Venant de différents pays du monde, les étudiants de l'Institut de la Francophonie pour l'Informatique (l'IFI) se retrouvent à Hanoï, capitale du Vietnam. L'Agence universitaire de la Francophonie (l'AUF) a eu un échange avec trois étudiants étrangers parmi eux. Ils ont raconté de manière très ouverte leurs parcours, leurs motivations aussi bien professionnelles que personnelles, ainsi que leurs expériences en cette terre étrangère. Leurs histoires ont montré, dans une certaine mesure, qu'en plus de son rôle essentiel de communication, le français est également un outil de transmission de connaissances, de savoir-faire et aussi un moyen qui permet de relier de différentes cultures du monde entier.
Ils ont choisi l’IFI comme destination…
Tall Hamadoun vient d’un village du nom de Pê au Burkina Faso où le français est la langue officielle qu’il parle depuis l’école primaire. Ce jeune a choisi de poursuivre un Master d’informatique à l’IFI pour des raisons à la fois personnelles et professionnelles : il voulait d’une part aller à l’étranger pour découvrir ce qui se passe ailleurs et, en même temps, suivre un Master Informatique en français de qualité. Son souhait est justifié par le fait que la formation en la matière dans son pays se limite au niveau Bac+3. Avec son diplôme dingénieur en option Réseau et Maintenance informatique de l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso, complété par un stage de 3 mois, Tall a obtenu finalement une bourse de l’AUF pour poursuivre ses études au Vietnam.
Jean Cristanel Razafimandimby Anjalalaina est un jeune Malgache, venant de Antananarivo, capitale de Madagascar. Dans son pays natal, le français, utilisé comme langue d’enseignement, est sa deuxième langue maternelle. Titulaire d’un diplôme dingénieur en Télécommunication et Réseau, Jean Cristanel a pu acquérir des expériences professionnelles dans une société de développement dapplication Web en tant que développeur Web pendant 5 mois. Un diplôme international comme le Master informatique offert par l’IFI présente pour lui beaucoup d’intérêt. Comme Tall Hamadoun, il a obtenu une bourse de l’AUF pour concrétiser son rêve.
Khamphoy Soutsadavong suit des cours en classe préparatoire de l’IFI pour bien préparer son entrée en Master informatique. Bien que ce jeune laotien soit le meilleur en français parmi des étudiants laotiens et thaïlandais accueillis par l’IFI lors de la rentrée universitaire de 2011, Khamphoy a encore des efforts à faire pour atteindre le niveau requis pour le Master 1. Toutefois, ce parcours un peu plus long par rapport aux candidats africains, lui apporte aussi des expériences enrichissantes.
Difficultés et expériences en terre étrangère
Pour Tall, le Vietnam dans son imagination était au début « un pays instable et peu développé ». Il ne connaissait du pays que l’histoire de sa résistance et la de sa lutte pour l’indépendance. À l’arrivée, « j’ai découvert un beau pays de paix avec un niveau de développement beaucoup plus élevé que je l’imaginais » déclare-t-il. Selon lui, malgré de nombreuses différences comme la langue, le climat ou la religion, « la vie à Hanoï est assez intéressante et présente de réelles occasions d’apprentissage ».
Par contre, l’adaptation au début n’était pas facile, avoue-t-il : « Je retiens quatre difficultés: Premièrement, la restauration. J’avais de la peine pendant mes premières semaines par rapport aux repas. Mais par la suite je me suis adapté. Ensuite, la communication avec les gens. Lorsque je voulais acheter quelque chose par exemple, c’était assez difficile de se faire comprendre. Venant d’un pays beaucoup plus chaud, j’ai également difficilement supporté le froid d’ici au début. Enfin, musulman, j’avais du mal à trouver une mosquée pour mes prières de vendredi ». Pourtant, tout s’est bien passé avec l’aide de ses camarades vietnamiens et internationaux très sympathiques et ouverts.
Comme son ami africain, Cristanel n’avait pas beaucoup d’idées à propos du Vietnam avant son départ. « Je me suis même demandé à quoi va ressembler ma vie ici. Mais jusque-là, tout se passe à merveille, les gens sont très ouverts ! », nous raconte-t-il. Il lui a fallu 2 jours pour entrer en contact avec les gens lors de son arrivée à Hanoï et ce fut pour lui le moment le plus difficile. Pour nous raconter des premiers jours de son arrivée à Hanoï, il ne cache pas sa surprise : « Une expérience qui m’a énormément marqué c’était durant la deuxième semaine de vacances de Têt. Les restaurants et magasins étaient tous fermés. Nous, les africains de l’IFI, nous sommes isolés dans notre résidence jour et nuit pendant une semaine. ». Confronté aux mêmes soucis de communication que d’autres amis africains, il considère qu’ils constituent en fait une opportunité pour apprendre une nouvelle langue.
Lors de ses premiers pas à Hanoï, Khamphoy partageait les mêmes inquiétudes que ses deux camarades. Et, comme les autres étudiants étrangers ici, ses difficultés ont rapidement disparu avec laccompagnement de lIFI et laide des camarades vietnamiens qui sont « très gentils et ouverts ». Il a eu la possibilité de participer à plusieurs activités intéressantes avec des amis vietnamiens. Cette année, il a découvert le Tet avec eux, goûté des spécialités du Vietnam et « cétait merveilleux », a raconté Khamphoy avec enthousiasme. Ce qui lui a permis de mieux comprendre la culture d’un pays voisin du Laos.
Les difficultés, que ce soit dans les études ou dans la vie quotidienne, n’affaiblissent jamais les rêves de ces jeunes ambitieux.
« Ce qui ne tue pas rend plus fort » a souligné Jean Cristanel en évoquant les gros efforts à mobiliser pour poursuivre le programme de l’IFI. Pour lui, étudier à l’IFI, si dur que ce soit, offre des avantages incontournables : un double diplôme de niveau international – un diplôme de l’université Nationale de Hanoï (UNH) et un diplôme de l’université française, Claude Bernard Lyon ou de La Rochelle selon l’option choisi.
Pour ce qui est de l’apprentissage du français et en français, d’après Khamphoy, il est important d’être confronté à la langue autant que possible, en profitant notamment de la communication avec des amis et professeurs. De plus, pour bien retenir les mots, « il faut mettre mots et phrases en contexte et en cohérence », ajoute-il. Lui même, il aime à produire des reportages – un plaisir et aussi une façon efficace pour lui de s’entrainer en français.
Leurs valises pour l’avenir …
Répondant à la question sur le futur, Cristanel s’exprime : « Mon pays a besoin de moi. Je voudrais revenir pour contribuer au développement de mon pays avec le diplôme de l’IFI ». Son rêve n’est pas irréaliste pour cet étudiant sérieux et travailleur d’autant plus qu’il a une forte confiance en ce qu’il est en train de poursuivre : « Je tiens à préciser que l’étude à l’IFI est de haut niveau donc il ne faut pas hésiter à venir même si c’est loin. Ça vaut le coût, croyez- moi ! » , souligne-t-il sans aucune hésitation.
Quant à Tall, même au delà du Master à l’IFI, il a pour ambition d’aller plus loin pour atteindre un niveau plus élevé notamment une thèse en Réseau. Il souhaite, une fois diplômé, contribuer à l’évolution informatique de son pays en général et à la formation des professionnels en particulier.
Pour Khamphoy, comptant fortement sur le Master qu’il va bientôt commencer à lIFI, il espère devenir professeur d’Informatique à son retour au Laos. Une forte motivation basée sur une préparation sérieuse ouvrira à ce jeune, sans doute, un chemin sûr et prometteur vers l’avenir.
Ces 3 jeunes sont des exemples des étudiants étrangers à lIFI qui complètent une partie de leur parcours et de leur vie détudiant dans un établissement francophone de formation de niveau international. S’il y a entre eux des différences d’ordre géographique, culturel et religieux, ces étudiants ont une même aspiration de perfectionner leur formation afin de pouvoir contribuer au développement de leurs pays. Venus dun pays lointain ou tout proche du Vietnam, cest à lIFI quils échangent et partagent leur amour pour le français, le considérant comme un pont damitié et aussi un garant de succès pour lavenir. « Quoi de mieux que de pouvoir faire connaissance avec des jeunes de différents coins de lunivers dans un milieu loin de son pays, grâce à une langue commune ! » – a résumé Tall. Nous leur souhaitons une bonne continuation et un bon courage à lIFI.