« Le français m'a ouvert beaucoup de portes dans la vie » nous affirme, tout de go et tout sourire Alejandro Dominguez, ou « Alex », un jeune étudiant espagnol inscrit en master de Droit international et comparé des affaires, à l'Université de Droit de Hô Chi Minh-ville*. « C'est une langue qui permet de se différencier des autres », poursuit-il.
Alex a commencé à apprendre le français depuis tout jeune, à l’âge de 3 ans, au Lycée français René Verneau de Las Palmas aux Canaries, la ville dont il est originaire. Ses parents ont choisi pour leurs enfants une éducation multilingue, tournée vers l’Europe, lui au lycée français, et son frère au lycée allemand. Il n’y avait pas de prédisposition familiale pour le français, mise à part une grand-mère francophone, mais derrière ce choix avisé des parents, transparaissaient la bonne réputation des lycées français et l’assurance d’un avenir au moins déjà bilingue. Après 10 années passées au lycée René Verneau, qui n’avait pas de classe de première cette année-là, ce sera un retour forcé vers le système espagnol et un départ pour la capitale espagnole. Aussitôt le baccalauréat en poche, Alex choisit de poursuivre des études en droit.
Après l’obtention de son diplôme d’avocat et son inscription au barreau, Alex a entamé sa carrière dans un cabinet madrilène et a découvert – quasiment en même temps – les joies du travail et les peines d’un licenciement économique, dû à la crise qui frappe toujours si durement son pays. « À ce moment là, j’ai décidé de prendre mon temps pour réfléchir à ma vie, sur ce que je voulais faire… donc j’ai pris trois mois sabbatiques qui ont abouti à la conclusion suivante : la poursuite de mes études en master ». Le goût pour le voyage et la découverte l’orientait tout naturellement vers le Droit international et vers des masters en France et en Belgique, l’idée étant de continuer ses études en français.
Admis dans toutes les formations pour lesquelles il avait postulé, Alex reçoit un jour un courriel l’informant qu’il était également accepté au Master de Droit international et comparé des affaires délocalisé à l’Université de Droit de de Hô Chi Minh-Ville. « Je ne me souvenais pas d’y avoir postulé » avoue-t-il. Il avait 48 heures pour donner sa réponse… « Je connaissais le Vietnam, des films… ma famille était folle… ma mère n’arrivait plus à dormir ». Sa décision fut vite prise. Restait à Alex à se documenter, se plonger dans la préparation de son voyage au bout du Monde, et surtout rassurer ses proches avant son départ.
Et le voici maintenant à Hô Chi Minh-Ville, parfaitement intégré et ravi de son choix. Alex suit ses cours de master le soir et prend des cours de vietnamien en journée. Alex découvre le Vietnam de l’intérieur : « c’est une expérience incroyable. En Espagne, malheureusement, lambiance est morose. Ici, est elle vivifiante ! ». Il ne tarit pas d’éloges sur la ville et les vietnamiens, notamment ses collègues de promotion et son voisinage : toujours prêts à aider, toujours pleins d’énergie. Certes, la ville est polluée, la circulation un peu anarchique (Alejandro compte tout de même se mettre à la moto !) et la langue constitue un obstacle, mais ce sont là des défis que le jeune espagnol est tout à fait prêt à relever.
Pour lui, ce master est une chance : « lexpérience ici me permettra dêtre quelqu’un d’autre ». Il s’est donné comme mission d’en être le porte-voix « le but, c’est d’avoir l’année prochaine le double de candidatures ! ». Alejandro, philosophe, conclut : « C’est à notre âge que l’on peut bouger, découvrir et grandir comme personne. En plus, ici, [en Asie] il y a le futur ; le futur est ici. Il faut être créatif dans la vie, on est éduqué pour prendre un chemin donné, il faut être créatif pour arriver à en sortir ».
* Ce master est délivré par l’Université Jean Moulin Lyon 3 avec le soutien des autres établissements du consortium : l’Université Toulouse 1 Capitole, l’Université Montesquieu Bordeaux IV et l’Université Libre de Bruxelles.
Pour en savoir plus : http://www.auf.org/media/uploads/fiche_dic_860.pdf