Au cœur de l’actualité politique dans de nombreux pays d’Europe occidentale, les partis d’extrême droite parviennent aussi à se développer et, parfois, à s’imposer dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Pourtant, ils y demeurent relativement peu étudiés dans une perspective comparée.
L’intérêt de mieux appréhender l’extrême droite tient à ce qu’il s’agit d’une idéologie classiquement considérée comme une menace pour les démocraties libérales. Souvent définie (a minima) sur la base de trois caractéristiques essentielles – le rejet de l’immigration, voire la xénophobie ; un projet autoritaire en matière de sécurité intérieure ; une rhétorique antisystème et hostile aux partis politiques traditionnels –, elle est en effet réputée défendre un programme d’action qui met sous tension l’État de droit, l’équilibre des pouvoirs, les droits humains, voire même la stabilité des États où elle se déploie.
À l’époque contemporaine, plusieurs partis d’extrême droite ont déjà expérimenté une participation au pouvoir dans les PECO. Depuis le début des années 1990, tel a notamment été le cas en Bulgarie, en Estonie, en Grèce, en Pologne, en Roumanie ou encore en Slovaquie. Cette participation politique – généralement en coalition avec d’autres formations, de droite mais parfois aussi de gauche – a permis à ces partis d’accroître leur capacité d’influence directe sur les politiques publiques.
En parallèle, un certain nombre de partis dits traditionnels (mainstream parties) tendent à se radicaliser. Cette radicalisation se traduit par une récupération rhétorique d’expressions typiquement déployées par l’extrême droite (« grand remplacement », par exemple), par une mise en avant dans l’agenda politique de thématiques classiquement mobilisées par l’extrême droite (comme l’immigration ou la stigmatisation de minorités ethniques) ou encore, lorsqu’ils sont au pouvoir, par la mise en œuvre au moins partielle des programmes électoraux des partis relevant de cette idéologie.
L’étude et l’analyse comparée de ces partis, de leurs évolutions, de leur influence et des réactions qu’ils suscitent demeure trop embryonnaire ; pour cause, ils ont parfois tendance à se renouveler rapidement. Pourtant, mieux les appréhender est crucial tant ces partis semblent gagner en influence – y compris au sein des institutions de l’Union européenne – et tant les réseaux qu’ils tissent à travers l’Europe et même au-delà sont élargis.
Partant, ce colloque sera guidé par plusieurs questions centrales :
- Quelles sont les caractéristiques de l’extrême droite dans les PECO ?
- Dans quelle mesure l’extrême droite occupe-t-elle une place centrale dans les PECO et comment y progresse-t-elle ?
- Comment l’extrême droite se reconfigure-t-elle dans le temps dans les PECO ?
- Quelle influence les partis d’extrême droite parviennent-ils à exercer dans les PECO, tant sur les partis traditionnels que sur les politiques publiques ?
- Quelles résistances à l’extrême droite se mettent en place dans les PECO, que ce soit au sein du monde politique, de la société civile, des médias ou encore de l’administration ?
Les propositions de communication en français de 600 mots maximum sont à envoyer à Jean-Michel De Waele (jean-michel.de.waele@ulb.be<mailto:jean-michel.de.waele@ulb.be>) et à Benjamin Biard (b.biard@crisp.be<mailto:b.biard@crisp.be>) pour le 22 décembre au plus tard. Elles portent sur un ou plusieurs des aspects décrits dans le présent appel et peuvent recourir tant à des méthodes qualitatives que quantitatives. Une publication est prévue.