En étroite collaboration avec The Lebanese Center for Energy Conservation (LCEC) du Ministère de l'énergie et de l'eau, le Bureau Moyen-Orient de l'Agence universitaire de la Francophonie a organisé, à l'occasion de son 20ème anniversaire, une session francophone sur la « Transformation des déchets en énergie ». Cette session, organisée dans le cadre de la 4ème édition du Beirut Energy Forum, s'est tenue le 27 septembre 2013 à l'Hôtel Le Royal – Dbayeh (Liban) devant une salle comble.
La Directrice du Bureau Moyen-Orient de l’AUF, Salwa Nacouzi, a ouvert la session en remerciant le LCEC de sa collaboration et en saluant la présence du professeur Edmond Abi Aad, Vice-Président chargé des relations avec les territoires, le monde industriel et économique à l’Université du Littoral Côte dOpale (ULCO) et modérateur de la session, de Mira Skaf et Samer Aouad, intervenants et universitaires, ainsi que de Lina Assi, représentant le Ministère de l’Industrie, Samar Malek, représentant le Ministère de l’Environnement, et Dominique Salameh, responsable du programme environnement de l’ONG « Arcenciel », tous venus apporter leur expertise et enrichir le débat. Elle a également souligné l’importance de la problématique traitée lors de la session et ses enjeux pour le Liban et la région.
Mira Skaf, jeune doctorante à l’Université de Balamand et à l’ULCO, a présenté ses travaux qui portent sur la transformation des déchets organiques en méthane, avec une étude de faisabilité sur la ville de Zahlé. Elle a notamment expliqué que la ville et ses exploitations agricoles produisaient près de 300 tonnes de déchets par jour. Grâce au processus de méthanisation, cette quantité journalière pourrait générer jusqu’à 50 000 m3 de méthane et subvenir à la consommation annuelle de centaines d’habitants. Mme Skaf a démontré qu’il s’agissait d’un projet rentable, avec des recettes estimées à 4,15 millions de dollars annuels, assurant un amortissement rapide des investissements, estimés quant à eux à 15,6 millions de dollars.
À la recherche appliquée a fait écho la recherche fondamentale, clé de voûte incontournable du transfert de technologies sur le terrain. Dans son intervention, Samer Aouad, enseignant chercheur, a exposé les dernières avancées de l’Université de Balamand sur la production d’hydrogène via la valorisation de la biomasse, notamment le savoir faire acquis par son laboratoire en termes d’optimisation des paramètres du procédé.
A l’issue de ces deux présentations, de nombreuses questions impliquant le public ont été soulevées et débattues. Samar Malek a ainsi eu l’occasion d’apporter des éclaircissements sur l’appartenance et la propriété des déchets à leur différents stades de parcours (lieu de génération, benne à ordure, trajet, etc.). Pour sa part, Lina Assi a donné un ordre de grandeur des quantités de déchets industriels générés et souligné la présence importante de métaux lourds dans ces derniers. A son tour, Dominique Salameh a insisté sur la nécessité d’un tri sélectif (déchets ménagers, industriels, à risque, hospitaliers. etc.) pour éviter toute contamination qui rendrait le traitement quasi inutile. Selon lui, le problème n’est plus de trouver des solutions techniques mais de trouver des acteurs prêts à organiser le tri à grande échelle. S’appuyant sur l’expérience d’Arcenciel dans le domaine du tri, il a insisté sur la nécessité de réunir les conditions suivantes pour un tri réussi : la définition d’un cadre juridique claire, l’initiation au tri et la création de filières de tri. Il a conclu son intervention en expliquant qu’il existe aujourd’hui au Liban un grand potentiel en termes de matière à revaloriser, mais que ce potentiel est sous utilisé et que l’industrie du recyclage est d’ores et déjà saturée.
Ce débat croisant recherche fondamentale et transfert, et les nombreuses questions suscitées auraient aisément mérité une heure de prolongation et à ce titre sera certainement à nouveau repris lors des Secondes Journées Franco-Libanaises de la recherche organisées fin octobre à Dunkerque par l’ULCO, grâce au soutien du modérateur de cette session francophone, Edmond Abi Aad, expert actif en France et au Liban dans le domaine.
La session francophone a été clôturée par un tirage au sort et l’AUF a ainsi offert un ordinateur portable.
Pour rappel, le programme de la session francophone « Transformation des déchets en énergie » :
Modérateur :
Edmond ABI-AAD, Professeur, Vice-Président chargé des relations avec les territoires, le monde industriel et économique, Université du Littoral Côte dOpale (ULCO), France
Intervenants :
Intervention sur « La transformation des déchets organiques en biogaz pour la production délectricité : Étude de cas sur la région libanaise de Zahlé » par Mira SKAF, Doctorante Université de Balamand- Université du Littoral Côte d’Opale, Liban
Intervention sur « La production d’hydrogène via la valorisation de la biomasse par reformage catalytique de l’éthanol et du méthane » par Samer AOUAD, Enseignant chercheur, Faculté des sciences, Université de Balamand, Liban
Discutants :
Lina ASSI, Ingénieur Agro-alimentaire, département des Études Techniques, Ministère de l’Industrie, Liban
Samar MALEK, Juriste, département juridique, Ministère de l’environnement et Professeur de droit de l’Environnement à l’Université Saint-Joseph et à l’Académie Libanaise des Beaux Arts, Liban
Dominique SALAMEH, Enseignant chercheur, Faculté des sciences, Université Saint-Joseph et responsable du programme environnement d’Arcenciel, Liban