Des scientifiques québécois.e.s à la poursuite d’un dépistage rapide du COVID-19

Photo Denis Boudreau Univ.Laval
Denis Boudreau, professeur de chimie à l'Université Laval

Denis Boudreau, professeur de chimie à l’Université Laval et son équipe - Jean-François Masson et Joelle Pelletier, professeur.e.s de chimie à l’Université de Montréal - planchent sur une technologie permettant de détecter en quelques minutes seulement les anticorps du COVID-19 dans un échantillon sanguin, une opération qui prend actuellement plusieurs heures.

Issue d’une approche qui existe depuis une dizaine d’années déjà (l’analyse par résonance de plasmons de surface), la technologie mise de l’avant se distingue des tests diagnostiques utilisés actuellement qui permettent de détecter le virus lui-même. En effet, l’équipe de scientifiques s’attarde plutôt à la détection de l’immunité au virus.

 « On a évalué que les besoins actuels les plus importants étaient davantage au niveau du suivi de l’immunisation de groupe où la technologie est moins disponible, plutôt que dans la détection d’infections virales pour lesquelles la technologie est déjà disponible », explique Denis Boudreau.

L’objectif est de pallier cette insuffisance observée en proposant une technique qui soit rapide, sensible et quantitative. « Il fallait une technologie capable d’évaluer la quantité d’anticorps dans le sang. On a privilégié cette avenue-là, car c’est là où on a vu les plus grandes lacunes. C’est également là où on peut avoir un impact le plus rapidement possible » poursuit le professeur Boudreau.

La détection optique au centre du test

L’idée du nouveau test est relativement simple. Des capteurs moléculaires sont greffés à un film métallique très mince, au revêtement en or, qui est placé sur une plaque de verre. Grâce à un faisceau lumineux utilisé par le prototype, il est possible de détecter les anticorps capturés sur le film.

« Si de l’autre côté du film métallique, sur la plaque de verre, on fait couler un plasma sanguin dans lequel il y aurait des anticorps et qu’à la surface du film métallique on greffe des molécules complémentaires qui vont capturer l’anticorps, on va pouvoir détecter cette capture-là par un changement de couleur. »

« La surface sensible est une pièce de verre d’environ un centimètre carré, sur laquelle il y a le film métallique. Cette pièce vient s’insérer dans un lecteur gros comme une boîte à chaussure. Il suffit d’injecter l’échantillon sanguin dans l’appareil et la lecture se fait en quelques minutes. C’est portable et peut être déployé par exemple dans des cliniques médicales, des points d’échantillonnage et ainsi de suite » ajoute Denis Boudreau.

Cet effort collectif de lutte dans un contexte de crise apparaît comme inédit dans plusieurs domaines, dont le milieu de la recherche scientifique. « Ce qui me frappe le plus, c’est la solidarité et la mobilisation des chercheurs qui est très réelle. Tout le monde veut aider. Je reçois des courriels de professionnels de la santé qui offrent de l’aide gratuitement, parce qu’ils veulent absolument participer à l’effort », conclut M. Boudreau.

Démarré le 11 mars dernier, ce projet est rendu possible grâce à une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et à l’implication du partenaire industriel Affinité Instruments, une compagnie montréalaise. L’équipe espère avoir un outil fonctionnel au cours des quatre à six prochains mois afin d’aider au développement de plateformes vaccinales.

 

Date de publication : 09/04/2020

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