Albena Vassileva : nous formons des citoyens capables de participer à la vie de leur pays et du monde

Mme Vassileva
Albena Vassileva

Madame Albena Vassileva est professeure des universités et Directrice du Centre Francophone de l'Université de Sofia St Kliment Ohridski (Bulgarie). Elle fait partie du corps professoral de l'Etablissement Spécialisé de la Francophonie pour l’Administration et le Management (ESFAM) basé à Sofia dans lequel elle dispense des cours aux étudiants en Masters 2 en Langues (Français) et en Insertion professionnelle (Accompagnement projet professionnel). Nous l'avons rencontrée.

Madame Vassileva, qu’est-ce qui vous a emmené vers la langue française ? C’était un choix de cœur ?

 J’ai découvert la langue française grâce au choix de cœur  de mes parents qui avaient une passion pour le français, la littérature française, le cinéma français, les chansons françaises. Voici comment tout a commencé. A l’âge de 5 ans, je me suis retrouvée inscrite à l’Alliance Française à Sofia et ce sont mes débuts dans l’apprentissage du français. Je garde intacts les souvenirs de l’interaction avec mes premiers profs de français et avec mes camarades de classe. Je me souviens de nos rires, de nos jeux, des chansons, des poèmes, des leçons de ces profs francophiles natifs du bulgare qui faisaient admirablement  bien leur travail. Je me souviens de la joie que je développais au fur et à mesure que j’apprenais et que je découvrais le français à l’école, au lycée, par le canal des leçons particulières en supplément et par l’autoformation.  J’ai grandi avec le français. La lecture des œuvres dues à la plume d’écrivains français de valeur m’émerveillait et nourrissait mon esprit. Aujourd’hui encore j’ai l’envie de continuer à me passionner pour la langue de Voltaire.

Vous avez une longue expérience dans l’enseignement du français en Bulgarie. Racontez-nous votre parcours.

Stimulée par l’exemple de mes profs de français, j’ai pris conscience de ma vocation : l’enseignement. Après mes études en Lettres françaises au Département d’Etudes Romanes à la Faculté des Lettres Classiques et Modernes de l’Université de Sofia St. Kliment Ohridski et après mon doctorat en Sciences du Langage de cette université, je suis devenue enseignante (assistante, maître de conférences, professeure) au Département d’Etudes Romanes.  Mes activités d’enseignement au cours des années en Licence et en Master sont liées à des matières comme : Linguistique française ; Analyse du discours ; Techniques de communication professionnelle ; Savoir-vivre en affaires. Mes activités d’enseignement sont en connexion avec mes activités de recherche en Communication (orale et écrite, interpersonnelle, interculturelle, professionnelle) ; Didactique du français langue étrangère (FLE) et du français sur objectifs spécifiques (FOS) ; Didactique de l’interculturel ; Nouvelles technologies éducatives.

L’évolution de mes idées m’a fait découvrir une piste d’exploration et d’action liée à mes activités d’enseignement à l’Etablissement Spécialisé de la Francophonie pour l’Administration et le Management (ESFAM) à Sofia. Je fais partie du corps professoral international en assurant des cours aux étudiants en Masters 2 en Langues (Français) et en Insertion professionnelle (Accompagnement projet professionnel).

Qu’est-ce que vous apporte le métier d’enseigner le français et comment a évolué d’après vous la perception de cette langue au sein du milieu francophone ?

Dans mon esprit de Bulgare francisant francophone, le métier d’enseigner le français et d’enseigner en français m’apporte de nombreuses satisfactions d’ordre pédagogique, scientifique, culturel, pragmatique, relationnel… Je n’ai jamais voulu garder égoïstement pour moi-même les nombreux acquis issus de mes recherches sur le français et en français. Ce qui me tient à cœur, c’est que mon métier me permet de transférer mes acquis aux apprenants et de tirer profit de leur apport dans le cadre de notre interaction-collaboration porteuse d’enrichissements mutuels.

La perception de la langue française a évolué d’une vision culturelle qui reste valable et essentielle à une vision plus pragmatique. La langue française n’est pas que le vecteur de culture(s) ; elle est le vecteur de diversité linguistique et culturelle, de sciences, de valeurs liées au travail, à l’intégration sociale, à la citoyenneté…  La langue française est le vecteur de valeurs et d’expertises exceptionnelles.

Quel est le message que vous voulez transmettre aux jeunes professeur(e)s de français ?

Mes chères et chers jeunes collègues, personne ne vous impose ni ce métier ni cette langue. Sachez que vous avez opéré un choix spécial : être prof de français est une vocation-mission qui vous donnera des points de repère pour mieux sentir et mieux agir en faveur de valeurs humanistes qui créent la solidarité agissante et la vie en harmonie avec vous-même et avec les autres. Gardez votre motivation, votre esprit d’ouverture, votre regard critique et la chaleur du cœur !

Il semble que le français comme langue étrangère donne plus d’avantages qu’une autre langue et c’est notamment grâce à la Francophonie. Est-ce que vous partagez la même vision ?

Tout à fait. Grâce à la Francophonie, ceux et celles, venant d’horizons géographiques, professionnels, culturels variés, qui utilisent le français langue étrangère partagent le même espace et se trouvent sur la même longueur d’onde. Nos collègues, les profs et les étudiant(e)s, nos ami (e)s d’ici et d’ailleurs, vous et moi, nous ne parlons pas que le français, mais nous avons choisi le français comme un outil pour la réalisation de nos projets professionnels, pour l’intercompréhension et l’interaction, pour le transfert d’expertises variées, pour l’acquisition et l’échange de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être, de savoir-respecter les apports des autres, de savoir-valoriser nos propres apports et de savoir-vivre ensemble. Là, c’est notre atout de citoyen(ne)s et de professionnel(le)s.

Qu’est-ce que vous pensez du rôle de l’AUF pour la Bulgarie et la région d’Europe centrale et orientale (ECO) ?

La question se pose de savoir quelles motivations conduisent les universités bulgares et celles de la région d’Europe centrale et orientale à adhérer à l’AUF.  Une motivation me semble majeure :  l’excellente possibilité de participer aux activités d’une communauté universitaire solide mondialement présente et reconnue en partageant la langue française comme un instrument fédérateur.

Je pourrais vous donner une idée du rôle de l’AUF par un témoignage issu de mon expérience d’enseignante et de participante à l’action francophone. Dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Français de Bulgarie et avec l’AUF, l’Université de Sofia, membre de l’AUF, a mis en place un Centre francophone dans son bâtiment central, ce qui est dû aussi aux efforts conjoints de mes collaborateurs et collaboratrices, les enseignant(e)s et les étudiant(e)s du Département d’Etudes Romanes, participant(e)s à la conception et au développement du projet. Ce centre est devenu un outil efficace pour la promotion d’activités francophones (conférences, réunions, formations, séminaires, ateliers, évènements culturels, etc.) tant en présentiel qu’à distance. Des actions programmées impliquent le monde socioprofessionnel visant à l’amélioration des débouchés des départements de français par la professionnalisation et à la meilleure insertion professionnelle des étudiant(e)s francophones.

Le Centre francophone, que j’ai le privilège de diriger depuis 2018, agit de concert avec l’Antenne de Sofia – AUF et avec le dispositif de l’AUF pour les Départements de français en Europe centrale et orientale – le Centre de réussite universitaire (CRU).

L’un des acquis les plus durables et performants du rôle de l’AUF à l’échelle régionale et internationale est l’Etablissement Spécialisé de la Francophonie pour l’Administration et le Management (ESFAM) à Sofia – un pôle d’excellence académique à vocation régionale et internationale.

L’ESFAM et les universités bulgares, ainsi que celles de la région d’Europe centrale et orientale, membres de l’AUF, partagent la même volonté de ne pas perdre de vue que nous formons des êtres humains complets et des citoyens capables de participer à la vie de leur pays et du monde.

 

 

 

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Date de publication : 24/11/2020

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