Ce projet, piloté par Hamid Bouabid, professeur de l'université Mohammed V de Rabat (Faculté des Sciences), a été soutenu par l'AUF au Maghreb sur la période 2014-2016. Il contribue à apporter des réponses aux questions liées à la coopération scientifique au Maghreb. Les résultats issus de ce projet, qui sont résumés ci-après, ainsi que les cartes produites suite aux enquêtes, devront contribuer à améliorer la gouvernance et la qualité des universités en termes de collaboration et coopération scientifiques.
Le projet, financé par l’Agence universitaire de la Francophonie – Bureau Maghreb, s’intitule : Cartographie de la coopération scientifique des pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Il comprend :
- Partie 1 : Enquête auprès des chercheurs maghrébins sur les déterminants de leurs coopération
- Partie 2 : Construction des matrices d’intra-collaboration de structures de recherche au Maroc
- Partie 3 : Maîtrise et programmation numérique des indices de similarité et de proximité, indispensables à la construction et la visualisation des réseaux de coopération
- Partie 4 : Cartographie de la coopération scientifique internationale de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie dans les espaces : méditerranéen, francophone et arabe
- Partie 5 : Enquête auprès de chercheurs étrangers sur les opportunités et des freins d’une coopération avec leurs pairs du Maghreb
PRINCIPAUX RESULTATS
Partie 1 : enquête auprès des chercheurs maghrébins sur les déterminants de leurs coopération
Il ressort de cette enquête que :
- 57 % des répondants préfèrent collaborer avec les membres de leur laboratoire ou groupe de recherche. Ainsi, les chercheurs maghrébins sont moins cosmopolites comme constaté par des travaux de recherche à travers le monde,
- l’Europe constitue le premier partenaire (avec une moyenne de 70 %),
- La collaboration scientifique se fait sur la base des contacts personnels (78 % au Maroc, 64 % en Algérie et 69 % en Tunisie),
- Les accords et les conventions de coopération formels au Maghreb ne sont pas de véritables outils pour développer la collaboration (voir figure).
Partie 2 : construction des matrices d’intra-collaboration de structures de recherche au Maroc
Cette partie permet de quantifier le regroupement des chercheurs au sein des structures de recherche dans quatre universités marocaines (Facultés des Sciences) : Ibn Tofaïl, Mohammed I, Moulay Ismail et Mohammed V de Rabat. Le regroupement est apprécié à travers l’indice de regroupement qui désigne la somme des nombres de chercheurs par structures ramenée au nombre total de structures. Cette partie présente et analyse également les matrices d’intra-collaboration scientifique de plus de 100 structures de recherche, regroupant près de 1100 chercheurs. On présente ici seulement l’analyse de la collaboration.
Les principaux constats sur l’intra-collaboration sont :
- La structuration entamée en 2004-2005 semble plutôt « arithmétique » et pas encore « collective »,
- L’intra-collaboration est très faible entre les chercheurs de la même structure et diminue avec le nombre de chercheurs de la structure (voir figure ci-dessous).
Partie 4 : Cartographie de la coopération scientifique internationale de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie dans les espaces : méditerranéen, francophone et arabe
Dans cette partie, les cartes de la collaboration scientifique des pays du Maghreb sont produites pour deux périodes 2000-2002 et 2010-2012. On présente ici juste les cartes pour le monde francophone (pays ayant le statut de titulaire de l’AUF1).
- la carte montre l’existence dans la voûte céleste francophone de deux grandes constellations distinctes. La première plus dense et la seconde moins dense et dispersée,
- la constellation dense est centrée autour des étoiles (pays) ayant un revenu élevé selon la classification de la Banque Mondiale,
- la seconde constellation est composée exclusivement d’étoiles d’Afrique, dont le revenu est faible à intermédiaire,
- les deux cartes montrent que la voûte céleste francophone n’a pas sensiblement changé entre 2000-2002 et 2010-2012,
- pour les deux périodes, la France, la Belgique, la Suisse et le Canada demeurent au côté des Etats-Unis les étoiles centrales de la constellation dense,
- les pays « francophones » européens ont nettement amélioré leur proximité et surtout avec d’autres nouveaux pays tels que la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, en raison essentiellement aux programmes cadres de R&D (PCRD) ouverts à ces pays,
- entre les deux périodes les principales étoiles montantes sont la Chine, l’Inde, l’Iran et la Turquie,
- les étoiles « Tunisie » et « Algérie » ont nettement amélioré leur proximité vis-à-vis des grandes étoiles de la constellation dense, contrairement au Maroc,
- les collaborations scientifiques intramuros des trois pays du Maghreb sont très faibles malgré la proximité géographique et le partage de la même langue (le français) dans l’enseignement et la recherche,
- la seconde constellation est restée composée exclusivement d’étoiles d’Afrique, plus dense mais toujours distincte de la première constellation, qui serait boostée par le CAMES et la CEDEAO).
1 Annuaire des Institutions, 2012, Membres titulaires et associés de l’Agence universitaire de la Francophonie
La collaboration scientifique (co-publications dans Wos) des pays titulaires de l’AUF durant la période 2000-2002
La taille du cercle dénote la taille de la production scientifique, l’épaisseur du lien entre deux entités dénote l’intensité de la collaboration (co-publications) et la distance entre elles dénote la proximité respective dans le cluster global
La collaboration scientifique (co-publications dans WoS) des pays titulaires de l’AUF durant la période 2010-2012
La taille du cercle dénote la taille de la production scientifique, l’épaisseur du lien entre deux entités dénote l’intensité de la collaboration (co-publications) et la distance entre elles dénote la proximité respective dans le cluster global
Établissements partenaires du projet : Université Mohammed V de Rabat, Université Frères Mentouri de Constantine en Algérie, Université de Montréal à Canada, Université Anglia Ruskin à Cambridge et Université Tunis El Manar.