De 2011 à 2012, l’AUF a soutenu le projet « Phytodiabétine ou Boscisucorphage : de l’utilisation traditionnelle de Boscia senegalensis au phytomédicament contre le diabète de type 2 et le syndrome métabolique », porté par Imar Djibrine Soudy, enseignant-chercheur à l’Université de N’Djamena (Tchad). Ce travail de recherche a abouti à des résultats prometteurs dans la lutte contre le diabète.
Parlez-nous de vos travaux…
Les travaux sur le projet « Phytodiabétine ou Boscisucrophage: de l’utilisation traditionnelle de Boscia senegalensis au Phytomédicament contre le diabète de type II et le syndrome métabolique » ont démarré en 2011, en collaboration avec le laboratoire Transcell-lab de la faculté de médecine Xavier Bichat de l’Université Paris 7. L’objectif principal de cette étude était de développer un phytomédicament antidiabétique à partir d’une recette traditionnelle à base de Boscia senegalensis, un arbrisseau utilisé au Tchad pour lutter contre le diabète de type 2.
De façon spécifique, il s’agissait non seulement d’évaluer l’innocuité et l’efficacité de la recette traditionnelle, mais aussi sa capacité à bloquer l’absorption intestinale des sucres et des acides gras in vitro et in vivo sur des rats vigiles. Les résultats ont montré que le phytomédicament reformulé avec une préparation galénique moderne, inhibe l’absorption intestinale du glucose et des acides gras à chaînes courtes in vivo comme ex-vivo.
Des études cliniques conduites sur 90 patients diabétiques à l’hôpital Tchad-Chine de Ndjamena ont montré une diminution significative du taux de glycémie et de l’hémoglobine glyquée chez tous les patients. En outre, certains signes cliniques du diabète telles que la fatigue générale, la polyurie, la soif intense et les maux de tête ont été significativement corrigées.
Ce travail a abouti à une reconnaissance internationale…
En effet, les résultats de cette découverte ont fait l’objet d’un Brevet d’Invention à l’Institut national de propriété industrielle (INPI) à Paris (référence du brevet d’invention n° 1201589 et n° publication 2 991 181). En octobre 2018, nous avons remporté le « Prix spécial OAPI – Meilleure invention pouvant intéresser le marché international » décerné par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).
Cette distinction a-t-elle eu une incidence sur le rayonnement de votre université ?
Bien évidemment ! Ce prix contribue fortement au rayonnement de la recherche au Tchad et dans mon université d’origine. On a toujours considéré que les résultats des travaux de recherche en Afrique restent dans les tiroirs. C’est une occasion de montrer et d’inciter les chercheurs africains à persévérer dans la recherche, qui pourra aboutir à un produit concret et contribuer à la valorisation de nos ressources naturelles locales.
Quels impacts pour votre carrière ?
Ils sont légion mais le plus important pour moi, c’est ma modeste contribution pour le service rendu à la communauté, la valeur ajoutée sur le rayonnement scientifique de mon pays et de mon université. Je remercie l’AUF pour son soutien. Merci de m’avoir donné cette occasion de m’exprimer sur nos résultats de recherche. Mon désir est de voir l’AUF soutenir davantage les projets de recherche à valeur ajoutée concrète visant à valoriser nos produits locaux et de mettre en place un mécanisme d’appui à leur vulgarisation au bénéfice des populations.
Imar Djibrine Soudy est Maître de Conférences des universités du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), Chef de service Recherche à l’Institut national supérieur des sciences et techniques d’Abéché (INSTA), spécialiste en Nutrition –Santé, Imar Djibrine Soudy dirige le laboratoire Biotechnopole à l’Institut de recherche pour le développement (IRED). |