Le projet Comprendre les causes et les conséquences de la dynamique du Pin mugo dans les Carpates - MUGO, porté par l'Université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca, Roumanie, responsable du projet M. Pavel Dan TURTUREANU
- Pouvez-vous nous donner des informations sur le projet MUGO et le phénomène de la colonisation rapide du Pinus mugo dans les régions de haute altitude des montagnes des Carpates ?
Le projet MUGO vise à comprendre les causes et les conséquences de la propagation du Pinus mugo, une espèce de pin de montagne, dans les régions de haute altitude des montagnes des Carpates. Ce phénomène est étudié dans le cadre d’une tendance plus large de changement de la végétation observée dans les zones de haute altitude de l’Europe tempérée, connue sous le nom de « verdissement ». Le projet vise à identifier les facteurs spécifiques et les mécanismes qui contribuent le plus fortement au verdissement des Carpates. Il implique une approche multidisciplinaire qui combine la télédétection par satellite à haute résolution pour analyser la variabilité spatiale et temporelle, la climatologie pour identifier les facteurs liés au climat, la dendroécologie pour mieux comprendre la croissance du Pinus mugo, et l’écologie pour comprendre les conséquences de ces changements de végétation. Le projet est motivé par des préoccupations environnementales liées au changement climatique et au changement d’usage des sols.
Branches de Pinus mugo dans les montagnes Făgăraș (Carpates) à l’automne 2023
- Qu’est-ce qui a motivé votre équipe à lancer le projet MUGO et comment s’aligne-t-il avec les préoccupations et les priorités environnementales actuelles ?
Le projet MUGO a été initié par notre équipe de chercheurs de Cluj (Université Babeș-Bolyai) et de Grenoble (CNRS). Nos deux équipes ont une longue et fructueuse tradition de recherche dans le domaine de l’écologie alpine. Plus récemment, nous avons élargi notre champ d’études pour examiner les impacts du changement climatique sur les écosystèmes en haute altitude à travers l’Europe, en mettant particulièrement l’accent sur les Carpates en tant que grande chaîne de montagnes. C’est la première fois que nous réunissons des chercheurs des deux institutions, y compris de nouveaux venus de divers domaines, tels que ceux de la Faculté de Géographie (Université Babeș-Bolyai) et ceux spécialisés en dendroécologie (CNRS).
Tout d’abord, la colonisation des régions de haute altitude des montagnes des Carpates par le Pinus mugo pourrait indiquer des changements écologiques plus vastes, potentiellement liés au changement climatique. Comprendre ce phénomène peut fournir des informations cruciales sur les impacts du changement climatique sur les écosystèmes de montagne, qui sont particulièrement vulnérables. Deuxièmement, le projet s’aligne sur la priorité mondiale de la conservation de la biodiversité. La colonisation de ces zones par le Pin mugo reconfigure la distribution des biodiversités en montagne. Enfin, l’approche multidisciplinaire du projet s’inscrit dans une démarche systémique pour aborder des problèmes environnementaux complexes.
- Comment anticipez-vous que les recherches menées dans le cadre du projet MUGO auront un impact sur la sensibilisation générale à la biodiversité et au fonctionnement des écosystèmes dans les zones de haute altitude des montagnes des Carpates ?
Les recherches menées dans le cadre du projet MUGO devraient avoir un impact significatif sur la sensibilisation générale à la biodiversité et au fonctionnement des écosystèmes dans les montagnes des Carpates. En mettant en lumière les facteurs qui contribuent à l’expansion du Pinus mugo et au phénomène plus large de verdissement, le projet peut offrir des éclairages sur les implications potentielles pour les espèces et les écosystèmes autochtones. Comprendre les interactions écologiques, les schémas temporels et l’influence climatique sur la dynamique de la végétation orientera les stratégies de conservation et les approches de gestion adaptative. En fin de compte, les recherches du projet MUGO apporteront des connaissances nécessaires à la préservation de la biodiversité et au maintien des services écosystémiques.
- Quels sont les objectifs principaux et les buts du projet MUGO, et qu’espérez-vous atteindre à travers cette recherche à long terme ?
Le projet MUGO a trois objectifs principaux. Tout d’abord, il vise à fournir un diagnostic spatial à haute résolution du phénomène de verdissement dans les montagnes des Carpates depuis les années 1980, en identifiant les zones présentant la réponse la plus significative, appelées « points chauds de verdissement ». Deuxièmement, le projet entend comprendre la contribution spécifique du Pinus mugo à ce verdissement en combinant des données à très haute résolution (imagerie) et la télédétection. Enfin, le projet cherche à mener des études dendroécologiques détaillées sur le Pinus mugo dans des sites pilotes spécifiques. À long terme, le projet aspire à faire progresser notre compréhension des processus écologiques sous-jacents au verdissement dans les écosystèmes de montagne, en particulier dans les Carpates. Il vise également à faciliter les collaborations internationales et à accroître les connaissances sur les régions de haute altitude, contribuant ainsi à une compréhension plus large des impacts du changement climatique sur les zones montagneuses et à soutenir les efforts de conservation de la biodiversité.
- Quels défis avez-vous rencontrés lors de l’investigation des dynamiques de changement de la végétation dans les régions de haute altitude, et comment les abordez-vous ?
L’étude du changement de végétation dans les régions de haute altitude, en particulier dans les montagnes des Carpates, présente plusieurs défis. Un défi majeur consiste à classer la couverture terrestre en utilisant les outils statistiques et méthodologiques les plus récents et avancés, suivi de l’évaluation statistique de l’intensité du verdissement dans différents types de couverture terrestre. Un autre défi réside dans la communication efficace et la synthèse des principaux résultats scientifiques à la fois pour la communauté de recherche et le grand public. De plus, l’accès aux sites en haute altitude nécessite une planification minutieuse et une bonne dynamique de groupe, garantissant la collecte de données en toute sécurité et efficacité. De plus, compte tenu de la nature à long terme des changements écologiques, une collecte et une analyse de données étendues sont essentielles. Le projet aborde cela en établissant un calendrier pour la collecte et l’analyse de données, en impliquant des experts dans chaque domaine, et en utilisant la technologie moderne et la télédétection pour recueillir et traiter de vastes ensembles de données.
Réunions à Grenoble (LECA) entre les membres de l’équipe du projet MUGO (automne 2023)
- Pouvez-vous mettre en évidence des réalisations notables ou des découvertes significatives que le projet MUGO a atteint jusqu’à présent, et comment ces découvertes ont-elles contribué à notre compréhension de la dynamique des écosystèmes dans les régions montagneuses ?
Bien que le projet MUGO soit toujours en cours, il a réalisé des progrès notables dans l’avancement de notre compréhension de la dynamique des écosystèmes dans les régions montagneuses, en particulier dans les Carpates. Une réalisation significative est la cartographie à haute résolution du verdissement dans les Carpates depuis les années 1980, offrant des informations sur les zones les plus touchées par ce phénomène. Nos premiers résultats indiquent que le verdissement présente de forts contrastes selon les massifs, probablement dépendants du type de végétation dominante dans ces massifs. Si le Pinus mugo joue un rôle dans le processus de verdissement, c’est aussi le cas des communautés d’Ericaceae et des transitions entre les prairies et les éboulis. Ces résultats sont actuellement en préparation pour être publiés dans un article scientifique à fort impact. Ces informations sont précieuses pour comprendre les moteurs du changement de végétation dans les écosystèmes de montagne et leurs conséquences potentielles pour la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. De plus, l’approche interdisciplinaire du projet favorise la collaboration entre des experts de différents domaines, enrichissant notre compréhension des interactions complexes qui influencent la dynamique des écosystèmes dans les régions montagneuses. Bien que l’impact complet des découvertes du projet ne soit réalisé qu’à la fin de celui-ci, ces réalisations initiales contribuent de manière significative à notre connaissance des changements écologiques dans les régions montagneuses.
Questions spécifiques concernant la mise en œuvre du projet à ce stade :
- Combien d’activités ont été prévues/organisées dans le cadre du projet de recherche ? (compter le nombre total cumulé depuis le début du projet)
Pendant plusieurs campagnes sur le terrain à l’automne 2023, nous avons mené des expéditions pour collecter des échantillons de Pinus mugo dans les Carpates. Nous avons réussi à rassembler des échantillons de populations à Parâng, Făgăraș et Călimani. Ces campagnes ont impliqué la participation de trois membres : Dan Turtureanu, Olimpiu Pop et Zoltan Balazs.
Images capturées lors des campagnes sur le terrain à l’automne 2023 pour la collecte des premiers échantillons de Pinus mugo dans les Carpates
Tout d’abord, nous avons organisé une réunion en ligne impliquant la majorité des membres du projet MUGO pour nous présenter et discuter des plans du projet.
Ensuite, nous avons effectué une brève visite à Grenoble, avec trois membres de Cluj, au cours de laquelle nous avons tenu plusieurs réunions pour nous présenter aux nouveaux membres de l’équipe. Nous avons discuté du plan du projet, des méthodes, des analyses potentielles et de la prochaine campagne sur le terrain prévue pour l’été 2024.
Des zones de Pinus mugo dans les montagnes Făgăraș, photographiées à l’automne 2023
- Combien de publications ont été prévues/éditées dans le cadre du projet de recherche ? (compter le nombre total cumulé depuis le début du projet d’articles scientifiques, d’actes de colloques, de communications et de publications dans des revues avec comité de lecture…)
Nous avons régulièrement des réunions en ligne impliquant les équipes françaises et roumaines. L’objectif principal de ces réunions est de discuter de l’avancement et des plans d’un article à fort impact sur le phénomène de verdissement dans les Carpates.
De plus, nous avons eu l’opportunité de participer à un symposium scientifique à Bucarest où nous avons présenté le projet MUGO. Les auteurs de la présentation étaient Turtureanu P.D., Bayle A., Pop O.T., Pușcaș M., Holobâcă I., Alexe M., Balazs Z.R., Corona C., Nicoud B., et Choler P. Le titre de la présentation était ‘Contribuția jneapănului (Pinus mugo) la fenomenul de înverzire al Carpaților: o ipoteză a proiectului MUGO.’ Cette présentation a eu lieu lors de la session de communication scientifique de la 29e édition de ‘D. BRANDZA’ les 3 et 4 novembre 2023, à Bucarest.
- Combien de manifestations scientifiques ont été prévues/organisées dans le cadre du projet de recherche ? (compter le nombre total cumulé depuis le début du projet)
Aucun événement scientifique n’est prévu dans le cadre de ce projet.
- Nombre de brevets ont été prévus/déposés dans le cadre du projet (compter le nombre total cumulé depuis le début du projet)
Il n’existe aucun brevet associé au thème de recherche de la végétalisation des zones montagneuses.
- Combien y a-t-il prévu/eu de participants à des manifestations dans le cadre du projet (congrès, conférences, séminaires, tables rondes, ateliers etc.) ? (compter le nombre total cumulé depuis le début du projet; femmes/hommes)
Ces participants ont en effet collaboré et co-écrit une présentation lors d’un événement scientifique à Bucarest. Leurs noms sont Turtureanu P.D., Bayle A., Pop O.T., Pușcaș M., Holobâcă I., Alexe M., Balazs Z.R., Corona C., Nicoud B., et Choler P.