” avec comme intervenants Isabelle Veyrat Masson, Directrice du Laboratoire de Communication politique au CNRS et journaliste à France-Télévision et France-Inter, Hervé Sabourin Directeur du Bureau Moyen-Orient de l'AUF et Ghassan Moukhaiber député et membre du Conseil National de la Francophonie.
Le débat, modéré par le Doyen de la Faculté d’Information et de Communication, Dr Joseph Moukarzel, s’est déroulé en présence d’une foule de personnalités dont l’ambassadeur de Belgique au Liban, S.E.M. Alex Leanertz.
Dr Joseph Moukarzel a, dans son discours, estimé que cette conférence abordait un sujet peu conventionnel, du moins au Liban où la communication politique est pour le moins chaotique. « Quand ce n’est pas la langue de bois qui est de mise, nous nous retrouvons dans une situation d’échange d’injures, de menaces, d’intimidation ou à l’opposé d’apologies voire même de glorification », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « L’enjeu de la communication politique au Liban dépasse le cadre du fonctionnement démocratique pour devenir un catalyseur multipolaire rassemblant les citoyens sur base de leurs appartenance communautaire et religieuse, au détriment de l’unité autour de l’identité nationale, la patrie, ou la citoyenneté ».
Lors de cette rencontre, trois pistes de réflexion ont été proposées par le député Ghassan Moukhaiber afin de mesurer l’influence de la francophonie sur la communication politique et son impact sur la réalité libanaise : le droit, le référentiel politique ainsi que les médias. Le parlementaire s’est intérrrogé sur le fait de savoir comment la communication pourrait corriger la perception négative que les personnes ont de la politique. M. Moukhaiber a néanmoins tenu à rappeler que la législation libanaise s’inspire en grande partie des textes français à l’heure où les références à la culture francophone sont toujours de mise dans le discours politiques et que les médias francophones continuent d’exister malgré les difficultés qu’ils rencontrent.
Pour sa part, Isabelle Veyrat Masson, Directrice du Laboratoire de Communication politique du CNRS, a soulevé une question de grande actualité à savoir la communiation politique face à l’hypermédiatisation. Disséquant l’évolution du monde des médias, de l’époque de l’affiche en passant par le transistor jusqu’au numérique et l’avènement des réseaux sociaux, la chercheuse a longuement évoqué les modifications survenues dans le paysage médiatique dont la démocratie a, selon ses termes, changé les normes et édicté les règles. Elle s’est également arrêtée sur les répercussions de ces changements sur les pratiques médiatiques et les enjeux qui en découlent avec tout ce que cela comporte comme dérapages, abolition des frontières et repli sur soi, désacralisation du pouvoir, amalgame entre public/ privé ou encore prédominance de l’opinion au détriment des faits.
Enfin, Hervé Sabourin, Directeur du BMO, a estimé que la francophonie a un grand avenir dans la région. Dans son intervention, il est revenu sur les messages et valeurs que la francophonie véhicule, citant les valeurs de partage, de rassemblement et d’humanisme mais aussi d’expertise, de savoir-faire et de diversité culturelle et linguistique, et sur lesquels il faut selon lui mettre l’accent en gardant à l’esprit que la francophonie dépasse le cadre de la pratique d’une langue.
Hervé Sabourin, Joseph Moukarzel, Isabelle Veyrat Masson et Ghassan Moukhaiber