La Conférence des Recteurs de la Région du Moyen-Orient (CONFREMO) et la Direction régionale Moyen-Orient de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), en partenariat avec l'Université de Chypre, organisent la 13ème Assemblée générale de la CONFREMO qui se tiendra les 27 et 28 septembre 2021 en format virtuel.
Organisé à distance en raison de la crise sanitaire, ce rendez-vous sera l’occasion d’aborder plusieurs thématiques d’actualité tels que l’internationalisation et l’entrepreneuriat, mais également d’élire les nouveaux membres du Bureau de la CONFREMO.
A la veille de l’élection d'un nouveau président, retour sur le mandat du Président Essam el Kordi.
Témoignage.
Avec l’achèvement de votre mandat à la tête de la Conférence des recteurs du Moyen-Orient, comment évaluez-vous les deux années qui viennent de s’écouler ? Quelles en sont les principales réalisations ?
Les deux dernières années font partie des années réussies de l’histoire de la CONFREMO. En effet, malgré les défis que le monde entier a rencontrés en raison de la pandémie de la Covid-19, nous avons pu organiser une série d’événements scientifiques et de manifestations culturelles qui ont connu un franc succès et permis de resserrer les liens entre les universités francophones au Moyen-Orient. Il s’agit, en l’occurrence, de :
- La compétition régionale en entrepreneuriat destinée aux étudiants des universités francophones du Moyen-Orient, lancée par l’Université d’Alexandrie le 31 mai 2020 ;
- La deuxième conférence internationale d’Alexandrie sur l’innovation pédagogique et l’apprentissage assisté par les technologies (APITEL) organisée par le Centre des innovations pédagogiques et de l’apprentissage à distance de l’Université d’Alexandrie le 24 et le 25 octobre 2020 sous le titre : « L’apprentissage en ligne : Transformation des cadres de pensée de l’enseignement supérieur à l’ombre de la crise de la Covid 19 ».
- Le webinaire organisé le 6 avril 2021 sous le titre « Gouvernance universitaire et numérique en temps de crise » qui a évoqué les défis de la gouvernance en temps de crise comme la gestion stratégique, la gestion du changement et la transformation numérique ».
- Une série d’ateliers de travail intitulés « Les entités à l’appui des innovations pédagogiques au sein des universités : Les incubateurs d’apprentissage et les laboratoires pédagogiques comme exemple » en collaboration avec le Centre des innovations pédagogiques et de l’apprentissage à distance de l’Université d’Alexandrie dans le cadre de l’activité d’été « Plantez les parasols » organisée au mois d’août dernier. Ces ateliers de travail visent à sensibiliser les membres et les membres auxiliaires du corps enseignant dans les universités du Moyen-Orient à l’importance et aux différents types de structures de soutien à l’enseignement au sein des universités, à élaborer les spécifications relatives à la création de laboratoires pédagogiques et d’incubateurs d’apprentissage selon les besoins de l’établissement concerné par ces structures, et enfin, à proposer des modèles de gestion propres à ces structures.
Dans quelle mesure la CONFREMO joue-t-elle son rôle dans la création de réseaux de communication et d’échange entre les universités ?
La CONREMO joue un rôle au niveau de la création de réseaux de communication et d’échange entre les universités. En effet, la CONFREMO est une vaste plateforme qui réunit les universités francophones du Moyen-Orient pour renforcer les modes d’entente, d’interconnexion et de collaboration entre leurs différents pays à travers les différentes activités et manifestations organisées par la CONFREMO. La CONFREMO est également une fenêtre ouverte sur les pays voisins et contribue à la dissémination de la culture de la connaissance, de l’acceptation et du respect de l’autre. Enfin, la CONFREMO représente l’occasion idéale de diffuser les valeurs de modération, d’harmonie, de tolérance et de paix à travers le dialogue entre les pays membres.
Comment avez-vous relevé les défis de la gouvernance face aux crises successives que traverse la région ?
La pandémie de la Covid-19 a entraîné des défis considérables dans toutes les régions du monde. Comme il s’agit d’une crise transfrontière, la Covid-19 pose un défi de taille au personnel exécutif qui remplit des fonctions essentielles comme la prise de mesures décisives, le traitement d’une quantité faramineuse de données, la prise de décisions cruciales et la coordination avec les différentes parties prenantes. Comme nous nous trouvons à la tête d’une conférence moyen-orientale qui regroupe de nombreux pays du Moyen-Orient, nous avons essayé, du fait de la responsabilité qui nous incombe, de faire face à la pandémie avec efficacité et de parer à toute crise éventuelle en réagissant rapidement. En temps de crise, des erreurs involontaires peuvent se produire, et une certaine période pourrait s’écouler avant qu’il ne soit possible de procéder à une évaluation et à une comparaison globales des stratégies de gestion des crises dans chaque pays. Cependant, le secteur universitaire doit se doter d’une bonne gouvernance qui soit un outil de règlement des conflits entre les membres de l’institution, avec une participation efficace de toutes les parties.
La 13ème assemblée générale de la CONFREMO se fonde sur l’importance de diffuser la culture de l’entrepreneuriat. Pensez-vous que nos universités soient préparées à ce défi à l’heure actuelle ?
L’entrepreneuriat fait désormais partie des domaines essentiels à travers lesquels de nouvelles activités économiques sont créées par le biais des recherches, du développement, de la production, et de la distribution de produits et services innovants. En effet, ces opérations ont entraîné une augmentation du pourcentage de réussite des projets pionniers qui contribuent à l’amélioration du développement économique, la création d’emplois à travers le développement de systèmes de formation intégrés, le soutien et la fourniture d’informations et de données aux entrepreneurs, l’évaluation et le développement des compétences et des capacités individuelles, les consultations, les conseils et l’orientation à large échelle pour permettre la mise en œuvre des connaissances et des innovations.
Les universités et les établissements d’enseignement ont vocation à changer nos vies en formant leurs étudiants à la réflexion innovante, et à créer des opportunités d’entrepreneuriat productives en intégrant l’entrepreneuriat au système éducatif. Les universités permettent de jeter et de consolider les jalons d’une société saine qui construit l’économie de son pays.
Nous estimons que les universités sont pleinement conscientes de l’importance de diffuser la culture de l’entrepreneuriat dans les rangs de leurs étudiants en développant le contenu pédagogique. Ceci est confirmé par la compétition régionale que nous avons lancée en juillet 2020 et qui est la première du genre au Moyen-Orient en matière d’entrepreneuriat. Celle-ci a été gérée, dès le début et jusqu’à l’annonce du résultat final, en ligne, ce qui représente une première dans le monde de l’entrepreneuriat et de la technologie. 83 équipes ont participé à cette compétition, soit un total de 314 étudiants représentant 14 universités membres de la CONFREMO et 6 pays, à savoir le Liban (5 universités), l’Irak (une université), le Soudan (deux universités), Djibouti (une université), la Palestine (une université), l’Égypte (4 universités). Les trois premières places dans cette compétition ont été décernées à des équipes du Liban, d’Égypte et du Soudan.
De plus, les incubateurs sont créés à foison dans les différentes universités du Moyen-Orient pour héberger les start-ups et apporter l’aide technique et financière nécessaire à leur croissance et à leur envol vers le marché local et international pour plus de progrès et de réussite sur tous les plans.
Qu’en est-il de l’internationalisation à l’ombre de la crise ? La crise sanitaire a-t-elle entraîné un progrès dans ce domaine ?
La crise a eu un impact majeur sur l’internationalisation. En effet, les gouvernements dans les différents pays du Moyen-Orient ont adopté une politique d’internationalisation de l’enseignement supérieur en créant des branches d’universités étrangères dans leurs pays afin d’attirer les étudiants et de les encourager à poursuivre leurs études dans le pays au lieu de se tourner vers l’extérieur. Les gouvernements ont œuvré pour faire de leurs pays respectifs des centres d’apprentissage qui attirent les étudiants étrangers. Ce faisant, les gouvernements se basent sur les programmes des branches internationales et obligent les nouvelles universités, ainsi que les universités actuelles désireuses d’ouvrir de nouvelles facultés à nouer des partenariats académiques avec des universités à l’étranger.
De même, les gouvernements ont œuvré, durant la crise, en vue de construire de nouvelles universités publiques et privées, d’augmenter la notation des universités actuelles et d’amener les universités internationales à ouvrir des branches dans les pays du Moyen-Orient. Cela semble être la stratégie idoine pour renforcer les capacités et répondre aux ambitions des étudiants, notamment en bénéficiant des ressources et de la connaissance internationales.
De nombreux pays, dont l’Égypte, ont assisté à la création d’universités publiques internationales telles que l’Université Al Alamein, l’Université Al Jalala, l’université du roi Salmane, l’université de Mansoura, ainsi que la Egypt University of Informatics.
Un dernier mot à l’intention des membres de la CONFREMO ?
A la fin de mon mandat à la tête de la CONFREMO, je tiens à exprimer mes remerciements les plus chaleureux et ma gratitude la plus entière à tous les membres du bureau de la CONFREMO ainsi qu’aux universités membres pour m’avoir soutenu pendant la durée de ma présidence. Ce soutien nous a permis de dépasser ensemble la crise causée par la pandémie de la Covid-19, d’affronter les défis qui l’ont accompagnée et de nous y adapter.
De même, les efforts concertés fournis par l’ensemble des membres de la CONFREMO, leur collaboration et leur compréhension ont contribué à la réussite d’un nombre non négligeable d’activités organisées à distance. En effet, nous souhaitions prouver notre capacité à surmonter la pandémie et notre détermination à donner encore et toujours malgré les circonstances actuelles.
Enfin, je voudrais souhaiter bonne chance au futur Président de la CONFREMO. Je suis confiant qu’il reprendra le flambeau avec brio et qu’il recevra toute l’aide dont il aura besoin des membres du bureau de la CONFREMO et des universités partenaires.