Le Prix Louis d'Hainaut 2015 de la meilleure thèse en technologie éducative a été remis à Faouzia Messaoudi (Maroc), le 3 juin, à Agadir, en parallèle du colloque « Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain » (EIAH). Pour ce prix porté par l'Université de Mons (Belgique), en collaboration avec l’Agence universitaire de la Francophonie à travers son Institut de la Francophonie pour l’ingénierie de la connaissance et la formation à distance une mention est également accordé à un candidat. Pour cette édition, le jury a accordé sa mention à Mahdi Miled (Tunisie) qui a reçu une mention du jury pour sa thèse sur les Ressources et parcours pour l’apprentissage du langage Python. Il nous raconte sa passion pour le domaine des TICE.
Bureau Maghreb – Quel a été votre parcours d’études ?
Mahdi Miled – Je suis titulaire d’un Master 2 mention Informatique spécialité Réseaux et Télécoms délivré par l’Université Pierre et Marie Curie Paris VI et co-habilité par Télécom ParisTech.
J’ai complété cette formation par un autre Master 2 en Management des Connaissances sur l’Ingénierie de la Formation en Ligne toujours de la même université. J’ai entamé ensuite une thèse en cotutelle entre l’ENSI (École Nationale des Sciences de l’Informatique) de Tunis et l’ENS de Cachan. M’impliquer dans les thématiques sur les TICE et contribuer à leur émergence est une priorité pour ma part que ce soit dans la recherche ou dans mes activités d’enseignement et de formation.
BM – Qu’est-ce qui vous a poussé à vous spécialiser dans le domaine des TICE ?
MM –Même si mon parcours initial a été plutôt technique, j’ai toujours été passionné et fasciné par les questions d’apprentissage à l’aide des technologies. Je pense que l’informatique doit être au service des sciences humaines et sociales et réciproquement. J’ai la chance de faire partie d’une génération qui a été très tôt familiarisée avec les technologies et je suis convaincu qu’elles auront un rôle prépondérant dans l’amélioration de la qualité des apprentissages.
BM – Votre thèse « Ressources et parcours pour l’apprentissage du langage Python : aide à la navigation individualisée dans un hypermédia épistémique à partir de traces » vient de recevoir la mention Très honorable du jury du concours « Prix Louis d’Hainaut ». Pouvez-vous nous en résumer le contenu et nous expliquer la portée de vos conclusions ?
MM – Pour simplifier, nous étudions comment aider l’utilisateur dans la phase de résolution de problèmes de programmation avec le langage Python. Pour cela, l’usager doit exécuter une suite d’instructions appelée « code ». Nous proposons de lui expliquer les concepts nécessaires à chaque problème et surtout lui rendre compte des notions qu’il est censé maîtriser en fonction des solutions adoptées. Nous employons par ailleurs des techniques interactives et dynamiques de navigation à travers une carte de concepts.
Les travaux de notre thèse ont donc pour objectif de fournir des moyens d’assistance à l’apprenant pour favoriser un apprentissage et un suivi différenciés.
L’intérêt du principe de différenciation en pédagogie et en didactique n’est plus à démontrer. Il se concrétise ici d’un point de vue technologique. Ces principes peuvent être appliqués à l’apprentissage dans d’autres langages de programmation voire dans d’autres disciplines.
BM – Vous avez effectué votre parcours universitaire dans les TICE. Selon vous, quelle place est accordée aux TICE dans l’enseignement en Tunisie et quelles sont les débouchés que vous envisagez pour ces outils ?
MM – La Tunisie a toujours accordé de l’importance aux Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation. Des structures comme le CNTE (Centre National des Technologies en Éducation) dans l’enseignement primaire et secondaire et l’UVT (Université Virtuelle de Tunis) dans l’enseignement supérieur ont été créées à cet effet. Néanmoins, des efforts sont encore nécessaires pour favoriser leur « intégration » et leur exploitation effective. Les TICE ne doivent pas être considérées comme un élément isolé, elles sont forcément dépendantes du contexte et du milieu. Je ne considère pas les TICE comme de simples outils ; je pense que cela va au-delà, c’est une autre manière de (re)penser les pratiques enseignantes, les manières d’apprendre et de redéfinir les modalités pédagogiques et didactiques pour espérer améliorer in fine l’efficacité de l’apprentissage.
Faouzia Messaoudia avait été interviewée l’an passée par le Bureau Maghreb de l’Agence universitaire de la Francophonie dans le cadre de l’édition 2014 du Prix Louis D’Hainaut : www.auf.org/actualites/faouzia-messaoudi-recoit-une-nomination-pour-sa-th/