Congolais (République démocratique du Congo), Pascal Kapagama est sociologue, diplômé de l’Université Laval à Québec City au Canada. Il a bénéficié d'une bourse d'études doctorales en 2002 et plus tard d'un soutien aux manifestations scientifiques.
- Vous avez de fait bénéficié d’un soutien de l’AUF, parlez-nous en.
Effectivement, j’ai été retenu comme boursier de l’AUF pour trois ans afin d’entreprendre mes études de doctorat à partir du trimestre d’automne 2002 à l’Université Laval à Québec. C’était une fierté pour moi d’autant plus que j’étais le premier boursier de l’AUF de la RD Congo, retenu pour des études dans une université étrangère, après une trève de plus de 10 ans dans la coopération entre l’AUF et les universités congolaises.
Les bourses de l’AUF étant sélectives sur le plan qualitatif du dossier du candidat, je me sentais investi de la mission de ne décevoir personne dans la mise en oeuvre du programme que j’entamais, à commencer par l’engagement de retourner dans mon pays après mes études. Ma bourse était assortie de voyages permanents à l’été pour réaliser les travaux de terrain, ainsi que de deux voyages pour mes encadreurs: le promoteur québécois pour participer à une des phases de mon terrain et le co-promoteur congolais pour participer au jury d’évaluation de la thèse. (…)
- Quel impact significatif cette allocation a-t-elle eu dans votre formation ?
Premièrement, elle m’a permis d’obtenir mon doctorat dans la plus grande université francophone d’Amérique du Nord. Deuxièmement, elle m’a permis d’expérimenter un nouvel environnement académique et de recherche. Troisièmement, elle m’a permis de m’habituer aux structures de l’AUF que je commençais à fréquenter régulièrement aussi bien à Kinshasa (Campus numérique francophone) ou à Montréal (siège). J’ai également pu améliorer mes performances dans l’enseignement et la recherche. Enfin, cette allocation m’a permis d’intégrer différents réseaux de chercheurs.
- Quel lien pouvez-vous établir entre ce soutien de l’Agence et votre statut professionnel et social actuel ?
Durant mes études de 2002 à 2006, j’ai assuré le secrétariat permanent du Réseau démographique de l’AUF dont la coordination tournante était assumée par mon promoteur de l’ULaval, Richard Marcoux. Ce dernier est actuellement le coordonnateur de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF), toujours implanté à l’Université Laval, et dont je suis l’un des chercheurs. J’assure dans ce cadre la supervision scientifique du projet de consolidation de la base des données du recensement de 1984 en RDC.
Il s’agit d’un projet mettant en partenariat l’ODSEF/ULaval, l’Institut national des statistiques (INS), l’UNFPA-RDC et l’Université de Kinshasa. Notez que l’ODSEF compte également l’AUF parmi ses partenaires techniques et financiers. Ce projet fait partie du vaste projet de l’ODSEF qui porte sur la Conservation des données des recensements africains comme patrimoine de la mémoire, et dont le tout premier atelier de numérisation avait été implanté à Bamako au Mali.
Tel que je m’étais engagé lors de l’attribution de ma bourse, après mes études en 2006, je suis retourné dans mon pays où j’ai pris mes fonctions de professeur au Département de sociologie de la Faculté des sciences sociales, administratives et politiques de l’Université de Kinshasa, mon université d’attache. J’y ai exercé différentes responsabilités dans la coopération internationale universitaire et la coordination des projets de recherche et d’appui à des doctorants en alternance de séjours entre l’Université de Kinshasa et des universités francophones belges.
Ma prestation durant mon doctorat a été appréciée par le Département de sociologie de l’Université Laval qui n’a pas hésité de me confier des charges horaires saisonnières comme Professeur invité. Ainsi depuis la fin de mes études à l’ULaval en 2006, j’y retourne régulièrement chaque année pour des conférences, des enseignements et d’autres activités de recherche.
Mon séjour doctoral à l’ULaval m’avait interpellé sur l’avenir de nos universités africaines francophones et particulièrement celles de mon pays. C’est à partir de cette interpellation que je me suis engagé dans mes réflexions sur la réforme aux trois cycles connu sous l’appellation LMD. Ayant pris l’initiative d’organiser un colloque international sur le LMD et la gouvernance universitaire en juin 2011 avec le concours du ministère de l’enseignement supérieur de la RDC, où j’étais chargé de réfléchir sur ladite réforme, l’AUF m’avait encore accordé un appui pour contribuer au financement de cette activité scientifique et la publication de l’ouvrage qui en avait découlé « L’Université en chantier en RDCongo » (2012).
Je poursuis ces réflexions en vue de contribuer à ladite réforme dans le secteur éducatif supérieur de mon pays dont plusieurs établissements recourent à mon expertise sur la question pour soit une conférence ou un atelier. Mons intérêt pour cette réforme aux trois cycles (LMD) m’a conduit à effectuer des voyages d’échange d’expérience sur le LMD dans différentes universités en Afrique occidentale, en Afrique du Nord et en Europe, sans compter bien sûr le Canada.(…)