En novembre dernier, Viviane Kotoutou et Sandra Ranaivomanana se sont hissées sur le podium de la grande finale internationale du concours Ma Thèse en 180 secondes (MT180), remportant respectivement les 2e et 3e prix du jury. Un beau couronnement pour ces deux doctorantes qui caressent l’espoir de faire bouger les lignes dans leur pays grâce à leurs travaux de recherche. Interviews croisées.
Elles ont partagé la scène de la finale internationale du concours Ma Thèse en 180 secondes, où elles ont toutes deux brillamment représenté l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Viviane Kotoutou, doctorante en biochimie à l’Université de Lomé (Togo), et Sandra Ranaivomanana, doctorante en sciences marines et halieutique à l’Université de Toliara (Madagascar), incarnent une nouvelle génération de chercheuses africaines déterminées à mettre la science au service du développement de leur pays.
Vous êtes toutes les deux en dernière année de thèse. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos sujets de recherche et sur l’impact que vous en espérez au sein de votre pays ?
Viviane Kotoutou travaille sur une plante aux pouvoirs étonnants, l’Ageratum conyzoides.
En médecine moderne, les antibiotiques et antiseptiques sont utilisés dans le traitement des plaies, surtout celles infectées ; mais la résistance bactérienne aux antibiotique observée de nos jours, nous pousse, nous chercheurs, vers les matériaux d’origine végétale. C’est ce qui m’a conduite à étudier l’Ageratum conyzoides, traditionnellement employée comme un antibiotique au Togo et en Afrique de l’Ouest.
L’objectif est de développer une pommade à base de l’extrait de cette plante capable d’éliminer les bactéries à la surface des plaies et de pallier le problème de résistance des souches bactériennes aux antibiotiques.
Sandra Ranaivomanana étudie la petite pêche côtière à Madagascar. Mais son sujet va bien plus loin que les filets et les poissons.
Ma recherche porte sur les interactions entre la petite pêche côtière et les facteurs socio-écologiques. Ceux-ci influencent en effet la dynamique spatiale et temporelle des pêcheries récifales [pêche pratiquée dans les récifs coralliens] à Madagascar. Cette recherche couvre des thématiques allant de l’écologie à l’halieutique, en s’appuyant sur des données relatives aux habitats marins, aux communautés de poissons récifaux (principales cibles des pêcheurs) et aux pratiques de pêche. Mieux comprendre ces dynamiques, c’est la clé pour protéger les ressources tout en soutenant les communautés qui en dépendent.
À travers mes travaux, j’espère contribuer à une meilleure gestion des ressources marines à Madagascar (guider la création d’aires marines protégées, renforcer la résilience des écosystèmes marins tout en garantissant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des communautés côtières).
Qu’est-ce qui vous a poussées à vous pencher sur ce sujet ?
Viviane
C’est l’utilisation traditionnelle de cette plante et son efficacité surprenante qui m’ont incitée à choisir ce sujet ! L’idée était d’améliorer les conditions de son utilisation, de limiter les risques de contamination ou de toxicité liés à son utilisation puis de la rendre disponible et accessible au monde entier.
Sandra
De mon côté, c’est l’importance cruciale des écosystèmes marins pour la biodiversité et l’économie locale qui m’ont conduite à me passionner pour ce sujet ! Je suis particulièrement sensible à la manière dont les communautés dépendent de ces ressources pour leur subsistance, et je souhaite contribuer à un modèle de gestion qui profite à la fois à l’environnement et aux populations.
Des parcours engagés, au service du collectif
Au-delà de leurs travaux scientifiques, Viviane et Sandra ont eu à cœur de transmettre leur savoir en s’engageant toutes deux dans le monde associatif.
Viviane est membre active au sein de l’Association des Biologistes Médicaux du Togo où elle œuvre pour la formation et la recherche.
Quant à Sandra, elle s’implique au sein de l’association de jeunes chercheurs « YSO-Madagascar » (Young reSearchers Of Madagascar). Elle est également animatrice scientifique dans une association de restauration des écosystèmes marins.
« C’est une manière pour moi de transmettre mes connaissances, sensibiliser les jeunes générations à l’importance de la conservation des écosystèmes marins et de contribuer concrètement à leur restauration. »
Visionnez les prestations de Viviane et de Sandra à la 10e finale internationale de MT180 :
Sandra
Viviane