Programme Université pour les Réfugiés : des études pour reconstruire son avenir

Actu_témoignages UNIV'R

Depuis 2022, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) soutient, avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), un programme de « couloir universitaire » permettant à des étudiants réfugiés dans un premier pays d’accueil de poursuivre leurs études supérieures de niveau Master en France. Sous le nom d’UNIV'R (Université pour les Réfugiés), cette initiative a déjà permis d’accompagner 54 étudiants. Neuf d’entre eux nous ont offert leur témoignage.

« Je suis de nationalité afghane. Je suis venue en France pour poursuivre mes études, raconte Samira, 23 ans. Avant, j’habitais avec mes parents et mes sœurs au Tadjikistan, où nous sommes réfugiés depuis mai 2021 [date du début de l’offensive des Talibans, ndlr.]. En 2015, mon frère a créé un centre d’études dans notre village dans la province de Ghazni (Afghanistan) pour les femmes qui n’avaient pas accès à l’éducation. Mes grandes sœurs et lui y donnaient des cours d’anglais et d’alphabétisation. Les Talibans nous ont obligés à fermer ce centre. Malgré les menaces, mon frère l’a rouvert. Cependant, ils nous ont attaqués le soir et ont tué mon grand-père. […] Nous étions menacés par les Talibans de diverses manières. Nous n’avions d’autre choix que de quitter le pays. »

Trouver refuge quand sa vie est en danger

Fuir un conflit, des persécutions… A travers leurs récits, c’est un trait commun qui se dessine entre ces jeunes étudiants. Tous ont dû trouver refuge dans un premier pays d’accueil, pour se protéger. Grâce au programme UNIV’R, ils ont ensuite pu poursuivre leurs études académiques au niveau Master, parfois après plusieurs années d’attente, dans l’une des 22 universités participant à l’initiative à travers tout le territoire français. Soit une belle variété d’établissements en capacité de répondre à la diversité de leur cursus. Car si Samira poursuit termine un Master  « Formation en langues des adultes et mobilité » à l’Université d’Angers, ses camarades suivent, pour l’un, un Master de Commerce international et Marketing à Paris 8, pour l’autre, un Master en Sciences du Langage à l’Université de Caen Normandie. Une autre poursuit un Master en Management international à Saint-Etienne. On trouve aussi un étudiant en Master en « Economie sociale et solidaire » au Mans, ou un autre en Master « Droits de l’Homme et Action humanitaire » à Sciences Po Paris, pour ne citer que quelques exemples…

 

Développer l’employabilité

Pourquoi poursuivre ses études dans un deuxième pays d’accueil, comme la France ? Ces jeunes réfugiés éprouvent de fait des difficultés pour continuer leurs études de troisième cycle dans leur premier pays d’accueil, des pays à revenu faible ou intermédiaire, où les infrastructures académiques manquent souvent. Améliorer l’employabilité de ces jeunes, dans un marché du travail devenu très compétitif tout en leur permettant d’acquérir des compétences de haut niveau, très recherchées sur le marché du travail local, c’est aussi l’une des raisons d’être de ce programme. Plusieurs étudiants aspirent à aider à leur tour, une fois leur diplôme en poche : « Après ma formation, je souhaite travailler dans des ONG humanitaires afin d’apporter mon soutien aux réfugiés », résume Bachir, Malien, réfugié en Mauritanie. Tandis que Jean-Baptiste, Congolais, réfugié en Ouganda, fort de son Master en relations internationales, admet être « profondément attiré par la diplomatie culturelle et le secteur humanitaire. […] A terme, je serai heureux de pouvoir appliquer tout ce que j’apprends ici au bénéfice de ma communauté en Afrique. »

 

Favoriser l’intégration par un accompagnement au plus près des besoins

Les témoignages des étudiants se rejoignent également sur la qualité et l’importance du soutien fourni par l’AUF et le HCR France : « Ils ont joué un rôle fondamental dans mon intégration, à la fois en France et dans le cadre de mon parcours académique. J’ai été guidée à travers les démarches administratives (…) et j’ai pu couvrir certains frais liés à mes études, comme les frais d’inscription, les fournitures scolaires ou encore une partie de mes dépenses de vie quotidienne… Ce soutien financier a été essentiel pour réduire la pression économique et me concentrer pleinement sur mes études », souligne une jeune mauritanienne, qui était réfugiée au Sénégal jusqu’alors, où elle est née. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, par l’intermédiaire de son opérateur Campus France, prend quant à lui en charge les frais de visa, les billets d’avion et l’assurance maladie complémentaire. Le soutien se poursuit au fil de l’année universitaire : les réfugiés reçoivent une allocation mensuelle de subsistance (provenant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de l’université d’accueil) d’environ 800 euros ; ils ont accès à des chambres et des repas subventionnés.

 

Tous mettent également en avant le cadre bienveillant au sein duquel ils ont été accueillis dans leur nouvelle université de rattachement et par leurs camarades de promotion. Et cela bien que plusieurs avouent un certain étonnement face à  « l’accent mis sur l’autonomie dans le système universitaire français, ainsi que le style de communication très direct dans les échanges académiques », comme le reconnait Océane, centrafricaine, réfugiée au Cameroun. L’étudiante s’est cependant si bien adaptée, que « mon entreprise m’a proposé un contrat en CDD à la fin de mon stage. Je suis ravie de vous annoncer qu’en mars, je signerai mon CDI ! »

 

Une voie d’entrée légale et sûre pour des jeunes en quête d’avenir

Lancé en 2022, le programme UNIV’R s’inscrit dans la stratégie « 15by30 » du HCR pour les réfugiés, qui vise à permettre à 15% des jeunes réfugiés dans le monde d’accéder à l’enseignement supérieur d’ici 2030.  Il a permis à 54 étudiants de 13 nationalités différentes et issus de 19 pays d’asile où ils étaient reconnus comme réfugiés, d’accéder à l’enseignement supérieur au niveau Master en France. Les étudiants ont pu s’inscrire dans 22 établissements d’enseignement supérieur. Leur parcours a été soutenu financièrement ou administrativement par trois ministères français (Enseignement Supérieur et Recherche, Affaires Européennes et Etrangères, Intérieur).

Pour être éligibles, ces étudiants doivent avoir un statut de réfugié, résider dans un pays d’asile hors Union européenne, être titulaire d’une licence, maitriser le français ou l’anglais en fonction de la langue de leur master, avoir un passeport ou un Titre de voyage de la convention de Genève (équivalent au passeport pour une personne réfugiée) valide.

Un projet Erasmus+ dont l’AUF est partenaire vise à susciter de tels « couloirs universitaires », déjà en place en Italie, Irlande, Belgique et Portugal, dans d’autres pays d’Europe.

Date de publication : 11/03/2025

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