« Nous réfléchissons actuellement à mettre en place de nouveaux services » autour des campus numériques francophones dans la région Vietnam, Laos et Cambodge, avec notamment des formations pour aider les étudiants de ces pays qui partent dans les universités de l’espace francophone à s’installer dans les pays d’accueil, indique fin mars 2012 Olivier Garro, Directeur régional du bureau Asie-Pacifique de l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie) rencontré lors d’un voyage de presse organisé par l’Agence. Pour faciliter la mobilité, l’AUF proposera ainsi un accompagnement « autour de l’aspect culturel de l’arrivée dans le pays », par exemple pour savoir prendre les transports, régler les modalités administratives à la préfecture, etc.
Les campus numériques de l’AUF dans la région seront également utilisés pour mieux former les étudiants au français ou encore les préparer à un nouveau contexte d’étude : un étudiant habitué à apprendre par cur comme c’est le cas en Asie du Sud-Est doit s’adapter à une autre pédagogie lorsqu’il arrive dans un laboratoire « avec 200 personnes qui travaillent en autonomie ». De nouvelles formations seront mises en place « dans les deux ans », les campus numériques devenant « des lieux d’accueil pour former aux métiers », ajoute Olivier Garro. Ils sont jusqu’à présent « des petits campus où les étudiants trouvent principalement de l’information scientifique et technique », la formation à distance ne figurant pas parmi les attentes exprimées.
APPUI AUX UNIVERSITÉS ET BOURSES
(…) L’activité de l’AUF « se concentre sur quatre grands domaines scientifiques », soit la santé, les sciences pour l’ingénieur (informatique et génie civil, un peu de physique-chimie), les sciences humaines et sociales (économie, droit) et le français.
(…) L’AUF apporte « un appui aux universités qui ont des filières de formation bilingue, jusqu’à la licence généralement, un appui à la formation troisième cycle avec des masters uniquement en français et des doctorats ». Pour cela, l’AUF propose des bourses à raison d’une cinquantaine par an au niveau doctorat, une soixantaine pour des étudiants qui partent dans le monde suivre un master, et une centaine de « bourses régionales pour que des laotiens, cambodgiens, chinois, etc. s’inscrivent en master au Laos, Cambodge, Vietnam) ». L’AUF compte 40 filières et 23 masters francophones dans la région, avec environ 500 diplômés par an dans les filières bilingues francophones au niveau licence.
L’investissement de l’AUF dans la région représente une dépense de deux millions d’euros, une filière francophone nécessitant en moyenne un budget de 5 000 euros par an et environ 250 bourses sont financées par an pour environ 800 000 euros. Une bourse de master « international » pour des étudiants non ressortissants de la région coûte de 8 à 9 000 euros par an, une bourse de master « régional » 3 000 euros par an et une bourse « doctorale » 10 000 euros par an.
« Nous créons des petites poches de francophonies dans différents domaines », et l’AUF uvre à susciter « des liens avec d’autres universités francophones », ajoute Stéphane Grivelet, directeur délégué à la politique scientifique au bureau Asie-Pacifique de l’agence. L’AUF vient ainsi de « signer le montage d’une filière francophone en architecture avec l’université de Strasbourg, l’université de Laval et l’école supérieure de génie civil du Vietnam ». Une coopération est lancée entre l’université Lyon-III et l’université de Yaoundé-II (Cameroun) autour d’un « master francophonie et mondialisation », avec l’académie diplomatique du Vietnam à Hanoï. Autre projet en cours, un « master sur les énergies renouvelables » avec un appel à projet lancé vers les universités avec l’ENS Cachan, l’institut polytechnique de Hanoï, l’institut polytechnique du Cambodge.
PARTENARIATS UNIVERSITAIRES INTERNATIONAUX
« Nous essayons toujours d’introduire une partie multilatérale, en faisant en sorte que les projets soient régionaux avec plusieurs universités et que plusieurs pays y prennent part », reprend Olivier Garro. Il note une « croissance du nombre de projets ». Stéphane Grivelet ajoute que « les jeunes professeurs francophones ont souvent été formés par l’AUF dans les années 1990 ». Dans cette région du monde qui couvre environ la moitié de la population mondiale avec l’Inde et la Chine, l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) dénombre 2,5 millions de francophones sur le Vietnam, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et la zone Pacifique, note Olivier Garro, soit « 2 % des francophones du monde ».
Dès lors, quel intérêt à promouvoir le français ?, interroge Olivier Garro. « Ici, le monde se construit, les choses évoluent très vite, et nous avons tout intérêt à nous positionner en construisant une francophonie de qualité, en nous positionnant à un niveau d’influence ». Ainsi, souligne-t-il, l’AUF est présente sur le Vietnam depuis 20 ans et « a contribué à former des milliers de personnes maintenant à des postes haut placés ».
« Des établissements mettent en place des formation francophones car le français est reconnu comme une langue pour laquelle les formations sont de qualité, avec des partenaires comme les universités françaises qui sont reconnues de bon niveau », constate Olivier Garro. « Il y a aussi des raisons historiques, et des habitudes longues de coopération avec les universités françaises ». Le français est ainsi considéré comme une langue des « élites », avec en particulier au Cambodge une obligation pour les étudiants en santé de se former au français et des fonctionnaires qui apprennent tous cette langue.
Source :
Extrait de la dépêche n°164813 du 10 avril 2012
Cyril Duchamp
AEF : http://www.aef.info