Focus sur Evens EMMANUEL – Directeur du Collège doctoral d’Haïti (CDH)

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Professeur Evens EMMANUEL est enseignant-chercheur HDR à l'Université de Quisqueya (Haïti). Ancien allocataire de l'AUF, il est désormais le Directeur du Collège doctoral d'Haïti (CDH) qu'il évoque dans cet entretien.
Pr. Emmanuel conserve un engagement fort pour la collaboration inter-universitaire, notamment avec l'AUF. Il est notamment le Président de la Commission Régionale d'Experts du Bureau Caraïbe de l'AUF et Membre du Conseil scientifique de l'Agence.

Pouvez-vous nous parler du Collège Doctoral Haïtien : comment s’est-il constitué ? Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont les ambitions visées ?

Le Collège doctoral multidisciplinaire d’Haïti (CDH) est né des différentes réflexions initiées au lendemain du 12 janvier 2010, sur la nécessité d’adopter de nouvelles stratégies pour la (re)fondation du système universitaire haïtien. Comme vous le savez… il n’existe que très peu d’équipes ou de laboratoires de recherche. Beaucoup de thèses effectuées à l’étranger traitent de problématiques inexploitables ou n’ayant pas d’écho dans le pays. Cette distance par rapport aux préoccupations régionales contribue, dans la grande majorité des cas, au phénomène de fuite de cerveaux. Il importe donc de développer la recherche…moins de 10% des enseignants disposent d’un doctorat.
En considérant le rôle combien important de la recherche dans le développement économique et social des collectivités humaines…les concepteurs et/ou créateurs du CDH, ont pensé que ce dernier pourra modestement et valablement accompagner le pays dans la voie du développement.

Un collège doctoral est avant tout une réunion, une association d’écoles doctorales ou de programmes d’études post-gradués. Il n’a aucune autorité à délivrer des diplômes de doctorat…
Le Collège doctoral multidisciplinaire d’Haïti (CDH) est donc créé en partenariat avec l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) et l’Université Quisqueya (UniQ)…en présence de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et de l’Ambassade de France en Haïti…Il a reçu en juin 2014 la demande d’adhésion de l’Ecole doctorale en télécommunication de l’Ecole Supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH)…

La plus grande ambition visée par le CDH est de permettre à tous les enseignants et enseignants-chercheurs haïtiens en poste, qui ne disposent pas encore du doctorat, de pouvoir le réaliser sur place en travaillant, selon les standards internationaux, sur une problématique pertinente pour le pays. Je suis fermement convaincu que le salut de la République d’Haïti doit inévitablement passer par un enseignant supérieur de qualité et une recherche à la fois innovante et compétitive.

Quel est le soutien de l’AUF à ce projet ?

…Le soutien de l’AUF au CDH est d’ordre financier, technique et scientifique…
Au cours de l’année universitaire 2013-2014, la première année de fonctionnement du CDH, le soutien de l’AUF a permis au Comité de direction d’accorder une aide financière à 20 doctorants, d’organiser plusieurs séminaires de méthodologie générale de la recherche…
Au cours de la deuxième année de fonctionnement du CDH (2014-2015), 23 doctorants(en tout y inclut renouvellement – sic) recevront l’aide financière du CDH, des séminaires de méthodologie spécifique…seront organisés, des ateliers de travail au bénéfice des directeurs et chercheurs des laboratoires de recherche universitaire, l’évaluation scientifique de quatre laboratoires universitaires…ainsi que l’évaluation internationale du dossier de l’Ecole doctorale de l’ESIH.
Ces activités seront réalisées grâce au soutien financier de l’AUF et l’investissement direct des deux universités membres du CDH.

Vous avez vous même un parcours personnel significatif avec l’AUF. Pouvez-vous nous le rappeler ?

C’est un peu difficile pour moi de parler de mon parcours avec l’AUF. Le souvenir de ce chemin vivant enlève tout ce qu’il y a de rationnel dans ma pensée. C’est d’abord de l’émotion, du charnel, du réussi et ce n’est pas trop fort. Ma carrière scientifique doit beaucoup à l’Agence. Ma rencontre avec l’AUF remonte à 1996, alors AUPELF-UREF… Ses premiers enseignements ont conduit au montage et à la création en juin 1998 du laboratoire de Qualité de l’Eau et de l’Environnement (LAQUE) de l’Université Quisqueya…
(J’ai notamment bénéficié avec l’AUF) d’allocations de bourses de recherche et…d’une bourse de thèse de doctorat en sciences de l’ingénieur a l’INSA de Lyon…puis d’un accompagnement au mémoire d’Habilitation à diriger des recherches.
(Je suis) membre de la Commission régionale d’experts du BC de l’AUF depuis avril 2004 que je préside depuis mars 2013…membre du Conseil scientifique de l’AUF depuis novembre 2012 et membre fondateur du réseau de chercheurs en Environnement et Développement Durable de l’AUF.
(L’AUF a enfin soutenu divers projets de formations et de recherche auxquels j’ai participé).
Je me permets de présenter ma gratitude à tous les responsables de l’AUF et à tous les collègues de m’avoir offert la possibilité de servir.

Comment pourriez-vous qualifier la contribution de l’AUF pour les universités haïtiennes et plus généralement pour les universités de la Caraïbe ?

En plus du financement des bourses…des missions d’enseignement et des projets…je peux avancer que la contribution de l’AUF aux universités haïtiennes et plus généralement pour les universités de la Caraïbe est importante. Sur le plan de la gouvernance universitaire, elle permet aux dirigeants de ces universités de créer une instance politique « La Conférence des recteurs et présidents des universités de la Caraïbe (CORPUCA) ».
Dans le cadre de la CORPUCA, l’AUF a contribué entre 2007 et 2012 à quatre importantes activités : Le séminaire sur l’harmonisation des curricula, le séminaire sur l’auto-évaluation des universités, des programmes et des équipes de recherche, le séminaire sur la gouvernance universitaire, l’annuaire des chercheurs de la Caraïbe…

Aussi, quelles améliorations, quelles orientations pourriez-vous suggérer ?

…J’aimerais partager quelques éléments qui peuvent conduire à des projets structurants :

    L’AUF a accompagné pendant plus de 10 ans des jeunes enseignants haïtiens et caribéens dans leur formation doctorale. La majorité d’entre eux sont aujourd’hui en poste dans les universités membres. En Haïti, ils sont impliqués dans la codirection ou le co-encadrement des thèses soutenues par le CDH. Cependant, ils n’ont pas tous obtenu la reconnaissance nationale et internationale voulue. Il me semble important qu’une action soit entreprise pour permettre à ces jeunes chercheurs de valoriser les résultats de leur recherche doctorale, et de bénéficier des mobilités postdoctorales annuelles de courte durée (3 à 6 semaines) dans des laboratoires pour parfaire leur science et développer leur expertise.
    Le CDH n’arrive pas encore à couvrir l’ensemble des disciplines universitaires…la CRE du BC aurait intérêt à se pencher sur un projet de bourses régionales de doctorat plus particulièrement pour les filières non encore explorées par le CDH.

Lire l’intégralité de l’entretien

Date de publication : 23/10/2014

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