Monsieur Jean-Paul de Gaudemar, Recteur de l'AUF, a effectué sa première visite en Europe centrale et orientale du 24 au 27 mai. Après un passage à Sofia, le Recteur a rencontré le 26 mai, en Roumanie, les principaux acteurs de la recherche.
Monsieur de Gaudemar a rencontré Monsieur Mihai Dima, le Secrétaire d’État en charge de la recherche, Président de l’autorité nationale pour la recherche scientifique et l’innovation (ANCSI). Cette rencontre a été l’occasion d’évoquer l’état de la recherche dans le pays et des efforts réalisés pour accroître la part du PIB consacré à la recherche et au développement qui reste bien en deçà de l’objectif européen de 3 %.
Depuis 2015 le bureau Europe centrale et orientale de l’AUF a mené un travail de rapprochement auprès du Ministère de l’éducation nationale et de la recherche scientifique afin de faire connaître l’AUF comme institution présente auprès des grands acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur, capable de mobiliser un réseau de compétences au bénéfice des universités.
Cette démarche s’est concrétisée par la signature en 2014 d’un Mémorandum d’entente pour la mise en place de projets de recherche conjoints, co-financés par l’Autorité Nationale pour la Recherche Scientifique et l’Innovation. Il s’agit d’une reconnaissance de l’AUF comme une agence de financement de la recherche pour toute la durée du 3ème plan national de la recherche (2015-2020), le partenariat avec les autorités roumaines s’inscrivant ainsi sur le long terme.
Le recteur a également rencontré Florin Buzatu, Directeur Général de l‘Institut de Physique Atomique (IFA, agence de financement roumaine) avec lequel l’AUF a signé un protocole executif en 2015. Ce dernier prévoit le lancement de trois appels à projets conjoints pour renfocer la coopération régionale multilatérale en langue française. Un premier appel à projets a été lancé en avril 2016 avec une contribution financière de l’IFA à hauteur de 50 % du programme (600 000 €). L’objectif est de développer les échanges scientifiques et technologiques d’excellence entre les laboratoires de recherche d’Europe centrale et orientale avec la Roumanie, en favorisant les nouvelles coopérations dans des domaines suivants : Physique et Sciences des Matériaux ; Énergie durable, Environnement et Écosystèmes ; Santé et Biotechnologie ; Mathématiques et Informatique ; Sciences humaines et sociales.
Légende : Jean-Paul de Gaudemar en compagnie de Florin Buzatu (Directeur Général de l’Institut de Physique Atomique) et de Traian Dascalu (Directeur de l’Institut National de Physique des Lasers, Plasmas et Radiations).
La Roumanie soutient actuellement deux grands projets qui ont vocation à devenir les fers de lances de la recherche roumaine et à agir en catalyseur pour l’ensemble de l’écosystème scientifique. Le premier de ces projets est la grande infrastructure de recherche ELI-NP en cours de construction par l’Institut National de Recherche et Développement pour Physique et Ingénierie Nucléaire « Horia Hulubei » à Bucarest. Elle est localisée sur la plate-forme de Magurele qui regroupe 5 instituts travaillant dans les domaines de l’ingénierie nucléaire, des plasmas, des lasers, des radiations, l’espace, des matériaux.
ELI-NP est inscrit sur la liste ESFRI (grande instrastructure de recherche d’intérêt pan-européen). Elle est financée à 80 % par la DG REGIO, le reste étant couvert par une contribution de l’État roumain. Avec ses piliers Hongrois et Tchèque, le projet ELI est le principal investissement structurel en matière de recherche en Europe de l’Est au-delà de Vienne. Le projet roumain ELI-NP représente un investissement structurel de 320 Millions d’Euro. A terme, l’infrastructure devrait être entourée par un parc technologique (Laser Valley) partiellement inspiré du modèle de Sophia-Antipolis mais également de modèles polonais et estonien. Le parc favorisera une activité de R&D propice au développement d’une activité économique génératrice d’emplois. Des importants besoins en formation ont été exprimés (ingénieurs, doctorants).
Au niveau régional, ELI-NP pourrait permettre d’accueillir de nombreux chercheurs en physique, notamment de Pologne, République Tchèque, Hongrie, Serbie, Slovénie et même d’Arménie où l’école de physique est traditionnellement forte et entretient des liens avec la France dans le cadre d’un LEA CNRS. Dans ce dernier cas, cela a motivé l’AUF à passer un accord de mobilité avec le Conseil National de la Science arménien.
ELI-NP mènera des recherches dans un large éventail de domaines de la science : physique fondamentale, la physique nucléaire et l’astrophysique, avec des applications dans le domaine des sciences des matériaux, des sciences de la vie (médecine) et du traitement des matériaux (déchets nucléaires).
Légende : Jean-Paul de Gaudemar découvre l’Institut National de Physique des Lasers, Plasmas et Radiations (INFPLR).
La réunion avec le Secrétaire d’État a été l’occasion d’évoquer d’autres projets dont un inscrit sur la roadmap de ESFRI et qui pourrait voir le jour bientôt. Il s’agit de DANUBIUS-RI. Cette structure aura un « Hub » abrité par la Roumanie, à Murighiol (Tulcea), permettant la connexion des autres laboratoires européens. Ce projet vise à analyser d’une manière intégrée sur tout le système Danube-Delta-Mer Noir, les problèmes d’érosion de la côte maritime, de sédimentation, de biodiversité. DANUBIUS-RI est conçue comme une plate-forme pan-européenne distribuée, ayant comme objectif principal la création d’une plate-forme scientifique qui pourra offrir des solutions adéquates au management intégré des systèmes fleuve-delta ou estuaire-mer.
A part la Roumanie, des manifestations d’intérêt et d’adhésion ont été reçues de la part d’instituts de recherche-développement et universités de France, Grande-Bretagne, Hollande, Allemagne, Italie, Espagne, Grèce, Irlande, Lituanie, Autriche, Hongrie, Serbie, République de Moldova, Ukraine, Bulgarie. Le projet est coordonné par l’Institut National de Recherche-Développement pour les Sciences Biologiques et par l’Institut National de Recherche-développement pour la Géologie et Geoécologie Marine.
Enfin, suite à la venue de Cédric Villani, le Secrétaire d’État a évoqué le projet en cours de discussion avec l’AUF et le CNRS pour la mise en place d’un GDRE sur le modèle du réseau Franco-Brésilien en Mathématiques, basé sur un partenariat associant 4 à 6 partenaires Français, l’Académie Roumaine avec ses deux instituts (l’Institut « Simion Stoilow » de Bucarest et l’Institut « Octav Mayer » de Iasi) et l’Institut de Mathématiques « A. Renyi » de l’Académie Hongroise, de Budapest.
L’objectif principal est de consolider le partenariat Franco-Roumain en recherche mathématique et de lui donner une importance régionale accrue en le connectant aussi avec les mathématiciens Hongrois. Il est proposé d’offrir aux jeunes Roumains une alternative précise et cohérente pour une carrière dans la recherche mathématique en encourageant un flux constant d’échanges de spécialistes bénéfique à leur formation intellectuelle : du côté Français en élargissant le bassin de rayonnement de l’École Française de Mathématique et du côté Roumain en augmentant l’attractivité des centres de recherche roumains déjà bien reconnus en leur offrant davantage de connexions Européennes. Un résultat attendu est d’attirer davantage de jeunes vers l’étude des mathématiques en leur offrant des perspectives intéressantes de thèses ou de stages de recherche sur des problèmes actuels d’intérêt.