Dans le cadre du projet PCSI, la chercheuse Hélène Greige a bénéficié d'un soutien de l'AUF pour faire avancer ses recherches portant sur les aliments fonctionnels. Nous l'avons rencontrée.
En quoi consiste votre projet de recherche ?
La thématique globale porte sur les aliments fonctionnels. Il s’agit d’aliments enrichis en ingrédients actifs dans le but d’en améliorer les qualités nutritionnelles. Cela couvre les protéines, lipides, sucres, mais aussi les vitamines, les composants d’huiles essentielles, les antioxydants, les minéraux, les pro-biotiques,… Dans le cadre du projet PCSI, nous voulions remplacer les conservateurs chimiques par des antimicrobiens naturels, qui sont connus depuis longtemps mais peu utilisés dans l’industrie. Leur maigre application dans le secteur industriel tient au fait que ces antimicrobiens sont très volatiles, instables et peu solubles. Cependant, grâce à la nanotechnologie, on peut les insérer dans des nanostructures qui permettent de les protéger, d’augmenter leur degré de solubilité mais surtout de contrôler leur libération dans la matrice alimentaire, ce qui permettrait d’obtenir une action antimicrobienne durable et naturelle. Un autre point très important est que les matériaux à partir desquels nous produisons les nanostructures sont totalement biodégradables. Le remplacement des conservateurs chimiques par des antimicrobiens naturels est une question primordiale non seulement au niveau régional, mais également au niveau mondial.
Nous pouvons même dire qu’aujourd’hui nous poussons la recherche un peu plus loin : une de nos partenaires de l’Université de Carthage a obtenu des résultats innovants sur l’encapsulation d’insecticides dans des nanoparticules, testées sur la conservation des céréales, ce qui ouvre la voie à un nouveau grand projet lié à la conservation des aliments.
Dans l’absolu, notre objectif ultime est de faire interagir nos recherches au niveau universitaire aux applications concrètes en industrie, et dans l’avenir, nous aimerions nous associer avec des industriels.
Quels sont les résultats obtenus jusqu’à présent ?
Nous avons d’abord testé l’utilisation de microbiens naturels encapsulés destinés à lutter contre la principale bactérie responsable de la détérioration du jus d’orange. Après expérience, nous avons remarqué que l’encapsulation du microbien naturel lui permettait d’être plus actif que les conservateurs chimiques.
En termes de valorisation des résultats, nous avons réussi à publier une quinzaine d’articles scientifiques dans des journaux internationaux sur une période de deux ans.
Plusieurs étudiants ont été mobilisés sur ce projet. Que leur a-t-il apporté ?
Nos étudiantes (car ce sont principalement des filles) ont pu se déplacer entre le Liban et la France et ont pu participer à de nombreuses conférences internationales dans divers pays européens, certaines ont même obtenu des prix.
Elles participent à toutes les activités scientifiques liées au projet et quelques unes ont pu bénéficier de bourses de mobilités financées par le projet.
Ce projet a-t-il permis de renforcer les liens entre les différents partenaires impliqués ?
Avant d’entamer le projet PCSI, il existait une collaboration préalable entre les différents partenaires. Cependant, le PCSI nous a permis d’établir un véritable réseau : lorsque nous nous réunissons, nous pouvons faire émerger de nouvelles idées, nous participons à des conférences scientifiques ensemble, nous rencontrons de nouveaux experts francophones, et nos étudiants peuvent travailler dans différents laboratoires grâce à ce réseau. Nous avons également pu rencontrer de nouveaux partenaires potentiels, notamment en Tunisie, avec lesquels nous avons discuté de la possibilité de mettre en place une formation universitaire qui intéresserait les secteurs agricoles libanais et tunisiens.
Comment avez-vous entendu parler de l’AUF et pourquoi vous êtes-vous tournés vers l’agence ?
L’AUF est connue pour son soutien aux activités scientifiques régionales et que les chercheurs font confiance aux processus de sélection opérés par l’agence. Nous nous sommes tournés vers le programme PCSI car ce dernier finance les mobilités entre les partenaires et encourage les projets visant à développer la coopération entre des partenaires internationaux.
Que pensez-vous du rôle de l’AUF au Moyen-Orient dans l’appui à la recherche ?
L’AUF est présente dans tous les événements liés à la vie universitaire libanaise : elle participe aux manifestations scientifiques, elle renforce le rôle des femmes dans le domaine universitaire, elle met en œuvre des programmes doctoraux. Pour toutes ces raisons, l’AUF constitue un précieux pilier de la vie universitaire régionale.