Dans le cadre des mobilités doctorales soutenues par l’AUF Moyen-Orient, Georges El Haibé a préparé sa thèse en archéologie entre l’Université Libanaise et l’Université Lumière – Lyon 2. Sa soutenance a eu lieu le 19 avril.
Nous l’avons rencontré pour parler de son projet intitulé « Les installations périurbaines de la Berytus romaine : Le cas du site MDWR 2 (Mdawar/Beyrouth) ».
En quoi consiste votre projet de recherche ?
Mon projet consiste à étudier le site archéologique MDWR 2 qui se situe dans la zone périurbaine à l’Est de la Beyrouth Antique. Cette zone, longtemps oubliée par les archéologues, a permis d’observer l’expansion de la ville vers l’est et ses changements à travers les périodes. Mon étude informe sur l’expansion de cette ville vers l’est, la longue durée d’occupation de cet espace passant d’un funéraire à agricole, artisanal, culturel puis résidentiel avant son abandon à la fin de la période byzantine.
Ce travail s’inscrit dans un courant en pleine expansion à l’heure actuelle, tant dans les recherches en France, à Lugdunum en particulier, que dans les provinces occidentales de l’empire romain. Sans négliger la fonction funéraire des abords des villes, de nouveaux sujets retiennent l’attention des chercheurs, comme le rôle des axes de circulation et des portes des cités, les différentes activités, religieuses, artisanales, marchandes, horticoles, mais aussi de stockage et d’accueil, et bien sûr aussi les bâtiments qui abritent ces activités et les résidences situées en bordure des villes.
Qu’apporte votre étude de concret à la ville de Beyrouth ?
Mon étude a livré de nouvelles données concernant l’histoire de la ville de Beyrouth. En effet, elle a confirmé l’existence d’un potentiel archéologique important à l’entrée est de Beyrouth décrite par le voyageur perse Nassiri Khosrau au cours du XIe s. apr. J.-C. Dans ces fouilles, la période romaine s’est révélée la plus riche en installations, à l’encontre de l’opinion scientifique générale pour laquelle cette région hors les murs de la Beyrouth/Berytus romaine était considérée seulement comme une nécropole. Les fouilles ont montré l’extension de l’activité urbaine vers ce quartier.
En outre, l’importance de ce site réside dans le fait qu’il a dévoilé un des premiers sanctuaires de la Berytus romaine. Son plan presque complet offre un rare exemple permettant de déterminer ses caractéristiques, les rituels associés, et d’effectuer une comparaison avec les sanctuaires d’Héliopolis, qui faisait partie du territoire de Berytus, et avec ceux des régions voisines. Mon étude est également une des premières présentant un exposé presque complet d’une fouille préventive de Beyrouth, car la plupart des chercheurs ont dû se contenter de publier des rapports préliminaires présentant sommairement leurs résultats.
Encouragez-vous vos collègues à l’Université Libanaise à s’investir dans le domaine de la recherche ?
La recherche scientifique est très importante pour la société. Elle permet aux étudiants et aux chercheurs d’approfondir leurs connaissances. De ma part, j’encourage mes collègues à l’Université Libanaise à s’investir dans le domaine de la recherche, car c’est un point focal pour l’évolution des cultures. Tout en sachant que leurs résultats vont les satisfaire moralement et pas nécessairement financièrement.
Comment avez-vous entendu parler de l’AUF et pourquoi vous êtes-vous tournés vers l’agence ?
L’AUF est déjà connue pour son soutien aux activités scientifiques régionales et aux bourses doctorales. Je me suis tourné vers l’agence grâce à l’Université Libanaise qui m’a proposé une bourse de cotutelle financée par l’AUF.
Que pensez-vous du rôle de l’AUF au Moyen-Orient dans l’appui à la recherche ?
L’AUF joue un rôle très important dans beaucoup d’évènements liés à la vie universitaire. Elle encourage les étudiants et les chercheurs dans les manifestations scientifiques. Dans mon cas, c’est grâce au financement de l’agence que j’ai pu faire des allers et retours, entre Lyon et Beyrouth, pour profiter des bibliothèques et des formations françaises, pour participer à des journées d’études, des stages, des séminaires et des conférences et pour gagner le prix Marie-Jo Chavane 2017.