En 2018, un projet ambitieux est né pour réformer la formation médicale à l’Université d’État d’Haïti, fruit d’une collaboration interrégionale entre les Directions régionales Amériques et Caraïbe de l’AUF, appuyées par leurs universités membres.
De nombreux partenaires, une vision commune : transformer la formation médicale en Haïti
Haïti fait face à de nombreux défis dans son système de santé. La situation a été aggravée par des années d’instabilité politique, des catastrophes naturelles fréquentes et par la pandémie de COVID-19, qui a mis à l’épreuve les infrastructures de santé déjà fragiles. Les facultés de médecine haïtiennes, en particulier la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP) de l’Université d’État d’Haïti, ont longtemps été confrontées à un manque de ressources et à des curriculums non adaptés aux besoins réels de la population.
En 2013, face aux défis du système de santé haïtien, la FMP a demandé un appui à l’Université Laval. Leur objectif : réviser le curriculum de médecine pour répondre aux normes internationales d’accréditation avant 2023.
Les premiers échanges ont abouti à deux missions de l’équipe de l’Université Laval en Haïti, en 2014 et 2017. Ces visites ont jeté les bases d’une réforme ambitieuse, avec l’élaboration d’un plan préliminaire et la création d’un comité de pilotage. La réélection de l’équipe décanale en 2017 a confirmé la révision du cursus comme priorité stratégique.
Dans le même temps, l’Université de Montréal, qui collaborait depuis une décennie avec la FMP sur des approches pédagogiques novatrices, s’est jointe à l’initiative. En août 2017, les équipes de Laval et de Montréal, partageant des valeurs de responsabilité sociale, ont uni leurs forces pour concevoir un projet intégré.
L’AUF, contactée à l’automne 2017, a vu le potentiel de ce projet et, dès janvier 2018, a soutenu cette initiative interrégionale par le biais de ses deux directions régionales dans les Amériques et la Caraïbes. Ce programme a marqué le début d’une transformation importante, où la synergie de la Francophonie scientifique s’est traduite par des actions concrètes en faveur de la santé publique en Haïti.
Trois des responsables du projet.
De la conception jusqu’aux résultats concrets
Après 5 ans, le projet a produit des résultats tangibles et significatifs, dépassant largement les attentes initiales. Parmi les avancées majeures :
Pour la première fois, la FMP de l’UÉH a implanté un programme médical axé sur le développement des compétences, couvrant l’ensemble de la première année et une partie de la deuxième année. Plus de 30 professeurs ont été formés aux nouvelles approches pédagogiques, incluant la rédaction de plans de cours structurés et axés sur les compétences.
Plus de 200 étudiants de première et deuxième année ont participé à des stages pratiques dans des centres de santé et hôpitaux communautaires, leur offrant une expérience directe et précieuse dès le début de leur parcours académique.
De plus, la création de comités, tels que le comité pédagogique et le comité de programme, a permis d’assurer une meilleure structuration et organisation de la faculté. Ces comités ont mené des réformes significatives, notamment la révision des règlements internes et l’élaboration d’outils pédagogiques accessibles en ligne. Ces résultats tangibles ont été atteints en dépit d’un contexte difficile marqué par l’instabilité politique et l’insécurité.
Dans le cadre d’un projet mené par les Directions régionales Amériques et Caraïbe de l’AUF, le premier Forum citoyen sur la responsabilité sociale dans le domaine de la santé a permis d’aborder divers enjeux liés au rôle sociétal des facultés de médecine.
La synergie de la Francophonie scientifique
Ce projet interrégional illustre parfaitement la synergie de la Francophonie scientifique, qui dépasse les frontières géographiques. Chaque partenaire a apporté ses compétences et ses ressources pour soutenir une réforme de grande envergure, capable d’avoir un impact durable sur le système de santé haïtien.
La FMP de l’Université d’État d’Haïti, pour sa part, a investi d’importantes ressources humaines et matérielles. Les équipes décanales et les professeurs ont activement participé à la réforme du curriculum, garantissant que les ajustements répondent aux enjeux locaux tout en respectant les standards mondiaux.
La collaboration avec la Direction de la formation professionnelle et du perfectionnement des sciences de la santé du ministère de la Santé publique et de la Population d’Haïti a permis d’assurer l’alignement des réformes éducatives avec les orientations ministérielles, garantissant ainsi que les changements apportés répondent aux priorités nationales en matière de santé publique.
Les universités canadiennes membres de l’AUF, à savoir la Faculté de médecine de l’Université Laval et la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, ont fourni leur expertise pédagogique. Elles ont mobilisé plusieurs médecins de famille, médecins spécialistes, professeurs, ainsi qu’un conseiller en relations internationales. Leur contribution académique a permis l’adaptation des pratiques pédagogiques en fonction des besoins spécifiques de la FMP de l’UÉH, tout en assurant que la formation médicale respecte les normes internationales.
Enfin, l’AUF – Amériques a facilité la mise en œuvre du projet en fournissant un soutien organisationnel, logistique et financier. L’AUF – Caraïbe a fourni un soutien logistique et administratif en Haïti, permettant ainsi de maintenir les activités du projet malgré les défis logistiques posés par le contexte local.
Ce modèle de projet interrégional et multisectoriel témoigne du pouvoir de la coopération au sein de la Francophonie scientifique pour répondre aux défis mondiaux, particulièrement dans des contextes de grande précarité.