Mercredi 12 mars 2025 à 17 heures
Bruxelles – Palais des Académies – Écuries royales
Les musées publics et privés occidentaux renferment des collections d’objets culturels africains issus de la période coloniale. Dans la plupart des cas, nous ignorons les conditions de récolte et de migration depuis leur cadre spatial d’origine jusqu’au lieu d’accueil que sont les musées occidentaux. La recherche de la provenance de ces objets non encore identifiés constitue, nous en conviendrions volontiers, une tâche ardue et de longue haleine. C’est la raison pour laquelle cette recherche requiert, pour atteindre les objectifs escomptés, le recours à la fois aux sources écrites — documents d’archives et autres travaux — et aux sources orales issues des enquêtes de terrain. Si ces deux méthodologies présentent des limites, elles se révèlent, néanmoins, susceptibles d’apporter des solutions satisfaisantes. Nous tirerons argument de deux cas de figure pour appuyer notre hypothèse. Il s’agira, d’abord, du collier Tippo-Tip du chef songye Kamanda ya Kaumbu. Ce dernier fut pendu en 1936 par l’administration coloniale qui l’a accusé d’avoir tué et mangé une femme et sa fille, toutes deux métisses. Le collier que portait sa femme favorite Mfute se trouve dans la collection du musée de Tervuren (où il a d’ailleurs fait l’objet d’une exposition). Nous évoquerons, ensuite, la statue à pouvoirs du chef songomeno Nkolomonyi. L’intéressé a été condamné à mort en 1923 après avoir été tenu responsable de la mort de dix-sept personnes. Au lendemain de son arrestation, l’administrateur de territoire a procédé à la confiscation de ses biens. Sa statue à pouvoir se trouve au MAS, à Anvers, où elle a aussi été exposée.
Donatien Dibwe dia Mwembu est Professeur émérite en Histoire de l’Université de Lubumbashi et Membre de l’Académie congolaise des Sciences (ACCOS).
Ces conférences s’inscrivent dans le cadre d’une Chaire annuelle créée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Agence universitaire de la Francophonie et l’Académie royale de Belgique en 2019. Elle a pour objectif principal de faire connaître la recherche, l’enseignement ou la production culturelle de personnalités de la Francophonie issues d’un « pays du Sud ».