L'Institut Français du Liban et le Bureau Moyen-Orient de l'AUF ont réuni le 31 octobre dès 10h00, au Salon du Livre francophone de Beyrouth, le Grand jury étudiants composé de 18 étudiants représentant les jurys des départements de français de 16 universités du Moyen-Orient (Égypte, Liban, Irak, Syrie, Palestine) sous la présidence de l’écrivain Hyam Yared et la vice-présidence du journaliste Iskandar Habache, pour choisir le "Choix de l'Orient" de la sélection Goncourt 2012. Pour en savoir plus : Le blog
La genèse de cette manifestation
À l’issue de la délibération à huis-clos du Grand Jury, le lauréat du Prix « Liste Goncourt/le choix de l’Orient » 2012 a été annoncé vers 13h00 à l’Espace Agora du Salon et également retransmis en visioconférence à Alexandrie, Gaza, Mossoul et Tripoli, en présence de Son Excellence le Ministre de la Culture, M. Gaby Layoun, Son Excellence l’Ambassadeur de France au Liban, M. Patrice Paoli et le Représentant de Son Excellence le Président de la République pour la Francophonie M. Khalil Karam ainsi que les membres de l’Académie Goncourt.
En arabe puis en français, le Grand Jury étudiant devant la presse et environ 200 personnes venues spécialement pour assister à ce spectacle régional culturel inhabituel a proclamé « La Rue des Voleurs » de Mathias Enard « Liste Goncourt/le Choix de l’Orient » 2012. Ce prix a été décerné au troisième tour de vote à dix voix contre huit pour « L’enfant grec » de Vassilis Alexakis.
Le Grand jury précise dans son communiqué : « Notre choix s’est porté sur ce livre pour la finesse psychologique des personnages en constante évolution avec l’écriture et le fil conducteur narratif qui tient en haleine, pour l’approche humaniste de l’auteur qui place la liberté au dessus des liens familiaux et religieux, pour le thème de l’errance qui amène inévitablement les questions de l’identité plus que jamais actuelles, pas seulement dans le monde arabe mais aussi bien en orient qu’en occident, pour le multiculturalisme de Lakhdar qui dans le roman, se considère comme un citoyen dans une contemporanéité indéniable. Ce qui nous a également touchés c’est l’accessibilité de la langue et la facilité pour des lecteurs arabes de s’identifier à un héros déboussolé à l’ère du printemps arabe. »
Emportés par le débat sur leur Choix, les étudiants estompent les clivages socio-culturels et tissent au nom de la démocratie, tout au long du débat, des liens culturels, linguistiques et humains. «Ces jeunes mont appris à lire avec amour et non pas avec des préjugés. Et cest de lamour dont on a besoin dans le monde arabe. Pas de la violence.» affirme Iskandar Habache, vice-président du Grand jury.
Salwa Nacouzi, émue et fière de la jeunesse universitaire moyen-orientale ajoute « Ce que vous avez vu, entendu et suivi aujourd’hui représente l’état actuel de notre jeunesse arabe francophone ; une jeunesse qui mérite d’être admirée pour son potentiel, sa capacité critique, sa lucidité, son niveau de culture et de langue. »
Également émus, les membres de l’Académie Goncourt ont été étonnés du niveau linguistique et culturel de cette jeunesse ainsi que de son esprit critique. Bien que tous les membres du Grand jury assument Le Choix de l’Orient, chacun a affirmé sa sensibilité et sa divergence, tous ont évoqué la riche « engueulade » de leur débat à huis clos. Une telle lucidité a été remarquée par Pierre Assouline.
« La rue des voleurs » disponible dans les librairies portera désormais le bandeau du Choix de l’Orient 2012.
Cette 1ère édition est le commencement d’une belle aventure, déjà dans l’esprit des 200 jeunes qui se sont mobilisés pour cet évènement inédit et plein d’espoir.