Une histoire érotique de Versailles à Gaudeamus 2015

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L'Agence universitaire de la Francophonie, en partenariat avec Polirom et Arta Grafica, a organisé samedi, le 21 novembre, la conférence donnée par Michel-Vergé Franceschi et Anna Moretti au sujet du livre Une Histoire érotique de Versailles. Le volume est paru récemment à la fois chez Polirom, dans la collection « Hexagone. Histoire », dans la traduction de Nicolae Constantinescu, et en édition numérique. L'événement a eu lieu dans le cadre du Salon International du Livre « Gaudeamus », édition 2015, Salle Coupole.

La Conférence a été suivie du lancement du livre avec la participation de Adrian Cioroianu, Ambassadeur de la Roumanie auprès de l’UNESCO, Nicolae Constantinescu, traducteur du livre, Christian Derveloy, Directeur général de l’Imprimerie Arta Grafica, Adrian Serban, Directeur éditorial de la maison d’édition Polirom et Fabien Flori, Directeur du Bureau Europe centrale et orientale de l’Agence universitaire de la Francophonie. L’événement a été modéré par Mihaela Dedeoglu.

À l’époque de Louis XIII, Versailles était un modeste pavillion de chase. Louis XIV le transforme en lieu de pouvoir, mais aussi de plaisir, de désir et de débauche. Les jardins du nouveau château, les parcs aux fontaines, les appartements qui communiquent entre aux, tout semble fait pour abriter les ébats amoureux du Roi Soleil et de ses amantes.

Lousi XV partage cette frénésie de la débauche, et Madame de Pompadour, „La Favorite” s’applique à mettre dans son lit des pucelles qui se disputent l’honneur d’être troussées par l’insatiable roi.

Considéré par beaucoup comme un jeune roi impuissant, Louis XVI est peu porté sur le sexe. La veille de la Révolution de 1789, après plus d’un siècle de gloire, „la petite Sodome” de Versailles jette ses dernières flammes…

Lire un fragment du volume:

« Pour Louise de La Vallière, le roi aménage des jardins poursuivant l’œuvre de son père. Il ordonne un arpentage général des lieux. Il achète des terres, absorbe les villages de Trianon et de Choisy-aux-Boeufs, fait l’acquisition des seigneuries du Vivier et de La Boisière, sur lesquelles il fera élever la ménagerie, hérité d’un autre grand séducteur, François Ier, qui importa d’Afrique et d’Amérique des animaux sauvages, lions et « léonesses ».

Dans le parc de son père, Louis reçoit parfois la Cour tout entière et il étale avec une joie mêlée d’orgueil son amour et sa jeunesse. Tout homme amoureux a besoin de montrer au monde entière la chance qu’il a de partager le lit d’une aussi belle créature. Mais la fête finie, Louis veut rester seul avec Louise. Certains courtisans commencent alors à comprendre le goût du roi pour son « chétif château » de Versailles. Las de coucher la nuit dans leurs carrosses, quelques courtisans perspicaces commencent à bâtir des hôtels à proximité du château.

Celui-ci commence alors à s’aménager grâce aux premiers efforts du jeune homme pour séduire sa belle. Un balcon de ferronnerie dorée est posé, dans la lignée de celui de Roméo et Juliette à Vérone : le balcon est nécessaire à la sérénade (en bas) et aux soupirs (en haut). Des bustes voyeurs sont installés sur des consoles dans la cour, comme si Louis voulait exhiber Louise tout en la cachant des vrais regards. Ces têtes de marbre froid aux yeux morts sauront tenir muettes leurs langues de pierre mieux que nombre de courtisans.

L’amour creuse. L’amour donne faim. Le Vau est chargé de construire des cuisines. Dans les communs, au nord. L’amour a besoin d’espace, de chevauchées, de rencontres fréquentes, parfois furtives, toujours intenses. L’amour est sentiment. Il est aussi pulsion. Le Vau reconstruit les écuries. Dans les communs, au sud. L’amour impose le luxe, le confort, le bien-être, le partage du temps. Charles Evrard et Noël Coypel commencent à décorer les premières pièces des appartements quand le froid impose aux ébats de quitter le jardin et les bosquets au profit des lits à baldaquins et des feux de cheminée ».

Michel Vergé-Franceschi, spécialiste de l’Ancien Régime, est professeur d’histoire moderne à l’Université de Tours et lauréat de l’Académie française et de l’Académie des Sciences morales et politiques. Il est auteur chez Payot de Colbert. La politique du bon sens et de Ninon de Lenclos. Libertine du Grand Siècle (Prix de la Biographie Historia 2014).

Anna Moretti, est docteur en esthétique de l’Université de Corse, spécialiste de la féminité et la sensualité en littérature.

Date de publication : 23/11/2015

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