Journée internationale des droits des femmes : les femmes chercheures à l’honneur

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Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, l’AUF Océan Indien rend hommage aux femmes à travers les portraits de trois femmes de son réseau, passionnées et engagées qui nous parlent de leur métier, les défis auxquels font face les femmes dans l’enseignement supérieur et de la recherche et enfin elles nous délivrent un message inspirant pour les jeunes femmes qui aspirent au métier de chercheure.

  • Partagez-nous vos parcours et parlez-nous de votre métier

Claudine RATSIMBAZAFY « Ce métier me permet de rester éveillée et de pouvoir continuer à s’étonner de tout »

Une formation de base en économétrie puis en économie de l’innovation pour entretenir un esprit vagabond dans l’exercice du métier d’enseignante-chercheure : telle serait la trace de mon choix de carrière. C’est un cadre qui permet de rester éveillée et de pouvoir continuer à s’étonner de tout.

Après un doctorat en sciences de gestion, j’ai été parmi les initiateurs du BRAIN, laboratoire de recherche de l’INSCAE où j’officie depuis plus de 30 ans maintenant. L’expérience aidant, j’ai intégré le Comité du Réseau Entrepreneuriat de l’AUF.

Les activités d’un.e chercheur.e se déploient également au sein des comités scientifiques. J’ai ainsi été membre de plusieurs comités pour les colloques internationaux sur l’entrepreneuriat organisés par l’INSCAE (Antananarivo) ainsi que les Journées scientifiques de l’Entrepreneuriat de l’AUF (Cluj Napoca, Rouen, Antananarivo, Trois-Rivières). L’animation de plusieurs manifestations scientifiques à Hanoï, Sofia ou Nouakchott tout comme la participation à différentes rencontres scientifiques de haut niveau (ACFAS/Sherbrooke, AGRH/Poitiers, AEI/Toulouse, GEM/Séoul, Santiago, Miami) restent une source d’enrichissement pour l’exercice du métier.

Mes publications portent sur les thèmes de la gestion des ressources humaines, de la spiritualité et de l’entrepreneuriat.

 

Shivani GEORGIJEVIC « Je voulais faire une différence et la faire concrètement »

J’ai toujours su que je voulais étudier le droit sans pour autant viser l’enseignement universitaire et la recherche. Je ne savais pas, dès le départ, ce que je voulais faire concrètement mais je savais que je voulais faire une différence.

Lorsque je termine ma licence à l’Université de Maurice, je m’envole pour l’Angleterre afin de faire un Master en droit international et relations internationales à l’Université de Kent. Alors qu’il reste encore quelques semaines avant de terminer mes études, je réponds, sans grande conviction, à un appel d’offres pour un poste de lectrice en langues juridiques à l’Université de Bordeaux en France. Il s’agissait entre autres d’enseigner le droit anglais aux étudiants de droit en double cursus droit anglais – droit français. Au cours de la conversation téléphonique m’annonçant qu’on m’offre le poste, je demande même au professeur s’il est sûr de vouloir vraiment m’embaucher !

A la fin d’un contrat de deux ans à Bordeaux, je découvre que l’Université de Maurice recrute. Je décide donc de rentrer au pays pour tenter ma chance. Pourquoi faire là-bas ce que je peux faire dans mon pays ? Je voulais dire à ces étudiants assis à la même place où j’étais quelques années auparavant que tout était possible et que le fait d’être dans un petit pays lointain dans l’Océan Indien n’empêchait pas de rêver et d’atteindre ses objectifs, qu’ils soient à l’intérieur des frontières ou au-delà.

Le métier d’enseignante-chercheure est à la fois passionnant et prenant. Si on l’exerce avec tout son cœur, il vous prend. Toutefois, je ne regrette aucune des minutes consacrées à ce métier, que ce soit aux étudiants ou au travail de recherche. Parfois il m’a semblé infidèle, cruel même ! Mais il m’a fallu quelques années pour dissocier le métier des gens qui ne sont pas motivés par un sentiment de responsabilité minimale. Donc aujourd’hui, la seule attente que j’ai, c’est envers moi-même. Faire une différence et la faire concrètement ! Je reste néanmoins ouverte à de belles rencontres, parfois inattendues, que ce métier offre.

La flexibilité dans le métier est certainement un atout. Pouvoir choisir ses projets permet de s’épanouir tout en répondant aux besoins de l’institution dans laquelle on évolue.

 

 

Vidya Vencatesan

Je m’appelle Vidya Vencatesan. Je suis professeure à l’université de Mumbai où j’enseigne la littérature française et francophone. J’ai fait ma licence et ma maîtrise à l’université de Mumbai et  suis partie faire mon Master 2 et Doctorat à Paris 3. Je suis revenue diriger le département des études françaises d’abord à Elphinstone College, Mumbai, et ensuite à l’université de Mumbai même. Je suis une enseignante et chercheure passionnée. On n’habite pas un pays  mais une langue ; la langue et la culture française et francophone occupent une grande place dans ma vie.

 

 

  • Quels sont les défis auxquels font face les femmes chercheures ?

Claudine RATSIMBAZAFY

La recherche en gestion, avec le souci des implications managériales, bénéficie des incursions périodiques dans le monde des organisations. Et c’est là le défi majeur qui requiert une activité multicarte de chercheure et de praticienneau-delà de ce qui relève, en tant que femme plus particulièrement, de l’arbitrage entre vie professionnelle et vie privée. Même si les hommes peuvent contribuer d’une façon ou d’une autre, la société malgache reconnaît davantage aux femmes la charge des soins.

Shivani GEORGIJEVIC

Les défis, je pense qu’ils sont les mêmes partout. A mon avis, les femmes n’ont pas encore une place à part entière dans le contexte professionnel ni hélas dans le contexte privé. Si le droit et les institutions permettent aujourd’hui une égalité…dans une certaine mesure…je trouve que le plus grand défi est psychologique. Faire comprendre à une femme que si elle est ambitieuse, elle s’attend à trop ; si elle a une voix elle ne sait pas se taire ; si elle ne fait pas les mêmes choix que les autres, elle est égoïste ou dysfonctionnelle, c’est essayer d’atteindre la confiance de la femme. Mais attention ! Cela ne vient pas que des hommes. Les femmes aussi, malheureusement, projettent ce qu’on leur a toujours répété. Donc, nous voyons ici l’importance de l’éducation dans la société pour éviter ce type de comportement. Le changement de mentalité doit continuer, car le travail là-dessus n’est pas fini. Ce travail se fait avec les hommes et les femmes. D’ailleurs, les personnes qui m’ont le plus aidé dans ma carrière sont les hommes !

Vidya Vencatesan

La recherche n’est pas quelque chose qu’on peut faire seulement de 10h à 17h. Monter un projet, chercher des fonds, trouver des partenaires engagés est le parcours de tout chercheur. Mais un homme peut toujours revenir à la maison pour se reposer, pour se changer les idées. Pour une chercheure, la maison est un autre laboratoire, plein de chaleur humaine, un réseau délicat de relations, mais ce n’est pas du repos.

Je connais des chercheures qui vérifient le calendrier scolaire des enfants, les rendez-vous médicaux des seniors dans la famille avant de donner leur accord pour participer à un colloque international. Il y a une pression sociale douce pour que la chercheure cède, à contre cœur certes.  Elle raisonnera en mère, bru ou fille, femme et point en chercheure dont l’apport scientifique est vital.

  • Quels conseils avez-vous pour les jeunes femmes qui se prédestinent au métier de chercheure ?

Claudine RATSIMBAZAFY

Le métier de chercheure est un beau métier pour ce qu’il apporte au domaine de la connaissance, et, en ce qu’il contribue au développement de l’humanité. Mais quelle que soit la discipline, l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les activités de recherche relève aujourd’hui des fondamentaux. Et là, il semblerait que les femmes soient plus exposées à l’analphabétisme numérique. Il ne faudrait pas en faire un plafond de verre.

Shivani GEORGIJEVIC

Assumez-vous ! Prenez du plaisir dans ce métier car il est beau si on l’aime !

Cherchez cette jeune fille de 16 ans que vous étiez ? Que lui diriez-vous mais surtout que vous dirait-elle ?

Vidya Vencatesan

La recherche est un choix de vie. Nous sommes sur la quête de notre vérité ; nous ne la trouverons pas nécessairement. Mais nous continuerons à chercher et rechercher car le voyage est plus important que la destination. Pour épouser cette position idéologique il faudra choisir un domaine de recherche qui vous passionne, qui fait battre votre cœur un peu plus vite, qui occupe un coin de votre tête tout le temps.

On n’en est pas moins femme, moins fille, moins amie, moins mère parce qu’on est une chercheure passionnée. Au contraire, notre recherche nous permet de jouer nos rôles biologiques et sociaux encore mieux.

Date de publication : 08/03/2021

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