Rasha Hattab : l’essor de la francophonie dans les pays du golfe dépend de la valorisation de ses avantages

IMG_2070

Au sein de l’Université de Sharjah, le Centre de la Francophonie joue un rôle clé dans la promotion de la langue française dans les études juridiques. Sous l’impulsion de sa directrice, Rasha Hattab, le Centre développe des projets ambitieux mêlant recherche, coopération universitaire et événements culturels. Malgré les défis liés à la prédominance de l’anglais et de l’arabe, il s’efforce de créer un véritable écosystème francophone. Grâce à des partenariats internationaux, des publications académiques et la création d’un club étudiant, le Centre se positionne comme un pôle d’excellence académique. La tenue de la Conférence régionale des Recteurs du Moyen-Orient a également renforcé sa visibilité et ses ambitions.
Témoignage de Rasha Hattab, qui revient sur les enjeux et les perspectives de la dynamique francophone aux Émirats Arabes Unis.

– Quelles sont les missions principales du Centre de la francophonie au sein de l’Université de Sharjah ? Et quels sont ses projets actuels pour promouvoir la francophonie juridique ?
Le Centre de la Francophonie de l’Université de Sharjah a pour mission principale de développer la recherche scientifique sur les systèmes juridiques francophones tout en promouvant la langue française dans les études juridiques et académiques. Il encourage la recherche en français à travers la publication du Journal des Sciences Juridiques francophones et le renforcement des collaborations avec des partenaires comme l’Institut international du droit d’expression et d’inspiration françaises (IDEF), l’Alliance Française de Sharjah et l’AUF.
Parmi ses projets actuels, le Centre facilite la mobilité académique des enseignants et des étudiants grâce à des conventions académiques avec des universités francophones, comme celles signées récemment avec l’Université du Luxembourg et l’Université de Sousse. Il organise également des conférences, colloques et ateliers en français tout au long de l’année, pour renforcer la place du français dans le débat scientifique.
De plus, en collaboration avec l’Alliance Française de Sharjah, il propose des cours de français pour encourager l’apprentissage de la langue et élargir son usage dans le domaine juridique.
Enfin, un club d’étudiants francophones vient d’être créé afin d’encourager les échanges en français et de renforcer la communauté francophone au sein de l’université. Ces initiatives visent à renforcer la présence du français à l’Université de Sharjah et à développer un pôle d’excellence en francophonie juridique dans la région.

– Quels sont les principaux défis que vous rencontrez pour promouvoir la francophonie parmi les étudiants de l’Université de Sharjah ?
Promouvoir la francophonie à l’Université de Sharjah est un défi, car le français est en concurrence avec l’anglais et l’arabe, largement dominants dans l’éducation et le marché du travail aux Émirats. Les étudiants perçoivent souvent le français comme une langue seconde, avec peu d’avantages concrets pour leur avenir. De plus, les ressources académiques en français sont limitées, et il manque un environnement immersif pour pratiquer la langue au quotidien. L’absence de visibilité des opportunités académiques et professionnelles dans l’espace francophone réduit aussi l’engagement des étudiants. Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel d’organiser des événements interactifs, d’établir des partenariats avec des institutions francophones, et de mieux valoriser le français comme un atout dans des secteurs stratégiques comme le droit et la diplomatie.

– Quels sont, selon vous, les enjeux et les perspectives du développement de la francophonie dans les pays du Golfe en général, notamment en termes d’enseignement supérieur, de coopération et d’opportunités de travail ?
Le développement de la francophonie dans les pays du Golfe repose sur plusieurs enjeux majeurs. D’une part, l’enseignement supérieur doit surmonter la prédominance de l’anglais en intégrant davantage de programmes francophones et en renforçant les échanges avec les universités françaises et francophones. D’autre part, la coopération entre les institutions académiques et économiques francophones et les pays du Golfe est essentielle pour créer des opportunités concrètes, notamment dans les secteurs du droit, de la diplomatie et du commerce. Enfin, bien que le marché du travail soit largement anglophone, certaines entreprises et organisations internationales basées dans la région recherchent des compétences en français, notamment dans le tourisme, la traduction et les relations internationales. La francophonie a donc un potentiel stratégique, mais son essor dépendra de la valorisation de ses avantages et de la création de passerelles entre formation et emplois.

– La Conférence régionale des Recteurs du Moyen-Orient C2R tenue au sein de l’Université de Sharjah a-t-elle renforcé la visibilité du Centre de la francophonie ? Et quel a été l’impact de cette conférence pour l’Université ?
La Conférence des Recteurs du Moyen-Orient (C2R), tenue à l’Université de Sharjah, a incontestablement renforcé la visibilité du Centre de la Francophonie en mettant en avant son rôle clé dans la promotion du dialogue académique francophone, grâce à une collaboration étroite avec l’AUF. La participation de recteurs et de représentants d’une cinquantaine d’universités de la région a souligné l’importance du multilinguisme dans l’enseignement supérieur et ouvert des perspectives de coopération entre institutions francophones.
Pour l’Université de Sharjah, cette conférence a eu un impact significatif en consolidant son positionnement comme pôle d’excellence académique et en renforçant ses partenariats internationaux. Elle a également favorisé les échanges sur les meilleures pratiques en matière d’enseignement et de recherche, tout en encourageant le développement de cursus adaptés aux exigences du marché du travail. En mettant en lumière l’importance d’une éducation diversifiée et ouverte sur le monde, cet événement a contribué à façonner une vision innovante de l’enseignement supérieur dans la région.

– Quels sont vos projets en lien avec l’espace francophone pour les prochains mois ?
Dans les mois à venir, le Centre de la Francophonie de l’Université de Sharjah intensifiera ses initiatives pour renforcer son engagement francophone.
Sur le plan académique, il prépare sa conférence biennale prévue en janvier 2026, un événement inédit réunissant des experts en droit pour débattre des enjeux juridiques contemporains et favoriser la coopération académique. Le 5 mai, il accueillera une délégation de la Faculté de droit de l’Université du Luxembourg afin de concrétiser le partenariat académique. Une journée scientifique sera organisée, offrant aux professeurs des deux institutions un espace d’échange sur des thématiques d’actualité.
Sur le versant culturel, le Centre célébrera la Journée Internationale de la Francophonie le 23 avril en partenariat avec l’Alliance Française de Sharjah et l’Institut Français aux EAU. Des ateliers et concours seront organisés pour promouvoir le français, avec à la clé un voyage linguistique de deux semaines à Vichy pour le lauréat. Enfin, le Centre entreprendra l’intégration du club des étudiants francophones de l’Université de Sharjah au réseau CLEF de l’AUF, offrant ainsi aux étudiants un cadre dynamique d’échange et de collaboration internationale. À travers ces initiatives, le Centre affirme son rôle de moteur du rayonnement de la francophonie dans la région.

Date de publication : 07/04/2025

Dans votre région

Séminaire régional des départements universitaires de français du Moyen-Orient
Lire la suite
Collaboration en recherche scientifique Québec – Liban : résultats de la 3ème cohorte
Lire la suite
13ème édition du « Choix Goncourt de l’Orient » : le prix est décerné à « Jacaranda » de Gaël Faye
Lire la suite

Ailleurs à l'AUF

Publication scientifique : « Ces défis sont des sources de motivation »
Lire la suite
Projet APNUMAQ « Accompagnement de la consolidation des politiques nationales de transformation numérique au service de l’amélioration de la qualité de la formation et de la gouvernance universitaire en Asie-Pacifique »
Lire la suite
Hô Chi Minh-ville : atelier « Publication scientifique » 2025
Lire la suite