La communauté internationale célèbre ce 8 mars, la Journée des droits de la femme sur le thème « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Ingénieure en Réseaux Informatique, Minette Zongo Meyo est la seule femme enseignante du département de mathématiques et Informatique de l'Université de Ngaoundéré. Rencontre avec cette pionnière.
Pourriez-vous nous faire un résumé de votre parcours académique et professionnel ?
Je suis titulaire d’un Baccalauréat série C, d’un diplôme d’Ingénieur en Réseaux Informatique, d’un Master recherche, option Systèmes et Logiciels en Environnements distribués et enfin, en attente de soutenir ma thèse de Doctorat en Communications sans fils appliquées aux réseaux véhiculaires.
J’ai travaillé comme ingénieure en charge de l’infrastructure réseaux de l’Université de Ngaoundéré pendant 6 ans et ensuite j’ai été recrutée comme enseignante-chercheure dans la même université, en Faculté des Sciences, dans le département de Mathématiques et Informatique jusqu’à nos jours. Parallèlement, je suis responsable de la cellule Informatique et des Systèmes d’Information de l’École de Génie Chimique et des Industries Minérales de la même université. Au quotidien, je donne des cours aux étudiants des parcours Licence et Master 1, tout en effectuant mes recherches scientifiques.
Vous êtes ingénieure en informatique. Qu’est-ce qui a motivé ce choix de filière ?
En réalité, depuis l’enfance j’ai toujours été intéressée par les matières scientifiques (surtout physique et mathématiques). À la base, j’avais voulu être pilote car j’étais assez douée en physique, mais face à certaines réalités, j’ai été redirigée vers l’informatique que j’ai tout de suite adopté et aimé.
Quels sont vos défis sur le plan professionnel, à votre poste actuel et pour les années à venir ?
Les défis pour une femme de façon générale dans le monde scientifique, sont énormes. Un peu plus dans les filières scientifiques, et encore plus en informatique car c’est une discipline qui évolue très rapidement, et la moindre « pause » prise peut vous coûter très cher au niveau des compétences. Au quotidien – étant épouse, mère, coach de plusieurs étudiants et suivant des formations en ligne pratiquement tout le temps pour me remettre à niveau, en plus de mon poste d’enseignante – je suis submergée. Je dispose de très peu de temps pour me reposer. En ce qui concerne mon poste actuel, je suis parfois traitée durement. Et pour riposter, je dois travailler je dirai 5 fois plus que mes collègues hommes, pour me faire de la place car toute personne compétente est considérée dans l’environnement professionnel, qu’elle soit désirée ou pas.
Dans les années à venir, je trouve qu’il faudrait que j’établisse des curricula personnalisés qui seront à la hauteur de l’évolution mondiale, tout en restant en ligne de mire avec les missions de l’université, pour pouvoir motiver et encourager les autres femmes à s’engager dans la recherche en informatique. De cette ambition découle l’adoption de nouvelles stratégies pour coacher plus de femmes en Informatique, car c’est un réel défi pour moi. Les femmes ne sont pas toujours enthousiastes à s’engager dans ce domaine au vu des statistiques actuelles et surtout des grands défis à relever.
Que diriez-vous aux jeunes générations de filles qui souhaiteraient s’orienter vers les métiers de l’informatique ?
Je leur dirai la seule chose qui est vérifiée partout : « seul le travail acharné paie ». En effet, ne dit-on pas souvent que « Qui veut aller loin ménage sa monture ? » En informatique, tout comme dans les autres domaines scientifiques je pense, cela s’applique. Il faudrait absolument s’intégrer à des activités communautaires dans leurs établissements car cela les aidera à commencer à exprimer leur créativité assez tôt et aussi à apprendre à travailler en équipe. En effet, aujourd’hui, il existe des groupes extra curriculum scolaires/académiques dans les établissements qui ont des coachs professionnels capables de les instruire. Apprendre à utiliser Internet pour le bien car Internet regorge aujourd’hui de plusieurs ressources gratuites pour apprendre et acquérir des compétences (YouTube, Coursera, Udacity, Fun-mooc, etc.). Sur le plan personnel, il faut croire en soi et surtout rechercher un mentor. Ceci est très important dans le sens où, seule ce ne sera pas évident et on pourra passer beaucoup de temps à chercher une chose qu’un mentor pourra nous apprendre en très peu de temps.
La Journée internationale des femmes est célébrée cette année sur le thème « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». En tant que responsable universitaire, quelle est votre point de vue sur cette question ?
J’espère bien comprendre ce thème, rires ! Avec la pandémie de la Covid-19, il est évident que les femmes sont assez touchées. Car d’autres charges s’ajoutent à celles qui déjà leur revenaient, les travaux ménagers et l’éducation scolaire des enfants entre autres choses. En ce qui me concerne dans mon milieu, en temps de pandémie, ma responsabilité, qui est celle de la mise en place, l’accompagnement et le monitoring dans la didactique du e-learning au sein de la Faculté des Sciences, ne tient pas compte de mon statut de femme mais plutôt de celui d’individu capable de mener à bien cette tâche.
Pour parler de façon généraliste, hors contexte Covid-19, je vous décevrai un peu en disant que la femme ne devrait pas être égale à l’homme d’après moi. Car après avoir passé 10 ans dans ce domaine, je pense qu’il y a des tâches pour hommes que les femmes ne pourraient faire physiquement parlant. Néanmoins, si nous parlons d’intellect, d’égalité dans les postes de responsabilités à occuper par rapport à l’intellect, alors je réclamerai cette égalité ; pas à cause de la pandémie seulement mais en tout temps.