Entretien du Recteur de l’AUF à An-Nahar

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Cet article a été traduit de l'arabe.

« L’Agence universitaire de la Francophonie collabore avec 804 établissements d’enseignement supérieur partenaires. Bernard Cerquiglini à An-Nahar : « Nous nous concentrons sur la recherche et évitons les dédales de la politique » »

Recteur AUF An-Nahar

Bernard Cerquiglini accorde un entretien à An-Nahar (Photo : Marwan Assaf)

Par Rosette FADEL

Le 7 mars 2015

En marge de sa participation à la cérémonie d’ouverture officielle du Mois de la francophonie vendredi, le Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, le Professeur Bernard Cerquiglini, a accordé un entretien à An-Nahar dans lequel il évoque la stratégie d’action des 11 Bureaux de l’Agence qui compte 804 établissements universitaires partenaires issus de 102 pays de l’espace francophone, et insiste sur la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et sur la promotion du concept de formation à distance.

Bernard Cerquiglini a abordé d’emblée la question du budget de l’Agence, touché par la crise financière mondiale. Il affirme : « Le soutien apporté par certains pays à l’Agence a reculé de 25% environ en raison de la crise ». Il s’est attardé sur les ressources « traditionnelles » d’appui à l’AUF, à savoir les cotisations versées par les établissements partenaires et la contribution de certains États comme la France, le Québec, la Belgique, le Liban, etc., ajoutant : « Nous avons établi un programme pour mobiliser de nouvelles ressources pour l’Agence. Ceci passe essentiellement par la mise en œuvre des accords de partenariat conclus avec les bailleurs de fonds internationaux comme les Nations Unies et la Banque mondiale ».

Loin du langage des chiffres, M. Cerquiglini s’est arrêté sur la feuille de route de l’AUF qui a soutenu par le passé des établissements universitaires divers et les a accompagnés dans l’instauration de fondations solides pour leur action administrative, académique et estudiantine, l’octroi de bourse d’études, etc. Selon lui, l’AUF a atteint une étape importante de son existence en devenant un exemple à émuler de par son expérience. M. Cerquiglini a parlé d’une langue unificatrice, commune aux partenaires de l’AUF, le président d’une université au Liban et le Président d’une autre en Afrique visant nécessairement à exécuter des programmes en matière de renforcement de la gouvernance, de la qualité de l’enseignement et de la recherche scientifique. Il a attribué la réussite de l’AUF et son expansion mondiale au fait que celle-ci ne s’est pas engagée dans les dédales de la politique. Il ajoute : « Nous avons fait de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique commune une langue unique et unifiée entre les pays ».

Le Recteur de l’AUF a lié cette langue commune à la nécessité de renforcer et de disséminer les valeurs de la francophonie entre les partenaires. Il déclare : « La francophonie ne concerne pas uniquement la dissémination de la langue française, mais elle se base aussi sur le renforcement de valeurs communes comme le respect de la diversité culturelle et la propagation des notions de solidarité, de fraternité et d’humanité entre les partenaires ». À la question de savoir si ces valeurs sont propres à notre époque, il répond : « La politique n’a jamais constitué un obstacle à la collaboration entre les chercheurs des universités d’Égypte et d’Iran autour d’un projet scientifique sur la situation de l’eau dans les deux pays. Nous avons pu réunir des chercheurs sur la base d’un projet scientifique. Tel est le secret de notre réussite ».

Sur la situation de ces valeurs dans les zones de conflit, il affirme : « Si l’on prend l’expérience de la ville de Damas, on constate que les responsables du CNF œuvrent afin d’organiser une école d’été pour les étudiants inscrits dans des universités francophones. Le CNF a constitué des groupes d’étudiants pour mener des recherches communes, ce qui va dans le sens des valeurs de la francophonie. Concernant le Bureau Moyen-Orient de l’AUF, Bernard Cerquiglini a exprimé son amour pour le Liban et son désir de s’y rendre. Il affirme que sa visite-éclair à Beyrouth a été riche en rencontres, notamment avec les présidents et recteurs des universités francophones partenaires de l’AUF. Il a salué l’importance du Prix « Liste Goncourt / Le Choix de l’Orient », organisé par l’AUF, dans le cadre duquel des universitaires du Moyen-Orient choisissent les meilleurs auteurs et s’engagent dans un dialogue académique scientifique qui a prouvé son efficacité.

Le Recteur de l’AUF a également abordé les initiatives lancées par le BMO avec un groupe de partenaires, notamment l’élaboration d’un programme pour un site électronique permettant de relier le marché du travail à des disciplines non conventionnelles en Syrie, au Liban et en Égypte. Il a insisté sur le fait que ce programme ouvre des horizons scientifiques garantissant des opportunités de travail aux jeunes diplômés.

M. Cerquiglini a salué le rôle joué par la Présidente du Conseil scientifique de l’AUF, Mme Dolla Sarkis Karam, qui évalue, avec des membres du Conseil, l’évolution du travail et sa compatibilité avec les critères scientifiques en vigueur. Il a assuré que l’AUF est en faveur de l’instauration d’un parcours de la recherche scientifique fondé sur la constitution de groupes de recherche de disciplines différentes pour traiter la question sous tous ses angles. Le Recteur a également insisté sur les efforts inlassables visant à redynamiser la formation à distance qui semble constituer un besoin pressant pour de nombreux pays connaissant une surpopulation comme la Côte d’Ivoire, Djibouti et l’Égypte. Il s’est attardé sur un programme spécial en cours d’élaboration pour l’établissement d’une loi sur la formation à distance au Liban.

À la fin de son propos, M. Cerquiglini a exprimé son attachement au bon déroulement du programme relatif aux femmes francophones entrepreneures sous la férule de Dr. Leila Saadé. Il a estimé que le programme nécessite un lobbying qui se traduirait par une campagne visant à augmenter les chances de désignation des femmes à la tête d’un établissement universitaire. Il s’est dit confiant qu’un jour, les femmes qui ont eu cette chance en France et au Canada, constitueraient le noyau de ce réseau pour donner un élan à cette revendication légitime qu’il souhaite concrétiser avant la fin de son mandat en décembre prochain.

rosette.fadel@annahar.com.lb

Twitter : @rosettefadel

En savoir plus

L’entretien de Bernard Cerquiglini à An-Nahar (version originale en langue arabe)

Date de publication : 10/03/2015

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