Alain Chebly est enseignant-chercheur en génétique à la Faculté de Médecine de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Aux côtés de Rania Kassir, jeune chercheuse, il a remporté le prix AUF Dolla Karam Sarkis, dans sa première édition, pour son projet de recherche sur les mécanismes épigénétiques responsables de l’activation de la télomérase, une enzyme clé dans le développement de nombreux cancers.
Retour sur son parcours et son engagement scientifique.
Que représente pour vous l’obtention du Prix AUF Dolla Karam Sarkis et en quoi son parcours et son engagement dans la recherche vous inspirent-ils ?
Recevoir ce prix est un honneur, d’autant plus qu’il porte le nom de la Professeure Dolla Karam Sarkis, qui fut mon enseignante et une figure marquante dans le domaine de l’enseignement et de la recherche. Son engagement et son parcours exemplaire sont une source d’inspiration. Ce prix représente une grande reconnaissance du travail accompli au sein de mon équipe, et un encouragement à poursuivre les travaux de recherche avec encore plus de détermination. Dans un contexte difficile pour la recherche au Liban, cette distinction me motive à persévérer et à contribuer au progrès scientifique, en mettant la lumière sur l’importance de la génétique et de la biologie moléculaire dans la compréhension et la prise en charge des maladies.
Pouvez-vous nous parler de votre domaine de recherche et des principales problématiques que vous explorez ?
Mes travaux de recherche s’articulent autour de la génétique et de la biologie moléculaire, avec deux axes principaux : la génétique constitutionnelle et la génétique oncologique. D’un côté, j’étudie les mutations responsables de maladies héréditaires au sein de la population libanaise, dans le but d’améliorer le diagnostic et la prise en charge, et d’offrir aux familles un meilleur accompagnement en conseil génétique. De l’autre, je m’intéresse aux biomarqueurs impliqués dans le cancer, notamment aux altérations épigénétiques comme la méthylation de l’ADN et aux mutations qui prédisposent pour certains cancers. L’objectif de mes travaux de recherche est de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents pour affiner les stratégies de diagnostic et explorer de nouvelles pistes thérapeutiques. L’un des grands défis est d’interpréter ces variations génétiques et de les relier aux manifestations cliniques, ce qui nécessite une approche collaborative et pluridisciplinaire.
Quels sont les défis majeurs auxquels vous avez été confronté au cours de votre parcours académique et comment les avez-vous surmontés ?
Le parcours en recherche est exigeant, plein de défis, de fatigue, de doutes, de pression… Il est parfois difficile d’y trouver la motivation, en particulier face aux obstacles. Mais avec le temps, j’ai appris que chaque difficulté est une opportunité qui pourrait être transformée en un apprentissage. Ce qui m’aide à avancer, c’est de me se fixer des objectifs concrets, de m’entourer de gens inspirants et de ne pas oublier l’impact que nos travaux de recherche peuvent avoir sur la médecine et les patients. La clé pour réussir est d’être passionné, d’être en mesure de surmonter beaucoup de défis et de ne jamais perdre de vue le but ultime du travail.
Comment envisagez-vous d’utiliser la dotation de 5 000 euros pour poursuivre vos travaux de recherche ?
Cette dotation de 5000 euros permettra d’accélérer la réalisation du projet de recherche. Une partie sera utilisée pour financer un séjour de recherche en France pour initier l’étude de la méthylation de l’ADN et son implication dans la régulation de la télomérase dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC). L’autre partie sera destinée à l’acquisition de certains réactifs indispensables pour continuer les recherches dans notre laboratoire. Ce soutien est crucial pour surmonter les contraintes matérielles et renforcer les collaborations scientifiques francophones.
En tant que lauréat de la première édition du prix, quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes chercheurs francophones libanais ?
À tous les jeunes chercheurs libanais, je voudrais dire : gardez toujours votre passion pour la science, même quand le chemin semble difficile. La recherche est un parcours exigeant, parfois semé d’obstacles, mais chaque défi relevé vous rend plus fort et plus déterminé. Ne restez pas isolés : échangez, collaborez, entourez-vous de personnes qui partagent votre ambition. Le Liban regorge de talents et, malgré les obstacles, nous avons un rôle à jouer dans l’avancement de la recherche. Croyez en votre potentiel, persévérez et rappelez-vous que chaque découverte, même modeste, peut faire une vraie différence.