Cristelle Cavalla : La revue Francophonie et innovation à l’université montre la vitalité de la langue dans les universités du monde entier

Cristelle Cavalla est professeure de didactique du FLE et de linguistique et Directrice adjointe de l’Unité de recherche DILTEC (Didactique des langues, des textes et des cultures) de l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Elle est, avec Agnès Tutin et Alice Burrows, l’une des premières rédactrices en chef de la revue « Francophonie et innovation à l’université ». Cette revue a été présentée à l’occasion du colloque « Pour des sciences en français et en d’autres langues » organisé en novembre par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du Ministère de la Culture français. Nous l’avons rencontré pour échanger autour de cette nouvelle revue créée par l’AUF, la DGLFLF et France Éducation International.

Comment s’est fait le lien entre vous et l’AUF ?

Le lien s’est fait grâce à M. Jean-Christophe Bonnissent de la DGLFLF. Il fait partie, depuis un an, du Conseil de gestion du département « Didactique du Français Langue Étrangère » de l’Université Sorbonne Nouvelle et j’en étais alors la directrice.

Comment a été constituée l’équipe des trois rédactrices en chef invitées, dont vous, Agnès Tutin et Alice Burrows font partie ?

Le choix d’Agnès Tutin et d’Alice Burrows s’est fait rapidement pour des raisons différentes. Agnès est spécialiste de l’écrit scientifique en Sciences du langage et Alice est spécialiste de la pédagogie innovante à l’université. J’avais déjà travaillé avec elles sur d’autres projets et j’ai donc pensé pertinent de les réunir dans ce cadre.

Quel a été votre rôle dans la construction du premier numéro de la revue « Francophonie et innovation à l’université » ?

J’ai constitué l’équipe des éditrices puis nous avons travaillé ensemble pour la suite. Étant à Paris avec Alice, nous avons représenté l’équipe lors d’un colloque à France Éducation International. J’ai également eu l’occasion de présenter la revue lors du colloque organisé par la DGLFLF à l’Institut de France en novembre 2019.

Comment a évolué le projet de la revue tout au long de l’année 2019 ?

Il a évolué sur un plan : le choix des articles à publier. Nombres de ceux que nous avions reçus ne correspondaient pas réellement à l’appel et aux attentes du numéro. Nous avons alors sollicité des auteurs que nous savions spécialistes du domaine et qui n’avaient pas vu passer l’appel. Cette méthode a été plus efficace.

Pourquoi ce sujet de la place du français scientifique a-t-il été retenu ? 

Il s’agissait d’une volonté commune de la DGLFLF et de l’AUF pour le lancement de cette revue dont l’objectif est de valoriser le français à l’université de par le monde. Il me semble que ce soit une bonne entrée car elle permet de montrer la vitalité de la langue dans les universités du monde entier.

Quelles sont les principaux enseignements ou conclusions de ce premier numéro ?

Nous pouvons en conclure que beaucoup d’innovations pédagogiques se font pour l’enseignement du français à l’université de par le monde, mais que ces expérimentations et réflexions ne sont pas assez diffusées. Les articles révèlent que beaucoup de chercheurs travaillent à ce sujet et qu’il faudrait réussir à rassembler d’un côté les descriptions linguistiques afin de réfléchir, d’un autre côté, à leur didactisation. Nous commençons à avoir de nombreuses descriptions mais trop éparpillées à mon goût et donc les enseignants n’y ont pas forcément accès pour leurs enseignements.

Par quel article avez-vous été surprise dans ce premier numéro de la revue ?

Il est difficile de citer un seul article car plusieurs ont retenu mon attention à plusieurs niveaux : soit en linguistique avec des descriptions précises d’éléments importants concernant l’écriture scientifique, soit en didactique avec des expérimentations forts pertinentes pour l’enseignement des langues.

En quoi la revue « Francophonie et innovation à l’université » est utile aux départements de langue française ?

Une revue consacrée à la francophonie à l’université est très pertinente car elle permet un lien concret entre le terrain et les recherches. J’espère qu’elle sera bien diffusée et que les enseignants concernés pourront y avoir accès. Je souhaite aussi (c’est la période des vœux !) que cela permettra davantage d’échanges entre les enseignants et les enseignants-chercheurs et que les réflexions de chacun pourront servir à toute cette communauté.

Que diriez-vous de la diversité des points de vue francophones par rapport à la thématique du numéro ?

Il me semble que les points de vue divergent culturellement, mais sont en fait très proches quant aux objectifs didactiques. Les cultures représentées dans ce numéro permettent de voir une certaine homogénéité dans l’objectif d’un enseignement du français scientifique pour une communication internationale efficiente. Tant les enseignants que les enseignants-chercheurs auteurs des articles, cherchent à aider les étudiants à comprendre la science en français afin de dialoguer plus encore avec des chercheurs francophones du monde entier.

Où avez-vous déjà présenté la revue ?

Je l’ai présenté au laboratoire DILTEC EA2288 et au colloque PERL2019. J’ai diffusé l’information sur les réseaux sociaux de la recherche (HAL, ResearchGate et Academia) et j’ai déjà eu des retours très positifs.

Quelles sont les évolutions actuelles des départements de langue française dans le monde ?

Vaste question ! je ne connais pas tous les départements du monde mais je peux dire qu’il y a un mouvement de prise de conscience de la nécessité d’enseigner le français scientifique – et au sens large, le français professionnel – et plus seulement la littérature française. Certains départements dans le monde ont vu leurs effectifs chuter drastiquement ces dernières années souvent à cause de cet ancrage trop littéraire. En revanche, dès qu’ils offrent d’autres entrées autour du français, comme le français scientifique, alors les étudiants sont de retour. Dernièrement, cela se diffuse aux États-Unis.

Quelles sont les attentes des étudiants et des enseignants-chercheurs ?

Cette question rejoint la précédente. Il semble que les étudiants souhaitent une entrée d’abord pragmatique pour apprendre une langue. Le français doit d’abord leur ouvrir des portes professionnelles puis culturelles. Les étudiants vont alors se diriger vers des cours de français scientifique de leur discipline afin d’avoir accès à des articles en langue originale, ou des cours de français professionnel pour ouvrir leurs compétences à d’autres cultures, d’autres pays. La culture est alors introduite dans les cours d’abord dans leur cadre scientifique ou professionnel (quel auteur français parle de biologie ou de chimie dans un roman par exemple), puis elle s’étend à d’autres domaines. Les enseignants-chercheurs attendent, peut-être, quant à eux, que les universités reconnaissent cette nécessité et donnent leur accord pour modifier les programmes et ouvrir de tels cours aux étudiants. Ils attendent aussi certainement que des crédits leurs soient alloués pour développer de telles formations et mettre en place des recherches dans ce sens ainsi que des accords avec des partenaires de par le monde.

Qu’avez-vous pensé de cette construction collaborative entre les rédactrices en chef, l’AUF, la DGLFLF et France Éducation International ?

Je n’en pense que du bien ! Les trois institutions se complètent me semble-t-il et ne peuvent que poursuivre une telle collaboration d’abord pour elles-mêmes puis pour les universités qui pourraient alors interagir avec les trois simultanément pour des projets notamment.

Revue Francophonie et innovation à l’université

Cette revue s’adresse à la communauté scientifique francophone (étudiants, doctorants, enseignants-chercheurs…) et propose des regards sur l’actualité francophone, l’expertise, la veille et l’innovation à l’université.
Elle fait appel à des experts, enseignants et lecteurs sur une thématique donnée pour diffuser largement des recherches scientifiques en didactique des langues, sociolinguistique, linguistique… autour de la francophonie. Chaque numéro est sous la responsabilité d’une rédactrice ou d’un rédacteur en chef invité(e).

Pour accéder à la revue en format pdf : cliquez-ici

 

Date de publication : 20/01/2020

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