Covid-19 : « Nous devons réajuster voire réinventer nos méthodes pédagogiques »

AO
Alain Ondoua est professeur titulaire des universités, agrégé de droit. Il a été Directeur régional de l’AUF en Afrique centrale et Grands lacs entre 2010 et 2018. Il occupe depuis septembre 2019, le poste de Doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé 2.

Nous vivons actuellement une crise sanitaire à l’échelle mondiale qui a notamment conduit à l’interruption des cours dans la majorité des établissements d’enseignement supérieur. Comment les responsables universitaires vivent-ils l’impact de cette pandémie du covid-19 sur le fonctionnement de leurs établissements ? Quelles sont les difficultés et les problèmes émergents auxquels ils doivent faire face ? Quelle est leur stratégie pour assurer au mieux la continuité pédagogique ? Alain Ondoua, Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé 2 (Cameroun), nous parle de son expérience.

Bonjour professeur. Quel est votre vécu par rapport à l’impact de la pandémie sur le fonctionnement de la FSJP ?

Faisant suite aux mesures prescrites par les plus hautes autorités de notre pays, en l’occurrence le Président de la République et le Gouvernement, le Recteur de l’Université de Yaoundé 2 a émis une circulaire le 28 mars dernier afin de prescrire un certain nombre de mesures (sanitaires, pédagogiques et administratives) visant à faire face à la pandémie du Covid-19.

Les cours ainsi que toutes les autres prestations académiques et scientifiques (soutenances de thèses et de mémoires, colloques et autres journées d’études) ont été suspendus. Le doyen, à l’instar des autres chefs d’établissements de notre institution universitaire, est chargé de mettre en œuvre ces mesures au sein de la Faculté, en conciliant strictement sécurité sanitaire des personnels de permanence ainsi que des usagers et nécessaire continuité de l’administration universitaire.

Quelles sont les difficultés et les problèmes émergents auxquels est confronté votre établissement dans ce contexte inhabituel ?

Nous sommes en contexte d’urgence sanitaire. Nous devons donc principalement réfléchir au réajustement de notre calendrier universitaire, et faire preuve d’imagination dans l’élaboration et la mise en place des mesures ayant pour objectif d’assurer la continuité des activités pédagogiques.

Comme la plupart des établissements universitaires, la FSJP qui est par ailleurs l’établissement universitaire le plus peuplé du Cameroun, a certainement mis sur pied un plan d’action visant à assurer la continuité pédagogique auprès de vos étudiants. Quelles en sont les grandes lignes et les actions concrètes à ce jour ?

Au sein de notre université, et dans le prolongement des prescriptions de notre ministère de tutelle, le recteur a mis en place plusieurs mesures et actions concrètes visant à assurer la continuité des enseignements. A ce titre, une plateforme dédiée a été rendue fonctionnelle, au sein de laquelle sont mis en ligne – selon une programmation prédéfinie – les contenus pédagogiques des enseignants (plan détaillé et bibliographie, support de cours). Cette mesure concerne nos trois campus : le campus principal de Soa et les deux campus annexes de Bertoua et d’Ebolowa.

De façon complémentaire, les enseignants dispensant notamment les enseignements en première et deuxième années de Licence vont progressivement enregistrer leurs cours auprès de Radio Campus (outil d’information de l’université et logé à l’ESSTIC). La diffusion de ces enseignements, à l’intention de nos étudiants, est assurée depuis le lundi 13 avril 2020.

Un mot pour conclure ?

La présente crise sanitaire nous conduit résolument à réajuster voire à réinventer nos méthodes pédagogiques. Nous devons en effet nous mettre au numérique éducatif, non pas seulement pour éviter une « année blanche » mais également et surtout pour faire face à la massification des nos effectifs (notre faculté compte par exemple à ce jour un peu moins de 20 000 étudiants dans nos filières classiques de Licence 1ère année au Master 1ère année). Pour ce faire, en sus des solutions d’urgence, nous comptons notamment sur l’expertise de l’AUF-IFIC, afin d’initier et/ou de renforcer les capacités de nos enseignants à la mise en ligne de contenus comme à la formation ouverte et à distance.

 

Date de publication : 16/04/2020

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