Christophe Providence, allocataire de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) dans le cadre du Collège doctoral d’Haïti (CDH), a soutenu sa thèse le vendredi 27 novembre 2015 à l'Université des Antilles (Martinique). Sa thèse, « Le système aide-projet mondial et la problématique du développement en Haïti : quelles externalités ? », a reçu la mention très honorable avec félicitation du Jury. Nous avons rencontré récemment le jeune docteur en Économie qui nous parle du programme.
AUF : M. Christophe Providence, vous venez de soutenir une thèse d’Économie à l’Université des Antilles en Martinique, dites-nous si le soutien de l’Agence universitaire de la Francophonie vous a aidé effectivement dans la réalisation de cette thèse.
Christophe Providence : Le soutien de l’AUF est arrivé à point nommé. J’avais effectivement des difficultés non seulement pour terminer la collecte de données, et aller terminer ces études en Martinique. Franchement, cela m’a permis de tout boucler. C’est vrai que c’est un travail qui a été difficile, mais sans ce support-là, je ne pense pas que j’allais pouvoir terminer. C’était fondamental pour moi.
AUF : Maintenant, quels sont vos projets ?
Christophe Providence : Déjà je suis enseignant à l’Université d’État d’Haïti (UEH), précisément à la Faculté IERAH/ISERS. J’enseigne dans deux départements : départements du Tourisme et Patrimoine et Sciences Politiques.
Je suis très intéressé au programme Eugen Ionescu pour faire une mobilité vers la Roumanie qui me permettrait de rencontrer d’autres chercheurs et apprendre de nouvelles choses. Mais, mon projet est à caractère empirique et demande du financement pour pouvoir aller sur le terrain, traiter les données, etc. Cependant le financement du programme Eugen Ionescu concerne uniquement la mobilité sur trois mois, je crains fort que cela puisse couvrir l’essentiel du budget d’un tel projet. Mais, moi je veux aller plus loin et, surtout, être disponible pour le pays après ces études.
AUF : Dites-nous ce que cette thèse a apporté dans votre vie professionnelle et comment elle peut être utile au pays.
Christophe Providence : Ma thèse m’a apporté énormément de choses. Déjà mes cours à l’UEH. C’est une thèse qui avait un caractère pluridisciplinaire, à la fois géographie, économie, et même modélisation mathématique. Etant donné que les dirigeants du pays ont identifié le tourisme comme un facteur probable de décollage économique, dans ma thèse j’ai pu aborder certaines questions, notamment, en tourisme, ce qui m’a permis de proposer le cours à la Faculté IERHA/ISERS.
Deuxième chose, je pense que c’est une thèse qui doit être publiée. Ce n’est pas toujours facile de publier une thèse, c’est volumineux, cela fait plus de 300 pages. Il y a un coût derrière tout cela. C’est un travail de qualité, en témoigne la mention que j’ai eue. Il y a pas mal de choses qui seraient profitables à la fois aux hommes politiques et aux jeunes étudiants haïtiens.
Je peux aussi jouer le rôle de consultant à plusieurs niveaux, tant au niveau de projet de développement ou du moins des associations, même au niveau de l’État haïtien qui pourrait bénéficier éventuellement de mon expertise.
AUF : En tant que jeune chercheur, quelle est votre impression sur le rôle de l’AUF ou son implication dans la région Caraïbe ?
Christophe Providence : Au niveau de la région, le rôle que joue l’AUF comme point focal et de rencontre des Caribéens – je parle des universités – est fondamental. Dans la Caraïbe, il y a très peu d’initiatives de ce genre. Je prends l’exemple des forums, des manifestations qui sont organisés un peu partout et qui sensibilisent les Caribéens sur les problématiques propres à notre région. Je trouve que ce rapprochement entre des structures universitaires est fondamental au niveau régional.
AUF : L’appui de l’AUF à votre thèse s’inscrit dans un projet plus large soutenu par l’Agence et fédérant plusieurs universités haïtiennes désigné « Collège doctoral d’Haïti » (CDH). Que pensez-vous de l’apport de cette initiative à la structuration de la Recherche en Haïti ?
Christophe Providence : Le plus grand défis de jeunes chercheurs et de la recherche scientifique en Haïti vient de l’inadaptation voir de l’inexistence de fonds qui y sont dédiés. À ce titre, il faut saluer cette initiative de l’agence qui mérite toutefois un renforcement pour être mieux adaptée car trop de jeunes chercheurs sont livrés à eux-mêmes dans un pays où tout est à faire. Il faudra également aller vers de nouveaux partenariats dans le but d’augmenter la base de financement et contribuer à l’établissement d’une culture de la recherche scientifique visant à accompagner la société haïtienne dans sa quête de savoir et de savoir-faire.
Cet appui de l’AUF doit donc aller plus loin en participant à la restructuration de la recherche scientifique en Haïti à partir de la promotion de la qualité et de la compétitivité des différentes structures universitaires impliquées dans ce processus. À l’UEH les premiers résultats (le mien par exemple) montrent déjà la pertinence de cette initiative, à présent, il va falloir capitaliser sur cette expérience pour offrir un cadre de travail idéal à la réussite des chercheurs haïtiens.
Dans la presse
Le collège doctoral d’Haïti a son premier docteur, Le Nouvelliste Haiti.