Dans le cadre de la Journée internationale des professeurs de français, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) s’est associée à la Fédération Internationale des Professeurs de français (FIPF) et au Centre de la Francophonie des Amériques (CFA), pour organiser un webinaire certifiant intitulé : « Pétrir des mondes - les littératures en action », le 25 novembre 2022. Animé par le journaliste Patrick Straumann, comptant sur la participation de nombreux professeurs, ce webinaire a réuni quatre grandes voix des littératures des Amériques : Sylvie Kandé (France / Sénégal / États-Unis), Wébert Charles (Haïti), Gabriel Osson (Québec), Ana Maria Machado (Brésil).
La contribution de la littérature à la construction de futurs plus désirables était au cœur de ce webinaire, au cours duquel les quatre artistes se sont exprimés en tant que créateurs, mais également en tant que citoyens et lecteurs. Ils se sont mis d’accord sur le fait que l’acte d’écrire consiste en un processus de déconstruction et réinvention de la langue. Ils croient que c’est en pétrissant la syntaxe que la littérature libère la perception du déjà-dit et ouvre les regards à des perspectives inédites.
Pour décrypter la métaphore « Pétrir des mondes », les auteurs ont pu énoncer leur point de vue de façon distincte mais harmonieuse. Pour Sylvie Kandé, l’acte de pétrir consiste à métamorphoser avec les mains les mots et les phrases pour obtenir quelque chose de nouveau : « La vision et la beauté de la pâte de mots sont deux éléments essentiels au pétrin de la littérature », estime l’auteure.
Selon Ana Maria Machado, il y a aussi l’idée de travailler le langage avec nos mains pour arriver à la fin de ce que l’on veut accomplir. Cela engage aussi des matériels. Il nous faut un but au préalable. Il y a aussi un travail sur cette pâte pour y arriver : nos émotions et nos sentiments.
Selon Gabriel Osson, le pétrissage renvoie à une considération des mots comme matière brute pour les transformer de façon à représenter le réel. L’acte d’écrire engage notre corps et notre âme avec toutes nos sensations. C’est ce qui fait que le produit final puisse toucher le lecteur et le mettre dans l’esprit même de l’auteur.
Wébert Charles, pour sa part, voit la création poétique comme un véritable travail d’artisan en considérant le sens étymologique du mot poème qui veut dire fabriquer. Selon lui, le poète est un pétrisseur et un jongleur des mots, des émotions et des sentiments. Il essaie de malaxer et de pétrir ces éléments avec ses mains pour produire du sens et faire un tout pouvant toucher et faire rêver le lecteur. « C’est avec mains qu’on fait poèmes », ajoute-t-il, pour paraphraser Lionel Trouillot.
Ce webinaire a été aussi l’occasion pour les auteurs de répondre à des questions formulées par des membres de la communauté enseignante du réseau AUF dans la Caraïbe et les Amériques. En réponse à ces questions, ils ont mis en avant l’importance des anthologies de littératures francophones comme outil pédagogique et ont la langue française en partage pour incarner des alternatives face aux écritures élaborées au centre de l’archipel francophone.
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