Rencontre avec le Président de l’Université de Fianarantsoa : « Nous devons changer notre vision et notre perception de la formation en ligne, qui est devenue une obligation »

Président UF_1

A l’heure où le numérique occupe une place très importante, la crise du Covid-19 est révélatrice des inégalités d’accès au numérique. À la tête de l’Université de Fianarantsoa, Professeur Fontaine Rafamantanantsoa partage les principaux défis auxquels l’université a dû faire face et ses visions pour améliorer les méthodes pédagogiques à l’ère post-covid.

Monsieur le Président, quels dispositifs ont été entrepris en vue de la continuité des activités au sein de l’Université de Fianarantsoa ?

Dès le début de la pandémie, le Conseil de Direction de l’Université de Fianarantsoa a pris des décisions portant sur la continuité des activités en son sein tant sur le plan administratif que pédagogique.

– Sur le plan pédagogique, des dispositifs d’enseignement en ligne sont mis en place afin que les cours, les examens et les soutenances de mémoire puissent continuer malgré les désordres liés à la pandémie grâce à l’usage de la plateforme Moodle . Par ailleurs, le Conseil de Direction de l’Université de Fianarantsoa, enseignants et étudiants utilisent les plateformes de réunions et conférences à distance ainsi que les réseaux sociaux pour rester en contact. Le taux de présence en ligne des étudiants peut aller jusqu’à 90% lors de nos conférences en ligne.

– Sur le plan administratif, malgré le service minimum, le recours au télétravail a été inéluctable. Les membres du Conseil de Direction de l’Université de Fianarantsoa ont été formés sur l’utilisation des divers outils collaboratifs. Même les outils pour la signature numérique des documents administratifs ont été utilisés pour permettre aux doyens et directeurs d’assurer leurs responsabilités, malgré le confinement.

Pour les inscriptions en cours, une plateforme de paiement en ligne des frais d’inscriptions a été mise en place grâce à notre partenariat avec Orange Madagascar.

 

Quels ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées ?

Sous le poids de la fracture numérique, certains étudiants rentrés chez leurs parents sont isolés dans des zones enclavées sans accès internet, et n’ont pas accès aux réseaux sociaux

En effet, par rapport à l’usage des outils collaboratifs et à distance, l’accès à la connexion internet n’est pas complètement généralisé puisqu’environ 15% des étudiants ont de la difficulté à se connecter quotidiennement. Mais il est probable qu’ils peuvent s’échanger de cours et de documents avec les 85% des étudiants qui peuvent accéder à la connexion internet. Ceux qui ont l’avantage d’avoir les cours et les documents partagés en ligne par les enseignants pourront les partager avec ces derniers.

 

Vu la fracture numérique, quels sont les impacts de cette pandémie dans l’enseignement supérieur ?

Cette pandémie a remis en cause notre système d’enseignement, l’apprentissage surtout nos pratiques pédagogiques. La suspension des activités pédagogiques (cours, examens, soutenances), suite à la fermeture « physique » des universités pour une durée indéterminée bouleverse le calendrier universitaire.

Cet impact négatif touche surtout les formations classiques – en mode présentiel, contrairement aux formations en ligne et/ou hybrides qui n’ont pas subi d’interruption.  Les formations en ligne et les formations hybrides sont ainsi avantageuses et donc à soutenir et à encourager.

Cette pandémie nous a donc obligés de changer notre vision et notre perception de la formation en ligne, qui est devenue une obligation, et l’unique issue pour débloquer la situation dans les universités.

Le numérique est indispensable tant sur le plan pédagogique qu’administratif.  Des mesures d’accompagnement devraient être apportées pour favoriser l’accès des étudiants à l’internet dans leurs localités respectives.

En bref, la pandémie sous certains angles a offert des opportunités et a ouvert d’autres options pour enseigner et apprendre autrement. De fait, ce phénomène a fait pivoter la disgrâce en situation avantageuse, du fait que l’usage de la technologie n’est plus une option mais une nécessité qui amène tout le monde au rythme de la mondialisation et de l’ère de la technologie.

Date de publication : 07/05/2020

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